Billet d’humeur de Jérémy Decerle
« Ces anti-tout qui ne servent à rien »

Député européen et éleveur en Saône-et-Loire, Jérémy Decerle est membre des commissions de l’Agriculture et du Commerce international. Ancien Président des Jeunes Agriculteurs, à la veille des votes sur la prochaine Pac, il livre un billet d’humeur sur « ces anti-tout qui ne servent à rien ».

« Ces anti-tout qui ne servent à rien »

Depuis quelque temps, les postures d’opposition, de rejet, de défiance, souvent assorties d’actions sensationnelles, parfois illégales, parfois violentes, se multiplient sur une diversité de sujets. Anti-pass, antivax, anti-chasse, anti-bassines, anti-OGM, anti-viande, ces anti-tout en somme alimentent les inquiétudes et sclérosent la société plutôt que de l’aider à avancer.
En ces temps compliqués, il y a ceux qui se lèvent du bon pied et veulent avancer, et il y a ceux qui n’ont envie de rien, si ce n’est d’être contre tout.
Ces anti-tout, marchands de peur, cherchant chaque jour un nouvel os à ronger, se complaisent dans la critique, le sabotage, la destruction de tout et de tout le monde.
Ces anti-tout sont contre tout sans pourtant tout connaître parce qu’ils n’ont, bien souvent, besoin de rien. Un peu le contraire finalement des agricultrices et agriculteurs qui d’un rien font tout pour nous nourrir, nous faire grandir en bonne santé et sérénité.
Ces anti-tout en tout genre n’ont peur de rien, et surtout pas du ridicule, se revendiquant un jour médecin, homme d’État ou même ami des loups. Se dotant le jour d’après d’une expertise vétérinaire et sanitaire, les anti-viande estiment pouvoir évaluer, en toute impunité et très souvent illégalement, les conditions d’élevage et d’abattage. Se découvrant finalement des talents de chercheurs, les anti-OGM et anti-irrigation s’offrent eux le droit de faucher des parcelles expérimentales ou de détruire des bassines d’eau nécessaires à l’agriculture locale. Grâce à cette finesse d’analyse et d’actes, nous reculons tandis que certains, de la cour de ferme jusqu’à la Cop 26, essayent avec raison de faire avancer les choses.
La crise du non-non ou du ni-ni peut avoir quelque chose d’attendrissant chez l’enfant. Un peu moins chez l’adulte -à priori responsable et en âge d’être un tantinet plus constructif. Tout cela pourrait être presque drôle, ou au pire pathétique, si l’effet collatéral n’était pas pour l’agriculture la plus sûre et la plus saine du monde d’être privée des innovations et progrès issus de la recherche, mais aussi de saccager, sans aucune forme de respect, le travail d’hommes et de femmes courageux qui eux n’ont pas le temps du tout d’être anti-tout.
La France et les Français méritent que les anti-tout arrêtent de croire et de faire croire qu’on pourra avancer sans rien et contre tout.
Jérémy DECERLE