Agro Bio Campus Davayé
Avec l'ouverture en 2024 du BTS GPN, les esprits vont chauffer entre vitis et écolos

Cédric Michelin
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La semaine dernière, nous vous annoncions le lancement du Diplôme d’État de la Jeunesse, de l’Éducation et des Sports (Dejeps), mentions sports équestres, spécialités dressage ou saut d’obstacles et hunter, fruit d’un partenariat entre le lycée viticole de Davayé et le centre équestre de Mâcon-Chaintré. Mais ce n’est pas la seule nouveauté à Agro Bio Campus Davayé : le BTS GPN, gestion et protection de la nature, a vu le jour. Les inscriptions sont ouvertes pour la rentrée 2024.

Avec l'ouverture en 2024 du BTS GPN, les esprits vont chauffer entre vitis et écolos

Depuis plus d’un an (lire notre dossier enseignement de mars 2023), le directeur de l’Agro Bio Campus Davayé (ABCD), Jean-Philippe Lachaize élaborait son plan : lancer un BTS (brevet technicien supérieur) pour préparer aux métiers de la gestion et de la protection de la nature (GPN). C’est chose faite. Ainsi, les élèves le souhaitant pourront poursuivre leurs études après un bac STAV ou un bac pro GMNF (gestion des milieux naturels et de la faune). « Beaucoup de jeunes sont intéressés par la protection de l’environnement et la préservation de notre patrimoine », constate avec plaisir le directeur satisfait.

La Saône-et-Loire peut s’enorgueillir, il s’agit là du premier BTS GPN ouvert en France dans un lycée viticole. Une « originalité » qui s’apparente aussi à « une provocation volontaire », anticipe Jean-Philippe Lachaize. Loin d’avoir peur des « interrogations et polémiques » que ce BTS va engendrer, Jean-Philippe Lachaize a bon espoir au contraire de voir les « polémiques » se dégonfler par elles-mêmes, grâce au dialogue entre les spécialités. Ce BTS va en effet « fonctionner » avec les BTS Viti-Oeno (VO). Une cohabitation qui risque d’entraîner des « chicaneries » en première année avant de s’apercevoir en deuxième année qu’ils ont « besoin des autres. Les VO seront très contents d’avoir eu des notions d’environnement et de préservation pour parfaire leur projet professionnel, en intégrant encore plus la protection des sols, la biodiversité… dans leur modèle économique ». Une prise de conscience qui a déjà cours chez les vignerons de Bourgogne. À l’inverse, « les GPN prendront conscience que le discours environnemental, et environnementaliste, ne peut fonctionner que s’il a une raison économique satisfaisante derrière ». Il y a peut-être des élus et personnels politiques qui vont devoir reprendre leurs études, à Davayé de préférence…

Recherche de complémentarités

C’est donc bien tout l’inverse « d’une logique d’affrontement » qui prédomine pour l’ouverture de ce premier BTS GPN de France dans un lycée agricole. « Au contraire, on recherche de la complémentarité », conclut Jean-Philippe Lachaize qui a le soutien d’une grande partie du corps enseignant qui attendait ce jour depuis longtemps. Concrètement, le BTS GPN apprend à faire de la « pédagogie de projets environnementaux ». Les étudiants sont en permanence en interactions avec les collectivités locales, les associations, les interprofessions… pour monter des projets en lien avec la préservation de l’environnement. Des profils très recherchés actuellement. Évidemment, Grand site de France oblige, les étudiants seront amenés rapidement à travailler sur la réhabilitation des murs en pierres sèches du vignoble entourant Solutré-Vergisson. Un exemple parmi d’autres sur des projets agricoles respectant ainsi la biodiversité.

« Cela correspond aussi à l’ADN de Davayé et l’image que l’on souhaite donner de notre Agro Bio Campus. Tout cela a du sens : on garde notre identité viticole en se positionnant comme l’établissement viticole le plus en pointe pour faire une viticulture durable », explique Jean-Philippe Lachaize. De nombreux projets ont d’ailleurs cours au sein de l’établissement, à l’image du projet de recherche sur la viti-foresterie, Vitaf, puisqu’une parcelle doit être aménagée, avec le concours de la chambre d’Agriculture et des partenaires.

De quoi avoir un bagage académique complet permettant de poursuivre si envie en licence ou master en gestion de projets environnementaux. Le taux d’insertion des BTS GPN en France est généralement bon, de l’ordre de 74 %, chiffre amené à progresser avec Davayé, soyons sûrs. La première promotion devrait donc accueillir 16 jeunes qui « fonctionneront » donc avec la classe de VO, pour former une classe de 32 élèves. La sélection se fera via Parcoursup.

En vrai ou en virtuel

En vrai ou en virtuel

Le CFPPA de Davayé a aussi son lot de nouveautés. Les BTS Viti-Oeno et Technico-Commerciaux s’ouvrent en effet à l’apprentissage. Avis aux maîtres de stage donc. Autre métier ouvert à l’apprentissage, le CS tractoriste est possible jusqu’à l’âge de 30 ans pour rappel. De quoi profiter pleinement de la plateforme Viticonduite, pour s’entraîner dans de nombreuses configurations et avec différents matériels provenant des concessionnaires partenaires.

Voici pour le côté mise en pratique sur le terrain et dans la vraie vie. Mais en 2024, le virtuel a également le droit de cité.

En cette fin janvier, huit simulateurs sont en place sur le campus de Davayé avec trois postes munis d’e-cab, logiciel de simulation de conduite de tracteurs/enjambeurs. Trois autres postes sont dédiés à la taille de la vigne virtuelle avec le logiciel de simulation Ampelos. Enfin, e-maint, est lui un logiciel de simulation dédié à la maintenance des engins viticoles.

Un vrai « investissement » pour le lycée (155.000 €) financé par le Conseil Régional BFC, la MSA Bourgogne, le Crédit Agricole et Mâconnais-Beaujolais Agglomération dans le cadre de ses missions sur l’emploi.