Grippe aviaire en Saône-et-Loire
Quelle gestion avec l’endémie dans la faune sauvage locale ?
Lundi 12 décembre, pour la section avicole, Louis Accary a interpellé le préfet Séguy lors de sa venue à Chevagny-lès-Chevrières devant les conseils FDSEA et JA de Saône-et-Loire. L’influenza aviaire semble en effet devenir endémique dans la faune sauvage locale.

Pandémie et endémie sont deux types d’épidémies, mais la seconde signifie que la maladie est présente en continu dans une région déterminée. Après plusieurs cas d’influenza aviaire hautement pathogène en Bresse, dont le dernier à Montret (lire notre précédente édition), et dans l’attente des analyses génomiques, les questions sont de plus en plus nombreuses en France sur le plan de lutte et la gestion de ces crises à répétition, qui se sont d’ailleurs manifestées tout au long de l’année 2022. En France, 16 millions de volailles ont été abattues au premier semestre et déjà 1,3 million supplémentaire depuis la résurgence dès août.
Pour la section avicole de la FDSEA, Louis Accary, cette situation pose question. Et il les a posés au préfet, Yves Séguy, le 12 décembre après avoir interrogé nombre d’autres instances nationales.
« Quel avenir pour nos éleveurs après trois ans de confinement de leurs volailles et même bientôt une année complète ? » Pas question pour lui d’opposer les modèles, plein air, Bio ou standard, « la claustration n’est pas si efficace et cela pose question ». À commencer sur le bien-être animal et ensuite pour les AOC, labels, plein air… Sans oublier que la confiance des consommateurs envers ces promesses sur le bien-être pourrait être ébranlées, à commencer par les décisions de l’État obligeant à claustrer les animaux « début septembre, par de belles et longues journées », sachant pertinemment que les volailles « vont alors se piquer entre elles ». « Où est le bien-être animal ? Où sont les indemnités financières ? », questionnait-il encore et encore.
Quid de la faune sauvage locale
Vient maintenant un problème encore plus de fond si la maladie ne vient plus de la faune migrante, mais de la faune sauvage locale. « On fait quoi ? Nous, éleveurs, on doit détruire tous nos lots, et ce, dans un large périmètre. Mais qu’est-ce qu’on fait contre cette faune sauvage ? », constatant l’absence de mesure sur ce sujet pour l’heure. Le préfet, Yves Séguy semblait comprendre, mais rétorquait qu’il va falloir rentrer dans le détail des espèces concernées, pas une mince affaire, donc au national, avec les défenseurs de l’environnement aux aguets. Louis Accary ne veut pas l’entendre : « la biodiversité est à la mode, mais nos élevages n’en font pas partie. Que font nos agents de la biodiversité à part ramasser les cadavres ? »
L’espoir - si l’on peut dire - réside maintenant principalement dans la vaccination « tout au long de l’année » pour les éleveurs le souhaitant ou les élevages les plus exposés à risque (labels plein air, AOC Bresse…). La vaccination n’arrivera qu’au mieux que fin d’année prochaine, si les négociations pour exporter aboutissent.
Le préfet Séguy notait les contradictions et problèmes et va chercher « à trouver une solution intermédiaire » entre claustration et libre.
Pour la section bovine, Michel Joly reprenait la parole pour rajouter à l’attention du préfet : « on prend le même chemin sur les maladies bovines ». Décidément, le sanitaire est bien le sujet majeur de ce début du XXIe siècle amplifié par le réchauffement climatique.
Les députés lancent une mission d’information
La commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale vient de lancer une mission d’information sur « la grippe aviaire et son impact sur les élevages », a annoncé son président Guillaume Kasbarian (Renaissance, Eure-et-Loir) sur Twitter le 26 octobre. Ses deux co-rapporteurs sont Charles Fournier (EE-LV, Indre-et-Loire) et Philippe Bolo (Modem, Maine-et-Loire) ; elle sera conduite d’ici la fin de l’année, ont-ils annoncé. Ingénieur agronome de formation et issu d’un département durement touché par l’influenza aviaire cette année, M. Bolo a esquissé les contours de la mission. Le rapport visera à « dresser un bilan des conséquences économiques et sociales des derniers épisodes d’influenza aviaire, évaluer les effets des mesures mises en place par les pouvoirs publics, identifier les solutions pour les filières et leurs différents acteurs ». Quant à Charles Fournier, il qualifie de « catastrophique » la gestion de la crise par les pouvoirs publics. « Les mesures sanitaires prises par le ministre de l’Agriculture ne semblent pas porter leurs fruits et les petits éleveurs sont les premiers à en payer le prix », appuie l’élu écologiste.