Emploi
La famille de moins en moins au cœur de l’exploitation

Ariane Tilve
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Si conjoints, enfants, parents et autres mettent encore la main à la pâte, ils sont progressivement remplacés par une main d’œuvre externe, encore insuffisante pour combler les besoins.

Une famille d'exploitants comme tant d'autres : Gilles Marillier et son fils Maxime Marillier avaient pris la suite de l'oncle, Dominique.
Une famille d'exploitants comme tant d’autres : à Briant, Gilles Marillier et son fils Maxime ont pris la suite de l’oncle, Dominique.

D’après le recensement agricole de 2020, plus de la moitié des exploitations de la région ont recours à une main-d’œuvre externe à la famille. Et pour cause, en dix ans, le nombre de personnes travaillant de façon permanente sur les exploitations a reculé de près de 20 % pour atteindre les 50.500 personnes en 2020. 40.330 d’entre elles sont en équivalent temps-plein (ETP).  

Le chef d’exploitation et les membres de sa famille assurent encore 62 % du volume de travail direct. Pour combler les besoins restants, certains font appel aux salariés externes. Du moins ceux qui en ont les moyens. En effet, le recours à l’externalisation de travaux est d’autant plus fréquent que le poids économique de l’exploitation est important. Du coup, le nombre d’emplois non familiaux progresse de 12 %, hors saisonniers et occasionnels. Cette évolution est notamment liée à l’augmentation du nombre d’exploitations organisées en société (+ 11,5 %) au détriment des exploitations individuelles (- 39 %). Mais la baisse de l’investissement familial n’explique pas, seule, ces chiffres.

Entre 2010 et 2020, le nombre d’exploitations a, lui aussi, baissé de plus de 21 %. Parallèlement, on assiste à une augmentation de la dimension de certaines exploitations dont le modèle ne peut reposer exclusivement sur une main-d’œuvre familiale. Quid de la main d’œuvre occasionnelle ? Elle représente 8,3 % du travail total en ETP. Le recul de l’emploi saisonnier n’est que de 7 %. Une situation hétérogène en grande partie due à la nature de l’activité. On le voit notamment en scrutant les chiffres des différents départements. Le recul de l’emploi familial en ETP tourne autour des 13 % dans le Doubs et la Haute-Saône, où prédominent l’élevage bovins lait qui a très peu recours au salariat. En revanche, l’emploi salarié permanent dépasse 30 % des ETP dans l’Yonne et en Côte-d’Or où se concentrent les exploitations viticoles sous statut sociétaire. D’ailleurs, les exploitations spécialisées en viticulture (16 % des exploitations régionales) emploient 30 % de la main-d’œuvre agricole en ETP, les élevages bovins (37 % des exploitations) emploient 35 % des salariés en ETP. Ces secteurs sont ceux qui, avec le maraîchage et l’horticulture, mobilisent le plus de main-d’œuvre. Dans le cas du maraîchage et de l’horticulture, en lien avec leur dimension relativement modeste, les exploitations régionales emploient toutefois moins de main-d’œuvre que leurs homologues nationales (4,3 ETP par exploitation en moyenne). Comme ailleurs en France, les grandes cultures et l’élevage ovins / caprins sont celles qui en emploient le moins.