Ambiance du bâtiment
L’outil Shelt-air pour faciliter la ventilation naturelle

Cédric MICHELIN
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La ventilation dans les bâtiments d’élevage joue un rôle prépondérant pour le bien-être animal. Grâce à l’outil d’aide à la décision Shelt-air, l’Idele (Institut de l’élevage) apporte un moyen supplémentaire pour définir les ouvertures ventilantes nécessaires en ventilation naturelle.

L’outil Shelt-air pour faciliter la ventilation naturelle
Le renouvellement de l’air, au sein d’un bâtiment d’élevage, joue un rôle important dans le bien-être animal.

Alors que le contexte sanitaire a conduit à l’annulation des salons d’automne, Space et Sommet de l’élevage, l’Institut de l’élevage (Idele) a maintenu les conférences prévues en les proposant sous forme de webinaires (conférences en ligne). Parmi elles, le sujet de la ventilation naturelle des bâtiments d’élevage pour ruminants a été longuement évoqué. « Renouveler l’air des bâtiments s’avère être essentiel, non seulement pour la durabilité des bâtiments et des équipements mais aussi, et surtout, pour le bien-être des animaux et la santé de l’éleveur », tient à rappeler Bertrand Fagoo, chef de projet spécialisé en bâtiments d’élevage de ruminants à l’Idele. Les variables climatiques peuvent en effet avoir une incidence considérable sur la santé des animaux : si les ruminants craignent peu le froid, ils sont particulièrement sensibles aux fortes températures. Au-delà de 25 °C dans un bâtiment, une vache laitière peut ressentir un stress thermique modéré à extrême. Les vaches laitières sont d’ailleurs plus sensibles aux conditions chaudes estivales que les vaches allaitantes et les petits ruminants. En été, il est donc nécessaire de réduire la température ressentie en cas de présence d’animaux dans les bâtiments.

Divers critères à prendre en compte

Mais la température ressentie par un ruminant ne dépend pas seulement de la température de l’air : entrent alors en compte l’hygrométrie, la vitesse du vent et le rayonnement solaire. L’humidité joue un rôle essentiel lorsque son niveau est élevé. En été, elle accentue ainsi, sur l’animal, l’impact de la température ressentie. Si la vitesse de l’air doit être inférieure à 1 m/s en hiver pour les bovins adultes et à 0,25 m/s pour les très jeunes animaux, elle est bénéfique en période estivale. En effet, l’air évapore l’eau présente à la surface de la peau des animaux. Par ailleurs, le rayonnement solaire peut s’avérer dangereux en été (surchauffe du bâtiment) mais utile en hiver (apport en vitamines D, asséchement de l’étable). Pour lutter contre le stress thermique, deux moyens de ventilation sont donc possibles : la ventilation naturelle et la ventilation mécanique.
Si cette dernière peut être une solution de recours pour les très jeunes animaux, ou pour les bâtiments trop larges et mal exposés aux vents, c’est la ventilation naturelle qui est de plus en plus préconisée. Toutefois, l’implantation et la conception du bâtiment peuvent avoir des incidences sur le fonctionnement de la ventilation naturelle. Du fait de sa diversité géographique, la France présente des situations très diverses.

L’exposition du bâtiment, un point clé

Les conditions d’exposition aux vents sont très variables d’une région à une autre. En France, « il existe très peu de bâtiments standard, comme cela peut être le cas dans des pays d’Europe du nord par exemple », poursuit Bertrand Fagoo. « De plus, les bâtiments sont de plus en plus grands pour répondre aux évolutions des élevages, et donc, de plus en plus difficiles à ventiler ». La ventilation naturelle est en effet très perturbée dans des bâtiments de grand volume. Dans un premier temps, le renouvellement de l’air au sein d’un bâtiment dépend fortement de son orientation et de son implantation. « Mais aujourd’hui, avec le changement climatique, nous avons de moins en moins de vents dominants », note le chef de projet. Certaines conceptions se montrent donc plus favorables à une ventilation naturelle efficace. C’est le cas par exemple de bâtiments étroits et spécifiques, non collés entre eux, afin de recevoir une meilleure exposition aux vents.
Au même titre que les choix pour la conception et l’environnement du bâtiment à implanter, le dimensionnement des ouvertures ventilantes est tout aussi important : ouverture au faîtage, en longs-pans, sur les pignons, en relais, en jonction, etc. Pour cela, il existe un certain nombre de références de base à respecter pour un bâtiment bi-pente.

Un outil pour établir différents scénarios

Depuis plusieurs années, l’Idele planche sur le développement d’un outil de calcul des ouvertures ventilantes qui permet de mobiliser l’ensemble des nouvelles références à intégrer au projet. En phase de finalisation, il devrait être disponible au cours de ce dernier trimestre 2020. Issu de la collaboration avec la société Eternit, Shelt-air est un outil de dimensionnement des ouvertures ventilantes en ventilation naturelle. Cette application, disponible sur ordinateur, tablette ou smartphone, permettra d’intégrer les dernières recommandations en termes de ventilation. Si les références usuelles sont modulées en fonction des volumes des bâtiments, de leur localisation géographique et de leur degré d’exposition au vent, l’outil de diagnostic des bâtiments et d’aide à la décision, Shelt-air, facilite les conceptions. « Grâce à Shelt-air, il est possible en quelques clics, de réaliser un dimensionnement en fonction de son environnement, du type d’animaux logés, des dimensions du bâtiment, des conditions d’utilisation de celui-ci, du choix des ouvertures, etc. », explique Bertrand Fagoo. L’outil permet ainsi d’établir différents scénarios lors de la construction de bâtiment. Cependant, « rien ne remplace l’expertise in situ d’un conseiller bâtiment, qui saura apporter des conseils sur la structure du bâtiment, l’aménagement intérieur, etc. », rappelle le chef de projet de l’Idele.

Amandine Priolet

Disponible sur ordinateur, smartphone ou tablette, l’outil d’aide à la décision Shelt-air a été pensé pour accompagner l’éleveur dans un processus de dimensionnement des ouvertures ventilantes. Commercialisé prochainement, il sera gratuit pour un maximum de cinq projets et proposé au tarif de 99 € TTC pour une utilisation illimitée. ©Idele