Pierre-Louis Gondras
Les jeunes chasseurs ont leur association

Marc Labille
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Alors que le nombre de chasseurs ne cesse de regresser, l’association départementale des jeunes chasseurs est relancée avec à sa présidence Pierre-Louis Gondras. Attachée à une chasse responsable, diversifiée et évolutive, cette association veillera à favoriser le renouvellement des générations. Elle souhaite aussi tisser des ponts avec les jeunes agriculteurs.

Les jeunes chasseurs ont leur association
Nouveau président de l’association départementale des jeunes chasseurs de Saône-et-Loire, Pierre-Louis Gondras s’est donné comme objectif de pérenniser ce collectif.

Pierre-Louis Gondras est le nouveau président de l’association départementale des jeunes chasseurs de Saône-et-Loire. Créée en 2007, cette récente structure a plusieurs fois été mise en sommeil. Dernièrement, c’est l’épisode du Covid qui avait eu raison de l’association déjà à la peine faute de mobilisation. Une nouvelle équipe a repris le flambeau il y a six mois. À sa tête, Pierre-Louis Gondras, originaire de l’Autunois et administrateur à la Fédération Départementale des Chasseurs. « Nous voulions avoir une association porteuse de projets et qui puisse motiver des jeunes chasseurs à se retrouver, et aussi leur permettre d’accéder plus facilement à des territoires de chasse disponibles », présente Pierre-Louis Gondras. Car quand ils ne sont pas nés dans une famille de chasseurs, les jeunes susceptibles de se passionner pour ce sport manquent souvent de « connexions » pour accéder à un territoire de chasse, confie le jeune président. Une réalité qui nuit au renouvellement des générations alors que le nombre de chasseurs ne cesse de diminuer au fil des années. Pour moins de 11.000 détenteurs de permis de chasse en Saône-et-Loire, les jeunes ne seraient que 1.500 à 2.000, confie Pierre-Louis Gondras. Dans l’association départementale des jeunes chasseurs, les non-chasseurs sont les bienvenus, précise le président. Au bout de six mois d’existence, la structure compte déjà 45 adhérents, se félicite-t-il.

Sécurité et éthique

Parmi les actions que l’association départementale des jeunes chasseurs entend mener, figure l’organisation de journées de chasse entre jeunes chasseurs. Tous les jeunes chasseurs de l’association y seront conviés. L’objectif est de « favoriser la cohésion entre jeunes de territoires différents, mais aussi de faire découvrir la chasse d’aujourd’hui », fait valoir le président. Alors que la chasse n’est pas épargnée par les clichés entretenus par ceux qui ne la connaissent pas, elle est aujourd’hui devenue « sécuritaire et éthique », défend Pierre-Louis. Comme lui, nombre de jeunes et de moins jeunes ont une vraie éthique de chasse. « Ce n’est plus le tableau qui prime, mais la réalisation d’une action de chasse de qualité », explique-t-il. Tout est fait pour ne prélever que le gibier voulu, en optimisant le travail des chiens, en évitant que le gibier ne souffre. « On va vers des tirs plus précis et de plus près, avec des armes mieux entretenues, munies de lunettes révisées tous les ans. On favorise les modes de chasse à l’approche, à l’affût : des pratiques en vogue qui étaient inexistantes autrefois », confie Pierre-Louis.

Diversité de modes de chasses

La chasse d’aujourd’hui, c’est aussi une diversité de pratiques à redécouvrir. Petit gibier, gibier d’eau ; aux chiens courants, aux chiens d’arrêt… Une diversité de modes de chasse et de territoires que l’association des jeunes chasseurs souhaite faire découvrir à ses adhérents. Récemment, elle a organisé sa toute première journée consacrée à la chasse à l’approche. Sur un territoire partenaire, les jeunes ont bénéficié de bracelets chevreuils à prix coûtant.

Dans ses projets, l’association des jeunes chasseurs prévoit de participer à des opérations « d’entretien et de régulation de territoire ». Ainsi, les jeunes pourront-ils, dans le cadre d’échanges avec des sociétés de chasse, prendre part à l’installation de miradors et à l’entretien de chemins. Dans les mêmes conditions, ils pourront aussi intervenir pour réguler des responsables de dégâts aux cultures tels corvidés. L’association des jeunes chasseurs de Saône-et-Loire entend participer à des évènements ainsi qu’elle l’a fait le 6 août dernier à la fête de la Chasse à Bresse-sur-Grosne. Elle prévoit d’organiser elle-même des rendez-vous. Elle aimerait notamment mettre en place des soirées d’échange ou de débat sur des thèmes précis en présence de professionnels connaisseurs du sujet.

Responsabiliser les jeunes

L’association assume un rôle de formation des jeunes, tant à l’avenir de la chasse que des différentes institutions qui organisent le monde de la chasse et tous ses partenaires. Certains jeunes chasseurs y trouveront même leur voie professionnelle, confie Pierre-Louis. Mais le but de l’association est aussi de recruter de futurs responsables impliqués dans ces organisations. « Nous voulons pérenniser l’association et responsabiliser les jeunes », confie le président qui reconnaît que la tâche n’est pas facile. « La majorité des jeunes chasseurs sont des fils et filles de chasseurs qui sont bien dans leur mode de chasse et n’ont pas besoin d’autre chose », regrette Pierre-Louis Gondras qui espère faire bouger les lignes.

Jeunes chasseurs, jeunes agriculteurs…

Accès aux territoires, renouvellement des générations, initiation aux organisations collectives… : les problématiques de l’association des jeunes chasseurs de Saône-et-Loire ne sont pas sans rappeler celles des Jeunes Agriculteurs. Une similitude que confirme volontiers Pierre-Louis Gondras qui était à la Fête de l’Agriculture à l’Hôpital-le-Mercier fin août. D’ailleurs, pour lui, la défense du monde cynégétique ne va pas sans celle du monde rural dans son ensemble. Les JA, l’association des jeunes chasseurs de Saône-et-Loire aimerait tisser des liens avec eux et elle a même des idées de projets communs. Par exemple, organiser « une soirée débat sur des thèmes tels que l’avenir du loup en France ou encore le ragondin avec les risques liés aux zoonoses… », expose Pierre-Louis Gondras. La lutte contre les prédateurs, espèces invasives et autres ravageurs des élevages et des cultures est une nécessité aujourd’hui qui incite certains agriculteurs à passer le permis de chasser, explique le jeune président. Des jeunes agriculteurs sont amenés à devenir jeunes chasseurs pour se défendre contre les corvidés, les ragondins, assurer des tirs de défense contre les loups… Pour toutes ces raisons, des liens entre les JA et les jeunes chasseurs de Saône-et-Loire s’imposent, défend Pierre-Louis Gondras qui invite les jeunes agriculteurs (chasseurs ou non) à adhérer à l’association.