Les brèves du 16 janvier 2023

Cédric Michelin
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Voici les brèves du 16 janvier 2023

Les brèves du 16 janvier 2023

Chlordécone : le dépistage des salariés agricoles généralisé dès début février

Le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco a annoncé le 14 janvier en Martinique une accélération du déploiement du dépistage sanguin des salariés agricoles pour mesurer leur exposition au chlordécone, promettant une généralisation dès le 6 février. « Ce matin je me suis un peu énervé pour m’assurer qu’au 6 février, les prises de sang (pour mesurer le taux de chlordécone dans le sang, N.D.L.R.) se dérouleraient dans toutes les exploitations agricoles », a déclaré le ministre lors de la visite d’une exploitation de bananes au Lamentin (centre de la Martinique). L’Agence régionale de santé (ARS) de Martinique a annoncé le 16 décembre le lancement d’une campagne gratuite de dosage du chlordécone directement dans les exploitations. Ces tests étaient déjà possibles auparavant mais peu de travailleurs agricoles y avaient recours en raison de l’éloignement des laboratoires. Cette campagne prévoyait initialement un déploiement « au courant du premier semestre 2023 » dans 23 exploitations bananières de la coopérative Banamart, avant de s’étendre « ultérieurement » à d’autres secteurs agricoles, selon le communiqué de l’ARS. Selon les syndicats, entre 6.000 et 7.000 ouvriers agricoles devraient être testés.

 

Influenza : un foyer chez Pampr’œuf, deux centres d’emballage bloqués

Un cas d’influenza aviaire a été confirmé le 12 janvier dans l’élevage de poules pondeuses adjacent à l’un des centres de conditionnement d’œufs de Pampr’œuf, à Pamproux (Deux-Sèvres), indiquent les Marchés le même jour (article payant). Situé entre Poitiers et Niort, ce site comprend deux centres d’emballage : l’un pour des œufs en cage et relié à l’élevage touché, l’autre traitant des œufs alternatifs issus d’autres exploitations. En raison du foyer, les deux centres de conditionnement sont « paralysés » pour « plusieurs jours », ajoute le média du groupe Réussir Agra. Ce blocage pourrait provoquer des « ruptures en rayon », selon les Marchés : Pampr’œuf produit environ 20 % des œufs vendus en grandes surfaces, et le marché des œufs était déjà sous tension ces dernières semaines du fait des conséquences de l’épizootie. Quant à l’élevage touché, il compte quelque 300 000 poules pondeuses en cage ; « il faudra plusieurs mois avant sa reprise, compte tenu des incertitudes sur les disponibilités en poulettes », indiquent nos confrères. Selon le dernier bilan disponible au 12 janvier, la France compte 273 foyers d’influenza en élevage, dont presque les trois quarts dans le bassin avicole du Grand Ouest (Vendée, Maine-et-Loire et Deux-Sèvres).

 

Eau : les niveaux des nappes phréatiques « préoccupants », alerte le BRGM

Dans son bulletin de situation hydrogéologique publié le 13 janvier, le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) a annoncé que la recharge des nappes phréatiques réactives – qui se rechargent rapidement en cas de fortes pluies –, s’est poursuivie, alors que celle des nappes inertielles – caractérisée par des cycles de recharge lents –, a débuté. Pour rappel, les nappes dites « réactives » se rechargent rapidement en cas de fortes pluies alors que les nappes inertielles se caractérisent par des cycles de recharge plus lents. Les niveaux du mois de décembre restent cependant préoccupants dans une grande partie du territoire, avec plus des trois-quarts des indicateurs affichant des niveaux modérément bas à très bas. En cause, des pluies infiltrées insuffisantes au cours de l’automne pour compenser les déficits accumulés en 2022 et améliorer durablement l’état des nappes. « Ce début de recharge déficitaire risque d’affecter les nappes inertielles du Bassin parisien et plus particulièrement celles du couloir Rhône-Saône, fragilisées par un étiage sévère, pour l’année 2023 », prévoit le BRGM. Concernant les nappes réactives, il prédit que « des pluies abondantes et perdurant jusqu’au printemps pourraient permettre de retrouver des niveaux satisfaisants ». Et d’ajouter que « les tendances dépendront essentiellement de la pluviométrie durant l’hiver ».

 

ZFE : les députés disent non à leur suppression, le gouvernement nomme un coordinateur

L’Assemblée nationale a rejeté le 12 janvier une proposition de loi RN, soutenue par LR, qui visait à supprimer les zones à faibles émissions (ZFE) dans les agglomérations, où il est progressivement interdit aux véhicules les plus polluants de circuler. Le lendemain, le gouvernement nommait un coordinateur interministériel, en la personne d’Édouard Manini. Les zones à faibles émissions (ZFE, ou ZFEm) se mettent en place en ordre dispersé, avant leur généralisation, prévue par la loi, le 31 décembre 2024 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants de France métropolitaine. Leur développement profite aux véhicules électriques, mais également aux camions roulant au bioGNV et au B100 (biocarburant à 100 %). Mise en difficulté par la flambée des prix du gaz, la filière GNV avait d’ailleurs contesté l’obtention récente de la vignette Crit’Air 1 par le B100. La proposition de loi du groupe d’extrême droite entendait à l’origine supprimer purement et simplement ces zones, qualifiées de « séparatistes ». Pas question de « baisser la garde » sur « le sujet de la santé de nos concitoyens », a opposé le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, évoquant « le fléau silencieux des morts de la pollution de l’air ».

 

Oléochimie : en Belgique, Oleon (Avril) double ses capacités de production de deux acides gras

Dans un communiqué de presse du 12 janvier, l’entreprise belge spécialisée dans la transformation des huiles végétales et graisses animales en produits oléochimiques Oléon, filiale d’Avril, a annoncé le doublement des capacités de son unité de production d’acides isostéariques et d’acides dimères- deux acides gras d’origine végétale –, sur le site d’Ertvelde (Belgique) d’ici 2024. Cette nouvelle unité permettra de traiter 14 125 tonnes par an, doublant la part d’Oléon sur le marché mondial, rapporte l’entreprise. En 2018, cette dernière a investi 20 M€ dans cette nouvelle unité de production d’acides dimères et d’acides isostéariques « pour répondre à la demande croissante pour de nombreuses applications industrielles, principalement dans le secteur des lubrifiants, des revêtements, et de la cosmétique », précise le communiqué de presse. Oleon, dont le siège social se compte six sites de production répartis de la Belgique à l’Allemagne, en passant par la France, les États-Unis et la Malaisie. En 2021, les produits d’Avril Spécialités, dont Oleon fait partie, ont enregistré un chiffre d’affaires de 941 millions d’euros en 2021.

 

Porc : en Bretagne enquête ouverte sur l’extension d’un élevage, à 12000 porcs

Le parquet de Brest a ouvert une enquête visant l’extension d’une porcherie, de 9000 à 12000 porcs à Landunvez (Finistère) à la suite d’une plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui » déposée par un collectif d’opposants. Le procureur Camille Miansoni a indiqué à l’AFP avoir ouvert cette enquête « pour vérifier les faits dénoncés », confirmant une information du quotidien régional Le Télégramme. Dans une plainte contre X consultée par l’AFP, le collectif Stoppons l’extension d’Avel Vor pointe notamment « la production de lisier de cette extension » qui « génère une pollution de l’air non visible mais aux conséquences lourdes pour la santé de la population du secteur ». Le préfet du Finistère avait annoncé le 9 novembre avoir signé l’arrêté régularisant l’extension de cette exploitation agricole, à l’issue d’une nouvelle enquête publique. Cette exploitation avait obtenu au printemps un avis favorable d’un commissaire-enquêteur de la préfecture pour passer de 9 000 à 12 000 porcs. En août, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté sans incident dans la commune à l’appel de plusieurs associations. Quelque 350 agriculteurs, selon la préfecture, avaient aussi fait le déplacement pour soutenir le gérant de la porcherie, Philippe Bizien, qui présidait alors le Comité régional porcin. Il avait cédé sa place quelques jours plus tard à Carole Joliff.

 

Viande : Arterris regroupe ses sociétés de produits carnés au sein d’Arterris Viandes

Le groupe coopératif Arterris (15 000 adhérents, 1,2 Mrd€ de CA) présentera sa nouvelle structure Arterris Viandes, récemment créée, au Sirha de Lyon (salon de la restauration), annonce-t-il dans un communiqué le 12 janvier. Cette holding remplace Arterris Vision et regroupe les quatre sociétés de produits carnés d’Arterris en ovins, bovins et volailles. Des entités qui cumulent un chiffre d’affaires de presque 300 M€ (soit la majorité du CA du pôle agroalimentaire de la coopérative, à 409 M€ en 2021-2022). Les quatre sociétés en question sont Canu (triperie, abats), Ovimpex (grossiste et transformateur), Vianov (négociant) et Alpes Provence Agneaux (APA, découpe et commerce de gros). Les trois premières sont basées au Min de Rungis, tandis qu’APA rayonne dans l’ensemble du Sud-Est. Avec cette nouvelle structure dirigée par Ricard Riu (directeur du pôle agroalimentaire), Arterris compte « développer les volumes proposés en GMS et RHF », notamment en « [sécurisant] les linéaires en magasin avec une qualité et des volumes constants ». La coopérative occitane espère aussi « intégrer de plus en plus de volumes de viandes issues des producteurs de la coopérative Arterris, et notamment de l’agneau français via sa filiale Alpes Provence Agneaux ».

 

Betterave/néonicotinoïdes : les ONG questionnent Matignon sur l’impartialité de l’ITB

Dans une lettre ouverte envoyée le 12 janvier à la Première ministre et à Marc Fesneau, la LPO, Générations Futures et Agir pour l’environnement « s’interrogent sur l’impartialité de l’Institut technique de la betterave (ITB) pour orchestrer les travaux du plan national de recherche et d’innovation » (PNRI), dédié aux alternatives aux néonicotinoïdes en betterave. De même, les ONG questionnent « la composition du conseil de surveillance », au duquel leurs positions « n’ont jamais été entendues ». Avant de participer au prochain comité de surveillance, les associations demandent donc à être « rassurées » sur le fait que la réunion prévue le 20 janvier prochain « ne sera pas une simple chambre d’enregistrement ». Car, en se basant sur les résultats d’analyses menés par l’ITB, les ONG demandent « une interdiction totale » dès 2023, rappelant que le risque de jaunisse pour 2023 est « bien moindre » qu’en 2020, avec un faible réservoir viral. Une dérogation française serait également d’autant plus incompréhensible pour les associations que la Belgique ne l’a, elle, pas renouvelée. Autant d’éléments qui justifient même selon les signataires une interdiction « sans aucune exception possible » pour les années à venir.

 

Fruits et légumes : les consommateurs adaptent leurs habitudes à la hausse des prix

Les prix des fruits et légumes frais ont encore augmenté de 6,7 % entre décembre 2021 et novembre 2022, après 5,3 % sur la période précédente (2020-2021), selon des chiffres de l’Insee présentés par Interfel (interprofession) à l’occasion d’une conférence de presse le 12 janvier. Cette hausse « peut être imputée aux aléas climatiques, plutôt qu’à l’inflation ». Cependant, on constate « quasiment une non-inflation sur les prix des fruits et légumes réellement achetés », relève le président d’Interfel Laurent Grandin, soit +1 % sur un an selon Kantar. Ce qui montre que les consommateurs ont arbitré leurs achats en jouant sur la diversité de la gamme de produits, des circuits de distribution et des offres présentes. « La hausse des prix n’est jamais homogène », explique le président. Les consommateurs ont donc fait preuve « d’agilité » en se tournant vers les produits les moins inflationnistes. En volume, les fruits et légumes frais connaissent un recul moins marqué que l’ensemble des produits frais traditionnels. De plus, leur niveau d’inflation est inférieur à celui des autres produits frais, qui ont augmenté de 12,5 % entre novembre 2021 et octobre 2022, selon l’Insee.

 

Maïs : les prévisions de production mondiale revues en baisse sensible (USDA)

Le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la baisse le 12 janvier ses prévisions de production mondiale de maïs pour la campagne en cours, entraînant un rebond des cours sur le marché, rapporte l’AFP. Les récoltes sont désormais attendues à 878 Mt (hors Chine), soit 10 % de moins que la précédente estimation de l’USDA, publiée en décembre, selon le rapport Wasde publié le 12 janvier. Parmi les pays dont les prévisions ont été modifiées figurent le Brésil et l’Argentine, affectés par les effets du phénomène climatique La Nina qui a privé de précipitations suffisantes une partie de ces territoires. « On sait que les conditions sèches ont sans doute joué », a souligné Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage, à l’AFP. Du côté des États-Unis, les projections de production se sont contractées de plus de 14 %, en raison notamment des surfaces récoltées moindres par rapport aux superficies plantées. Les agriculteurs américains ont ainsi laissé sur pied près de 4 M ha de maïs cette saison, soit sensiblement plus que lors des deux campagnes précédentes. Ce développement est partiellement attribuable à la sécheresse qui a frappé, et continue de pénaliser, plusieurs régions américaines, en particulier dans la partie centrale du pays.

 

Pommes de terre fraîches : Francisco Moya, élu à la tête du CNIPT

Le comité national interprofessionnel de la pomme de terre de conservation (CNIPT) a annoncé, dans un communiqué de presse du 13 janvier, l’élection de son nouveau président, à l’issue de son Assemblée générale puis d’un Conseil d’administration électif, qui se sont tenus le 11 janvier. Francisco Moya, représentant de la Fedepom, la Fédération nationale des négociants de pommes de terre prend la suite de Luc Chatelain (UNPT), pour une durée de trois ans. En 2013, Francisco Moya avait assuré, en intérim, la présidence pendant six mois, à la suite du départ prématuré de Sébastien Galland. Face à la diminution de la consommation de pommes de terre fraîches, Francisco Moya affirme « avoir conscience des enjeux pour la filière », parmi lesquels « l’environnement réglementaire très contraignant pour tous les maillons de la chaîne, des saisons fortement perturbées par les conséquences des dérèglements climatologiques […] sans même parler du contexte géopolitique général », rapporte le communiqué de presse.

 

Appellations d’origine : Carole Ly confirmée à la tête de l’INAO

Après avoir été nommée directrice adjointe en mai, puis directrice par intérim cet été, Carole Ly vient d’être confirmée directrice de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), par un arrêté paru le 12 janvier. Elle remplace Marie Guittard, qui occupait la direction de l’INAO depuis 2017. Appelée rue de Varenne par Julien Denormandie en 2020, Carole Ly a passé deux ans au cabinet du ministre de l’Agriculture. Entre 2017 et 2020, elle était cheffe de la mission des Affaires européennes et internationales de FranceAgriMer.