EXCLU WEB / L’UE paie cher sa dépendance au maïs

En ne récoltant que 54 millions de tonnes (Mt) de maïs, l’Union européenne UE est contrainte d’en importer 22 Mt. Sa demande concourt à maintenir les prix mondiaux à des niveaux très élevés et à les rendre très volatils. La production mondiale de maïs est déficitaire de 26 Mt.

EXCLU WEB / L’UE paie cher sa dépendance au maïs

Ces dernières semaines, le cours du maïs a évolué au rythme des rumeurs portant sur la participation ou le retrait de la Russie dans l’accord sur le corridor de la Mer Noire. A Bordeaux, la tonne de maïs valait 328 € le 9 novembre alors qu’elle avait atteint 350 € sept jours auparavant. La Russie avait alors annoncé le retrait de sa participation dans cet accord.

Or 171 Mt de maïs devraient être échangées durant la campagne 2022/2023. Premier importateur au monde, l’Union européenne (UE) en achètera à elle seule 22 Mt, selon FranceAgriMer (FAM), soit 5,7 Mt de plus que la campagne passée.

Pourtant, les fabricants européens ont tenté de réduire, à leur niveau, la dépendance de l’UE à l’égard des importations de maïs. En quatre ans, 8 Mt en moins sont transformées alors que les quantités d’orges et de blé employées sont quasiment inchangées. En France, seules 2,3 Mt seront utilisées par l’industrie de l’alimentation animale, soit 600 000 t de moins que l’an passé et 1 Mt de moins qu’en 2020/2021.

Toutefois, l’UE est un des principaux acteurs responsables de la flambée des prix mondiaux de la céréale. En payant très chers ses importations de maïs, elle exerce une pression sur les prix et met en difficulté les pays les moins riches lorsqu’ils achètent le maïs dont ils ont besoin. Le conflit russo-ukrainien, et la baisse de l’offre exportable de céréales ukrainienne qui en découle, n’expliquent donc pas à eux-seuls, la volatilité des cours à des niveaux très élevés. En effet, la production européenne de maïs a chuté. Seules 54,5 Mt seront engrangées cet automne, soit 11 Mt de moins que l’an passé.

Au sein de l’UE, le maïs que la France ne produit pas et qu’elle n’exporte pas vers ses voisins européens, est importé des pays tiers. Or FAM a une nouvelle fois revu à la baisse la production française de maïs, dorénavant évaluée à 10 Mt (-370 000 t en un mois). Aussi, notre pays n’en exportera que 3 Mt, soit 1,9 Mt de moins que la campagne passée. 14,4 Mt de maïs avaient alors été récoltées.

Gaz trop cher 

Les pays européens importateurs de maïs n’ont pas attendu l’arrivée de la nouvelle récolte sur les marchés pour faire leurs emplettes. Depuis le mois de juillet dernier, ils ont doublé leurs achats sur un an en important 10 Mt de maïs : 5,4 Mt du Brésil et 4 Mt d’Ukraine malgré les difficultés logistiques rencontrées par ce pays pour expédier ses commodités agricoles. Mais depuis le début du conflit, l’Ukraine est cependant parvenue à en expédier 26,3 Mt, dont 10,3 Mt de maïs et 5,4 Mt de blé selon UAC.

Dans le monde, ou plutôt dans l’hémisphère nord, 51 Mt de maïs en moins que l’an passé seront récoltées si bien que la production mondiale de la céréale sera déficitaire de 22 Mt. Aux Etats-Unis, la récolte de 353 Mt est inférieure de 30 Mt à celle de 2021. En conséquence, aucun pays ne prend, sur les marchés, le relais de l’Ukraine où une partie de la production (30 Mt) pourrait ne pas être récoltée. Pour sécher les grains, le gaz est trop cher à l’achat quand il y en a en vente. A moins de 130 € la tonne, le prix payé aux planteurs ne permet pas de couvrir l’ensemble des coûts de production.

Durant la campagne, l’Ukraine serait en mesure, selon le Conseil international des céréales (CIC), d’exporter 17 Mt. L’UkrAgroConsult ambitionne 30 Mt en prenant en compte les invendus de la campagne passée. Mais surtout, l’Ukraine pourrait produire encore moins de maïs en 2023 que cette année. De nombreux agriculteurs n’ont plus les moyens pour financer les intrants nécessaires pour cultiver la totalité de leurs terres. Des mises en jachères sont redoutées si la situation économique n’évolue pas. Sur les places de marché, les opérateurs ne prennent pas encore en compte cette donne.