CCI 71
Des valeurs à défendre

A l’heure de la future régionalisation du réseau des CCI, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Saône-et-Loire entend défendre ses valeurs et ses positions. Echanges avec son président, Bernard Echalier.
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En cette fin d’année, force est de constater que « nous traversons une période un peu compliquée pour notre pays », comme le confiait Bernard Echalier le 18 décembre, alors qu’il prenait le temps, avec Pascal Leyes, directeur général, et Michel Caradot, directeur de l’information économique et de la communication, de passer en revue l’actualité avec la presse départementale. L’occasion de faire le point sur les cinq années écoulées, alors que le mandat aurait dû toucher à sa fin, mais aussi de se projeter dans l’avenir, notamment en 2016, année importante pour la structuration du futur réseau des CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) dans la nouvelle grande région.
Initialement prévues en janvier 2016, les élections professionnelles dans les CCI ont en effet été repoussées d’un an, pour cause de réforme conséquente à la loi NOTRe et à la naissance de la future chambre de Commerce et d’Industrie de Bourgogne Franche-Comté. Dans cette perspective, Bernard Echalier, président de la CCI de Saône-et-Loire, entend bien porter « un certain nombre de valeurs, celles de la CCI », et que celles-ci « pèsent de leur poids dans le contexte qui est celui de la France en cette fin 2015 ».

Une politique grave de conséquences


L’actualité de la CCI, ou plutôt des CCI, est directement liée à la fiscalité, alors qu’en mai dernier, le réseau s’est vu ponctionner de quelques 520 millions d’€ au national, dont 18 millions pour la seule Bourgogne et 5,2 millions pour la seule Saône-et-Loire. « Ce prélèvement annoncé comme "unique" a fortement impacté nos capacités d’investissement dans les outils qui sont les nôtres », déplorait Bernard Echalier, évoquant les récents investissements portés par la CCI ces dernières années. En l’occurrence dans Aproport à hauteur de 20 millions d’€ pour les sites de Mâcon et de Chalon-sur-Saône, ou encore les 2,5 millions d’€ d’investissement liés à la rénovation de l’internat du CFA Automobile de Mâcon…
Ce prélèvement s’est en effet effectué sur la capacité de fond de roulement, limitant cette dernière à 90 jours, et pénalisant en cela les CCI les mieux gérées, ce qui est le cas de la CCI de Saône-et-Loire.
« Mais le plus grave, c’est la baisse de la fiscalité qui nous a été imposée », s’agacent conjointement et le président et le directeur. « Déjà que ce qui est collecté par Bercy n’est pas en totalité versé aux CCI, mais là, cette décision, est beaucoup plus mortifère pour l’avenir des CCI que le prélèvement ».

Le contraire de ce qu’il faudrait faire


De fait, l’impact sur les recettes fiscales de la CCI de Saône-et-Loire seront loin d’être négligeables : de 7,2 millions d’€ en 2015, elles passeront à 6,5 millions en 2016, puis à 5,7 millions en 2017… Fort heureusement, en Saône-et-Loire, la fiscalité représente seulement le tiers des recettes de la chambre consulaire, mais ailleurs, cette part s’élève couramment à 70, voire 80 %... « Nous sommes certes la CCI la moins affectée de Bourgogne Franche-Comté, mais cela s’est doublée d’une obligation de solidarité au sein du réseau, entre les différentes CCI de la région », fait état Pascal Leyes.
« Nous avons le sentiment que les organisations comme les nôtres sont dans le collimateur des pouvoirs publics », analyse Bernard Echalier, qui rappelle que les chambres consulaires sont des organisations publiques de l’Etat, mais pilotée par le privé… « Cette particularité, ça gêne. D’ailleurs, tous les corps intermédiaires gênent et sont pris pour cible. C’est le contraire même de ce qu’il conviendrait de faire, alors que nous avons au contraire un rôle de régulation de la société… ». Pour le président de la CCI, dans la période agitée que nous traversons, « nous avons besoin de calme, de stabilité pour prendre les décisions. C’est le rôle même des corps intermédiaires… ». Et Bernard Echalier de s’agacer : « On est en train de casser. Dans ce domaine, on n’est pas dans le bon sens de l’histoire ». C’est dit. Le message est clair.

Dans l'économie


En attendant, le réseau s’organise dans la perspective de l’émergence de la CCI BFC à la fin de l’année 2016. Et si la Saône-et-Loire pesait un tiers du poids économique de la région Bourgogne, elle pèse, comme son homologue de Dijon et celle du Doubs, désormais 20 % du poids économique de la nouvelle région Bourgogne Franche-Comté.
« La Saône-et-Loire sera défendue et jusqu’au bout », annonce celui qui conservera la présidence de la CCI 71 jusqu’à la fin de l’année 2016. Et s’il est trop tôt pour lui de préciser s’il sera ou non candidat à la présidence de la future CCI BFC, il rappelle que, dans le département, la CCI gère le plus important centre de formation de toute la nouvelle région, avec le CFA Automobile de Mâcon et le CIFA de Mercurey, au total quelques 1.800 apprentis chaque année. Bernard Echalier évoque aussi le rapprochement des deux centres de formation des CCI de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire ; il rappelle aussi le poids des infrastructures, notamment portuaires avec Mâcon, Chalon et Pagny. « Pagny, nous entendons en faire le hub agroindustriel de BFC, grâce notamment aux bonnes relations que nous avons tissé avec les responsables de Bourgogne Céréales Stockage », détaille Bernard Echalier, précisant que « cela se fait avec zéro subventions, avec zéro investissement et du personnel de Chalon que nous avons redéployé ».
« Pour nous, les enjeux sont forts. Ils sont avant tout de conserver notre proximité et de rester, à ce titre, un acteur impliqué dans les territoires », complète Pascal Leyes. « Que les autres décident s’ils le veulent, mais pas pour nous ».




100.000 € pour soutenir la croissance


Selon l'Insee, une perte de 0,1 % de croissance de notre pays serait imputable aux attentats du 13 novembre. Les premiers secteurs touchés sont l’hôtellerie, le commerce, le tourisme.
Dès lors, la CCI 71 a donc décidé de débloquer une enveloppe exceptionnelle de 100.000 € pour les groupements de commerçants et professionnels du tourisme et de l'hôtellerie (UCIA et autres), une enveloppe qui sera débloquée dès le premier trimestre 2016. « Elle sera versée en fonction des projets présentés pour conduire des actions de communication et de promotion, mais aussi pour des actions en de formation des commerçants. L’objectif est de rattraper la perte de croissance le plus rapidement possible », a détaillé Bernard Echalier. « Cette enveloppe est financée grâce à une partie des économies réalisées en 2015 », complétait Pascal Leyes.
Rappelons que la CCI allouait chaque année une enveloppe de 30.000 € aux UCIA.