Gabsel
Future Pac et transmission au cœur du sujet

Françoise Thomas
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La réunion du Gabsel, le groupement des agriculteurs bio de Saône-et-Loire, s’est tenue le vendredi 8 octobre à Saint-Eugène avec visite d’une ferme convertie depuis plusieurs années à l’agriculture biologique et un point sur les activités du groupement ces deux dernières années.

Future Pac et transmission au cœur du sujet

L’assemblée générale du Gabsel s’était tenue au printemps dernier mais en comité restreint et en visioconférence compte tenu des restrictions sanitaires. Sans véritablement organiser une nouvelle AG en bonne et due forme, le groupement des agriculteurs bio du 71 s’est retrouvé pour une réunion bilan le vendredi 8 octobre à Saint-Eugène, dans le nord-ouest du département. La matinée a débuté par la visite de la ferme de François et Catherine Guillemot (voir encadré), des agriculteurs bio de la petite commune.

L’enjeu de la Pac

Cette réunion a aussi été l’occasion pour les membres du Gabsel de revenir sur la Pac en discussion actuellement, « l’un des principaux enjeux demeure le soutient à l’installation », a-t-il été rappelé. Si rien n’est défini, les inquiétudes des agriculteurs bio sont grandes sur les orientations qui semblent se profiler. Notamment sur le fait que le niveau d’aides du premier pilier de la Pac serait le même en AB qu’en HVE, mais surtout sur le constat fait que les objectifs de conversion sont régulièrement repoussés et revus à la baisse…

Comptant bien voir appliquer plusieurs de leurs revendications dans le cadre de cette future Pac, les agriculteurs bio se mobilisent depuis plusieurs mois pour faire entendre leur voix et vont poursuivre leurs rencontres.

Maintenir la dynamique

Un tour rapide des actions réalisées par le groupement ces 18 derniers mois a été proposé, en faisant notamment référence à l’accompagnement du laboratoire de transformation Melting Popote de Salornay-sur-Guye, aux projets d’abattoir en cours dans le secteur, ou encore sur les PAT (plan alimentaire territoriral, lire notre dossier en page HH) et PCAET (Plan climat air énergie territorial) qui sont « les deux grands outils utilisés par les communautés de communes et les syndicats mixtes pour développer les actions sur le territoire », et notamment déboucher sur le développement de l’agriculture biologique.

Avec différents événements techniques ouverts à tout agriculteur, même non bio, le Gabsel axe ses actions pour favoriser les installations et les transmissions en bio. Et, avec « 45 % des agriculteurs en retraite d’ici 2026 », « il y a urgence, a souligné le président du Gabsel Olivier Devêvre, ce n’est pas possible d’avoir investi autant d’argent public et de tout laisser tomber maintenant ».

Pour l’heure, le Gabsel continue d’enregistrer de nouvelles conversions et une augmentation des surfaces agricoles bio, même si ces surfaces d’installation, plus petites par exemple que celles enregistrées en Côte-d’Or ou dans l’Yonne, témoignent du fait qu’en Saône-et-Loire, la dynamique de conversion concerne beaucoup plus le secteur viticole que la polyculture « légèrement en baisse », et que le secteur élevage est globalement moins demandeur de la conversion que chez nos voisins.

Les chiffres de la bio en Saône-et-Loire

Les chiffres de la bio en Saône-et-Loire

Avec 491 fermes bio, les chiffres 2020 montrent une augmentation de près de 17 % par rapport à 2019, pour une SAU en bio ou en conversion de plus de 20.000 ha, soit + 8,9 % par rapport à 2019 et une part de 4 % de la SAU départementale. C’est globalement en dessous des performances enregistrées au niveau régional où la SAU en bio ou en conversion augmente de près de 12 % pour atteindre près de 9 % de la SAU totale.

C’est en viticulture que la dynamique bio ou conversion reste la plus importante dans le département avec 171 producteurs (pour un total de près de 1.250 ha). Si la Saône-et-Loire est le deuxième département de la région en viti bio, cela ne représente que 10 % de sa surface viticole en bio, le niveau le plus faible sur tout BFC.

En bovins allaitants, seul 1 % du cheptel et 4 % des surfaces sont certifiés bio en Saône-et-Loire. Pour autant, avec 93 ateliers et plus de 5.300 animaux, c’est la meilleure performance au niveau régional.

Préparer la transmission

Préparer la transmission

En polyculture élevage convertis à l’agriculture biologique depuis de nombreuses années, François et Catherine Guillemot élèvent une cinquantaine de bovins (aubrac et croisés aubrac-charolais), environ 120 moutons charollais, depuis cet été quelques porcs (atelier en test en vue d’être développé), plus quelques poulets et des brebis lacaune.

L’idée est de préparer l’exploitation à sa reprise par l’un des enfants du couple qui doit s’installer à l’horizon 2025, lorsque tous deux seront en retraite. Leur but est actuellement de diminuer légèrement le cheptel, tout en diversifiant les ateliers, toujours dans la perspective du développement de la vente directe. Le fait de multiplier les types de viande n’est pas préjudiciable à l’activité, au contraire, ils constatent « que plus la gamme est large, plus le panier moyen augmente », les consommateurs groupant ainsi leurs achats.

Ne bénéficiant pas de suffisamment de parcelles adaptées à la production de céréales, ils ne sont pas autonomes en terme d’alimentation. Cependant, avec un parcellaire assez bien concentré tout autour de l’exploitation, les éleveurs projettent de mettre en place le pâturage tournant.

Leur modèle économique est basé également sur des investissements très mesurés. Ainsi, ils ont toujours profité au maximum du potentiel offert par les bâtiments existants, les vaches se retrouvent ainsi réparties dans deux étables entravées en période hivernale et de vêlage, les brebis viennent également passer les semaines les plus froides et agneler sous le tunnel qui leur est dédié. Pour le matériel, les éleveurs passent essentiellement par la Cuma du secteur.

Enfin, toujours dans la perspective diversification, ouverture au public, et pourquoi pas vente directe, le couple a créé il y a 15 ans un gîte dans l’un des bâtiments de la ferme.