Bien-être animal volailles
Bien-être animal : un surcoût à répercuter pour les éleveurs de volailles

Publié par Cédric Michelin
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Dans les élevages avicoles, la prise en compte du bien-être animal fait augmenter les coûts de production. Alors qu’elles présentaient, es résultats technico-économiques 2018 de la filière, les chambres d’agriculture insistent sur le besoin de revalorisation de la viande de volaille.

 

 

Bien-être animal : un surcoût à répercuter pour les éleveurs de volailles

« On arrive à une limite ». Pour Isabelle Leballeur, présidente de la commission avicole de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, les producteurs de volailles ont besoin d’un « retour » sur leurs efforts en matière de bien-être animal. L’élue présentait alors les résultats technico-économiques 2018 des élevages avicoles du Grand-Ouest. Un rendez-vous qui donne le ton de la filière pour toute la France presque car plus d’un poulet sur deux produit en France vient de Bretagne ou des Pays de la Loire.
Résultat : malgré de bons résultats techniques, les éleveurs ont besoin de répercuter les surcoûts liés au bien-être animal. Une problématique qui concerne aussi le poulet standard. Dans un entretien à Agra Presse, Isabelle Leballeur cite l’exemple des pododermatites (lésions au niveau de coussinets plantaires). Inclus dans de nombreux cahiers des charges aval, ce critère est désormais suivi en abattoir. Il pourrait même devenir un indicateur majeur au niveau de la réglementation européenne. « Lutter contre les pododermatites, ça veut dire plus de chauffage, plus de litière et de repaillage », explique l’éleveuse sarthoise. Avec à la clé une hausse des frais de mécanisation et de la consommation de gaz « d’une à deux tonnes par poulailler et par an, soit entre 0,5 et 1 €/m²/an ».

« La vague de rénovations est lancée »

L’année 2018 a aussi été « marquée par les rénovations », insistent les chambres d’agriculture, là aussi pour améliorer le bien-être animal. « La vague est lancée », constate Isabelle Leballeur, citant plusieurs modifications de bâtiments : accès à la lumière naturelle, augmentation de l’espace par animal, création de jardin d’hiver. Des chantiers « assez lourds » qui « coûtent environ 50€/m² pour des bâtiments déjà amortis ». Les rénovations sont plus avancées en Pays de la Loire, précise l’élue, car les éleveurs bretons attendent la concrétisation de la reconversion de l’ancien abattoir Doux de Châteaulin (Finistère). Un projet suspendu au dénouement de l’accord UE-Mercosur, qui augmenterait les importations de volailles dans l'Union Européenne. Sur le terrain, « l’arrêt de Doux a été plutôt digéré », affirme Isabelle Leballeur. Après une période d’adaptation de six mois, fin 2018, pendant laquelle les producteurs ont basculé du poulet export vers le standard, « les éleveurs ont tous repris avec un planning. Maintenant ça tourne ».
« Les importations ne cessent d’augmenter, on ne sait plus quoi faire pour être meilleurs et séduire le marché français », déplore Mme Leballeur. Les résultats 2018 dénotent une bonne année au point de vue technico-économique. « On tient nos résultats, les rotations sont soutenues grâce à une demande régulière en poulet, estime l’éleveuse. Les charges liées à la production se maintiennent, malgré une légère hausse du prix du gaz. »
Par rapport à 2017, les marges brutes progressent en poulet lourd, en poulet standard et en dinde standard. Elles reculent en poulet label et bio. Isabelle Leballeur ne note « pas de grande évolution » : « La maîtrise de la dinde est toujours plus compliquée qu’en poulet, précise-t-elle. De plus en plus d’élevages de dindes ont donc tendance à se spécialiser ». D’après l’élue, cette tendance à la stabilisation se poursuit en 2019. Avec un bémol : l‘impact des canicules de juin et juillet sur la production de volailles, qui devrait être connu « au dernier trimestre 2019 ». Très prochainement donc...