EXCLU WEB / Les fabricants de fertilisants doivent faire « mieux d’engrais »

L’industrie des engrais, aux prises avec la hausse des matières premières (gaz, phosphates) clame plus que jamais la nécessité de faire « du mieux d’engrais », plutôt que « du plus d’engrais », et recherche en toute hâte des techniques alternatives à la dépendance.

EXCLU WEB / Les fabricants de fertilisants doivent faire « mieux d’engrais »

« Nous sommes dans une situation très difficile. Alors que l’an dernier nous avions seulement une hausse des matières premières, nous avons maintenant un risque de fermetures de sites de production ». Florence Nys, déléguée générale de l’Union nationale des industries des fertilisants agricoles (Unifa), a ainsi levé le voile sur le caractère critique de la situation, lors d’une conférence de presse le 8 novembre. « Nous sommes contraints de faire venir le gaz naturel par bateaux, en provenance des États-Unis et d’Afrique du Nord », pour la production des engrais azotés. « De plus, nous avons moins accès aux phosphates de Russie, ce qui entraîne un effet prix à la hausse, au moment où la demande du Brésil est forte », a-t-elle ajouté. Et de confirmer ce que tout le monde craint : « Nous avons un vrai risque de nous retrouver avec des prix de matières premières très élevés ».

Prix : + 84,8 % en un an

Déjà, le prix des engrais et des amendements s’est fortement redressé jusqu’en avril 2022, puis est reparti à la hausse en août, indique une note de conjoncture d’Agreste du 18 octobre sur les intrants. « Sur un an, il reste en forte hausse : + 84,8 % par rapport à août 2021 ». Aux baisses de production d’engrais azotés chez les principaux fabricants européens, s’ajoutent des coûts élevés de fret qui renchérissent les importations, précise Agreste.

Premier bilan de cette situation : les livraisons d’engrais ont reflué de 5 % pendant la campagne 2021-2022 par rapport à la campagne précédente, pour atteindre 10,8 millions de tonnes d'engrais minéraux et organiques. Les livraisons de septembre dernier par rapport à celles de septembre 2021 sont en chute de 20 %.

Électrolyseurs d’eau

Face à cette situation, l’industrie des engrais accélère ses travaux de recherche dans l’agriculture de précision, dans la qualité de la pulvérisation des engrais, dans le développement de la production des fertilisants organiques et d’une nouvelle génération de biostimulants. La finalité est que les agriculteurs passent plus vite du « plus d’engrais » au « mieux d’engrais », a souligné Delphine Guey, présidente de l’Unifa. L’industrie met les bouchées doubles pour accélérer la mise en place d’électrolyseurs d’eau pour produire de l’hydrogène et ainsi ne plus dépendre de l’hydrogène issu du reformage du gaz naturel. Les premiers engrais ainsi décarbonés devraient être commercialisés en Europe « dès 2023 », selon l’Unifa. Toutes les sources d’électricité sont les bienvenues : photovoltaïque, éolien, nucléaire.