ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Les semenciers inquiets de l’accès aux phytos et à l’eau

Mettant en avant le caractère éminemment stratégique des semences pour la souveraineté alimentaire », l’Union française des semenciers (UFS) plaide pour sécuriser l’accès aux phytos et à l’eau. Une orientation soutenue par Marc Fesneau.

Les semenciers inquiets de l’accès aux phytos et à l’eau
Les semenciers sont vent debout contre le dispositif des zones sensibles du projet de règlement européen SUR, dans lesquelles aucun pesticide ne serait autorisé. ©Stéphanie Buffaz

Lors de son assemblée générale le 7 novembre, placée sous le signe des élections européennes de juin 2024, l’UFS (semenciers) a plaidé pour la sécurisation des moyens de production, en particulier les phytos et l’eau. « Rien ne sert d’innover si on ne peut pas produire des semences », a résumé son président Didier Nury – qui a passé la main à Olivier Paul le même jour (voir encadré). « Les moyens de production s’amenuisent petit à petit, notamment pour les cultures de semences, plus pointues, plus fragiles que le conventionnel », selon lui. En particulier, les semenciers sont vent debout contre le dispositif des zones sensibles inclus dans le projet de règlement européen SUR, dans lesquelles aucun pesticide ne serait autorisé. « Sans protection des cultures, c’est un impact très clair de 15 % sur la production de semences dans ces zones, voire jusqu’à 80 % dans certaines régions », avance le vice-président de l’UFS Rémi Bastien (Limagrain). « On souhaite pouvoir continuer à avoir recours à certains produits s’il n’y a pas d’alternative en cas de suppression », a-t-il précisé. Mettant en avant son caractère éminemment stratégique pour la souveraineté alimentaire, la filière souhaite aussi un traitement différencié pour l’accès à l’eau.

Contractualisation et NBT

Deux orientations que Marc Fesneau a soutenues. Concernant les phytos, le ministre de l’Agriculture a estimé que la création de zones sensibles n’était « pas raisonnable » car synonyme, selon lui, « de mise sous cloche de millions d’hectares en France ». Sur l’eau, il a appelé à mener un travail territoire par territoire. « Dans la hiérarchie des usages, le besoin en semences est un besoin qu’il faut identifier comme un besoin premier, sinon il n’y a pas de filière qui s’organise. Être producteur de semences, c’est un métier à part dans le monde agricole, ça demande une technicité, une formation, une expérience », a-t-il estimé. Le ministre a aussi appelé la filière à adapter la contractualisation pour éviter les effets d’opportunité qui détournent les agriculteurs de la production de semences. Autre dossier chaud pour les semenciers : le projet de règlement européen sur les nouvelles techniques de sélection (NBT). Les professionnels et le ministre se sont accordés pour qualifier la proposition de Bruxelles de bonne base de discussion. Marc Fesneau a appelé à essayer d’accélérer son adoption, si possible avant les élections européennes. 

Y.G

 

UFS

Olivier Paul élu président

En assemblée générale le 7 novembre à Paris, Olivier Paul a été élu président de l’UFS (semenciers). Depuis 2021, il est directeur général de Lidéa (groupe Euralis), semencier multi-espèces issu du rapprochement avec Caussade en 2020. Il a intégré en 2015 la coopérative du Sud-Ouest, où il a occupé différentes fonctions au sein des activités alimentaires, dans les semences puis dans les services support. Olivier Paul succède à Didier Nury (Top semence), qui avait été élu en novembre 2022. Le nouveau bureau de l’Union des semenciers comprend aussi le vice-président Rémi Bastien (Limagrain), le secrétaire général Xavier Thevenot (Syngenta), et le trésorier Patrick Mariotte (KWS).