Filière des spiritueux
Les spiritueux espèrent redresser la barre en 2021

Les ventes de spiritueux ont souffert de la crise en 2020 mais se sont redressées depuis. Le secteur, en pleine diversification, s’appuie majoritairement sur la production fruitière et céréalière française.

 

Les spiritueux espèrent redresser la barre en 2021

Le président de la Fédération française des spiritueux (FFS), Jean-Pierre Cointreau, s’est montré « raisonnablement optimiste » pour l’année 2021 le 23 juin, lors d’une conférence de presse de cette organisation professionnelle qui réunit 250 entreprises du secteur. « Les ventes sont en ligne depuis le début de l’année avec celles de 2019 », s’est félicité le dirigeant qui se réjouit « d’un bon réapprovisionnement des marchés, même si certains circuits restent encore fermés comme les discothèques ou les Duty free ». Cognacs, vodkas, liqueurs, calvados et autres whiskies avaient subi un effondrement de leurs ventes hors domicile en 2020, avec - 44,6 % en valeur (2,6 milliards d’€) et – 45 % en volume, a-t-il rappelé. Le rebond des ventes en grandes surfaces pendant cette période (+6 % en valeur à 5,1 Mds€ et +4,2 % en volume à 277 millions de litres) « est loin d’avoir compensé les pertes des autres circuits », a insisté le directeur de la fédération, Thomas Gautier. « Globalement, la consommation de spiritueux a baissé de 1,8 % en volume en France », a affirmé ce dernier.

Jean-Pierre Cointreau s’est cependant inquiété d’un environnement géopolitique « qui reste instable » malgré la conclusion d’un « armistice » de cinq ans entre l’Union Européenne et les États-Unis sur l’aéronautique. « Un autre conflit est en cours sur l’aluminium et l’acier dont nous pourrions faire les frais », a insisté le président de la FFS. Ce dernier s’est dit également préoccupé « de la flambée des couts logistiques sur le grand export » liée à la pénurie de containers vers l’Asie ou encore de la probable hausse des prix des matières premières agricoles liée aux aléas météorologiques. « La hausse actuelle des prix des fruits, voire des céréales nous inquiète », a insisté Jean-Pierre Cointreau en soulignant que la profession était l’une des plus avancées en matière de contractualisation avec les producteurs. « Je crains qu’il ne soit compliqué de faire admettre la hausse de nos coûts à la grande distribution lors des prochaines négociations commerciales », a-t-il poursuivi.

Le whisky, un eldorado français ?

La famille des spiritueux français dispose de quelques motifs d’optimisme, à commencer par le nombre de créations d’entreprises dans les secteurs du gin, des liqueurs, cocktails, et autres whiskies. Selon la FFS, 80 entreprises distillent actuellement du whisky en France, dont 40 ont démarré la commercialisation de leurs produits en fonction des impératifs de vieillissement. Si les volumes restent faibles (1 million de litres), les ventes de whisky français ont été multipliées par quatre en un an, précise la FFS. « Il existe un créneau pour la France dans ce domaine », a plaidé Jean-Pierre Cointreau. « Nos producteurs céréaliers sont parmi les meilleurs du monde et nous disposons d’un savoir-faire incontestable en matière de distillation comme de vieillissement », a-t-il souligné.

La production française de spiritueux a globalement su s’adapter à la consommation ces dernières années, ont insisté les dirigeants de la profession. La consommation des anisés ne cessant de reculer et celle des whiskies, très majoritairement importés, de progresser, les distillateurs français n’ont cessé de développer la production de spiritueux alternatifs comme le gin ou la vodka. « Alors que la production de vodka était inexistante en France il y a 40 ans, c’est aujourd’hui le deuxième spiritueux exporté par la France après le Cognac », a insisté Jean-Pierre Cointreau. 

En dépit des vicissitudes actuelles, le secteur français des spiritueux reste particulièrement performant à l’export. « Sans les vins et spiritueux, la balance agroalimentaire française serait déficitaire », a affirmé Jean-Pierre Cointreau, le président de la FSS. Les exportations de spiritueux ont rapporté 3,7 milliards d’€ à la France en 2020, un chiffre en retrait de 19 % sur l’année précédente mais qui devrait se redresser significativement cette année grâce à la reprise aux États-Unis et en Asie. Les entreprises françaises de spiritueux utilisent plus de 2 millions tonnes de matières premières agricoles et sont partenaires de 51 indications géographiques.