OS Charolais France
La réussite collective comme crédo pour l'OS Charolais France

Marc Labille
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Début 2020, Charolais France était le maître d’œuvre de la charolaise à l’honneur au salon de l’agriculture. Réussi en tous points, cet évènement a été le symbole du nouveau départ de l’OS historique. Une structure « collégiale et ouverte » qui veut aller de l’avant dans l’union.

La réussite collective comme crédo pour l'OS Charolais France
L’Institut Charolais et Charolais France ont en commun de fédérer tous les acteurs de la race.

Charolais France et l’Institut Charolais ont fait assemblées générales communes le 8 juillet dernier à Charolles. Toutes deux au service de la race, les deux structures ont en commun de fédérer tous les acteurs de la charolaise d’où ces assemblées conjointes. L’association Institut Charolais et l’OS Charolais France partagent en effet cette volonté de préserver l’unité de la race. Une nécessité qui a été mise à rude épreuve ces dernières années avec l’application douloureuse du nouveau règlement zootechnique européen.  

Pour Charolais France, cela s’est traduit notamment par un élargissement des missions qui lui incombent (orientation du programme d’amélioration génétique, ingénierie spécifique de la morphologie raciale, tenue du livre généalogique déléguée au Herd-Book depuis 2006, promotion et représentation de la race, recherche…). Parmi les nouvelles missions figure notamment la certification de parenté (déléguée aux EDE), la collecte de données (déléguée à FCEL), l’évaluation génétique (déléguée à GenEval) et la publication des index. 

Restructuration de l’OS

L’OS s’est restructurée « autour d’un projet de filière », sous la forme d’une « structure partenariale, collégiale et ouverte », avec une « nouvelle gouvernance en deux pôles » : développement (ensemble des entreprises de sélection) et valorisation (ensemble des acteurs et partenaires de l’OS), rappelait la directrice Florence Marquis. 

2020 a été la poursuite de cette restructuration. 

En matière d’orientation de la race, l’OS a pu tirer les enseignements d’une étude Normabev montrant la « diversité génétique liée aux territoires et aux marchés ». Elle a poursuivi « l’adaptation des outils aux besoins de la filière ». Au chapitre recherche et développement, Charolais France supervise un programme consacré à la tendreté de la viande. Elle planche également sur la gestion des gènes d’intérêt comme l’Ataxie (maladie neurodégénérative chez le bovin). 

Activité génétique

Au niveau du livre généalogique, 2020 confirme une stabilité des certifications mâles et ce malgré le Covid qui a entraîné l'annulation des manifestations charolaises. Un rebond est observé dans les certifications femelles avec 33.000 femelles certifiées. Les qualifications femelles sont en hausse et celles des mâles stables. Au niveau de l’activité bovins croissance, le « photo-pointage » est à l’étude pour une modernisation du contrôle. Dans l’activité des organismes de bovins croissance, la charolaise représente 31% des élevages et 35% des animaux suivis.

Les neuf stations d’évaluation charolaises font partie intégrante du programme de sélection de Charolais France. En 2020, 554 taureaux sont entrés en station en provenance de 273 élevages. 76% des 546 jeunes reproducteurs évalués ont été qualifiés RJR.

Indexation mutualisée…

Dans ce grand chantier très complexe, Charolais France peut se satisfaire d’avoir su « mutualiser l’indexation », se félicitait le président Hugues Pichard. Un acquis très important pour les éleveurs car, grâce au travail de l’OS, le coût de cette indexation est équitablement partagé. Autre avancée importante dans l’avenir pour la race, « la filière a pris une place prépondérante dans l’OS », se félicitait Hugues Pichard. Enfin, le président évoquait l’évolution du livre généalogique de la race. « En génétique, notre système de recueil de données, de contrôle de performances et d’indexation a fait ses preuves, mais nous avons perdu du monde sur le bord de la route. La génomique est désormais une technique contemporaine et nous devons nous l’approprier. Avec le Herd-Book Charolais, nous avons décidé d’ouvrir notre livre généalogique en intégrant ces évolutions technologiques ».

Idéale : des retombées par millions !

En 2020, la charolaise était l’invitée d’honneur du Salon de l’agriculture et cet évènement exceptionnel synthétise tout ce que l’on pouvait espérer en termes de promotion de la race. Car ce fut une totale réussite pour les défenseurs de la charolaise. Un succès dont on n’a pas eu le loisir d’en mesurer toutes les retombées tant le Covid a écrasé l’actualité. Pourtant, l’écho provoqué par la charolaise à Paris fut énorme : 480.000 visiteurs, 8.500 retombées presse, web, radio et TV, 61 délégations internationales, 4,5 millions de personnes touchées sur les réseaux sociaux ! Idéale, la charolaise égérie du salon a suscité à elle seule 419 retombées presse et elle a touché plus de 900.000 personnes via la communication digitale (hashtags, Twitter, Facebook…).

Un bel exemple de co-construction

Pour Charolais France, cette charolaise à l’honneur a la saveur d’une victoire après plusieurs années de turbulences et de réformes courageuses. Après s’être battue pour éviter la division, l’OS historique pouvait être fière d’avoir su mobiliser autour d’elle tous les partenaires, acteurs, bénévoles impliqués dans cette belle aventure : régions, départements, Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire…, mais aussi les acteurs de la filière, bouchers, etc… Ainsi, le Bœuf de Charolles AOP et le Charolais Label Rouge ont été des partenaires précieux pour faire déguster et vendre de la viande au salon. Sans oublier l’intervention de grands chefs et d’ambassadrices médiatiques… Pour Hugues Pichard, cet évènement a été une façon de « co-construire l’avenir de la race », en donnant « une nouvelle image de la charolaise ». 

Institut Charolais : l’innovation continue et les volumes progressent encore

En 2020, le Covid a suspendu la plupart des actions de communication/promotion impliquant l’Institut Charolais. Seul un jeu interactif a pu être expérimenté pour la première fois sur la foire économique d’Autun. Mais la promotion de la viande charolaise a été privée des opérations porteuses que sont le Made In Viande et le Festival du Bœuf. Cette perturbation n’a pas empêché l’association de poursuivre l’innovation. Elle a continué d’enrichir son catalogue d’une quarantaine de recettes de produits transformés. Aux côtés des recettes à base de bœuf ou d’agneau, figurent désormais aussi des recettes avec de la viande de chevreau. Des essais ont été menés sur des produits à base de volaille, des rillettes de bœuf sans porc ou pur porc… La plateforme technologique s’est également ouverte aux légumes avec la création d’un ketchup charolais parfumé au foin !

S’il a durement impacté la communication, le Covid n’a pas remis en cause la progression des volumes de production à façon réalisés par l’Institut. Le chiffre d’affaires de cette activité phare progresse encore de + 9% en 2020, malgré les restrictions. 90 producteurs ont fait appel à l’Institut Charolais pour leur transformation en 2020. Ils seront au moins 110 en 2021. Cette activité représente plus de 50.000 verrines produites en 2020 et l’on devrait atteindre 70.000 sur 2021, annonçait le directeur Frédéric Paperin. 

A qui profitent les données agricoles ?

Pour leurs assemblées générales communes, Charolais France et l’Institut Charolais avaient invité Gaëlle Chéruy-Pottiau d’Agdatahub. Cette société, qui compte parmi ses actionnaires les instituts techniques agricoles, des coopératives, des OPA et des éditeurs de logiciels, accompagne le secteur agricole à la transition numérique. L’intervenante s’est attachée à sensibiliser son public à l’importance des données agricoles. Cette infinité de chiffres, mesures, infos qui émanent de chaque exploitation agricole est devenue aujourd’hui une véritable mine d’or. Ce sont toutes les données qui sont captées au sein d’un robot de traite, ou bien toutes celles qui sont extraites par les concessionnaires d’un tracteur en usage… Des données qui, vues de la cour de ferme semblent assez insignifiantes mais qui pour les entreprises du numérique agricole représentent un marché fort juteux. 23 milliards de dollars pour le marché du « smart farming », annonçait Gaëlle Chéruy-Pottiau d’Agdatahub qui évoquait la perspective de 1 million de données collectées par jour dans les exploitations agricoles ! Ces données peuvent être source de progrès pour le secteur agricole et ses filières de l’amont jusqu’au consommateur : mieux tracer, mieux produire, mieux gérer, etc… Mais leur exploitation commerciale soulève des enjeux techniques, juridiques et économiques. L’agriculteur produit ces données gratuitement, et même sans s’en rendre compte. Et ces données collectées se retrouvent aux mains des fournisseurs de l’agriculture sans que l’agriculteur connaisse leur devenir. Cela pose la question cruciale du consentement de l’agriculteur : « il doit savoir à l’instant T à qui il a donné ses données », résumait l’intervenante qui pointait le manque de protection juridique en la matière. La charte DATA-AGRI a été mise en place pour palier ce vide juridique. Initiée par la FNSEA, elle fournit un label aux éditeurs de logiciels et une protection aux agriculteurs.