Gaec Berland Luc et Denis
De la sélection des animaux à la vente directe des produits
Au cœur du berceau charolais, une famille d’éleveurs-sélectionneurs de bovins et ovins s’est diversifiée dans la finition de leurs animaux et la vente directe. Une suite logique pour Denis et Luc Berland qui entendent ainsi adapter leur entreprise à la conjoncture.
Le Gaec Berland est l’exploitation de Luc et Denis Berland à Viry. Le premier s’est installé en 2010 en s’associant avec son père Michel. Il a été rejoint par son frère cadet Luc en 2017 au départ en retraite de leur papa. Éleveurs-sélectionneurs depuis cinq générations, les membres de la famille Berland exploitent aujourd’hui 190 hectares et élèvent un troupeau de 155 vaches ainsi qu’une troupe de 220 brebis charollaises toutes inscrites. Les premières plaques de concours présentes sur l’exploitation datent de 1921 et depuis 2005, le Gaec Berland accumule les récompenses notamment sur le concours national de Mouton Charollais. Doués pour la sélection de reproducteurs, les membres de la famille Berland maîtrisent aussi la finition de leurs animaux. En témoigne le super prix d’honneur génisses remporté au Festival du Bœuf en 2016. En 2019 et 2020, le Gaec obtenait le prix d’honneur du concours d’agneaux de boucherie organisé dans le cadre du Festival.
Finalité bouchère
Ce souci de la finalité bouchère de leurs animaux, les Berland en ont fait leur « marque de fabrique ». Chez eux, le lien entre le verdict des concours et la valorisation bouchère est une évidence. D’ailleurs, outre la vente de futurs béliers et taureaux pour la reproduction, ils se sont mis à commercialiser des animaux pour la boucherie directement aux consommateurs. Tout a commencé avec des veaux de lait puis des agneaux vendus dans un premier temps à des bouchers du coin. Le projet de magasin de vente directe s’est concrétisé avec des éleveurs d’une commune voisine, le Gaec Bouchot-Farjaud à Vendenesse-lès-Charolles. Ce dernier commercialisait déjà de la viande de bœuf en direct. Les deux élevages ont été rejoints par la Ferme d’Arthus à Beaubery (volailles), les Viviers du Moulin (poisson d’eau douce) à Beaubery, La Ferme des Blancs (viande de porc et charcuteries) à Colombier-en-Brionnais, le Gaec Gateau (fromages de chèvres) à Viry…
Magasin de producteurs
Ensemble, ils ont créé une association « Le Pré d’Union Charolais » dont Denis Berland est le vice-président. Le collectif s’est trouvé un magasin, en l’occurrence une ancienne boucherie-charcuterie à Vendenesse-lès-Charolles. Le local, propriété de la commune, était encore équipé d’une chambre froide et d’une banque réfrigérée. Accueillant très favorablement le projet, le maire est lui-même devenu adhérent de l’association, informe Denis. Aujourd’hui, le magasin est achalandé par une dizaine de producteurs. La gamme des produits s’est enrichie avec du miel, du vin, de la bière… « Rien que de l’ultra-local ! », fait valoir Denis qui indique que tous les animaux sont nés, élevés, abattus et transformés dans un rayon de 30 km.
En 2019, le Gaec Berland a fourni une quarantaine d’agneaux ainsi qu’une vingtaine de veaux de lait pour le magasin collectif. Comme à son habitude, Denis sélectionne ses agneaux de boucherie avec soin : « je les regarde au moins une fois par semaine pendant leur finition. Il faut les toucher pour vérifier qu’ils ne deviennent pas trop gras ». Les meilleurs agneaux sont les « laitons » qui sont nourris au lait de leurs mères et juste finis avec une petite complémentation de matières nobles (céréales, tourteaux de lin, luzerne…). « Ils donnent une viande hyper tendre et sans odeur », confie Denis.
Des arguments qui séduisent la clientèle
Conscient de la qualité exceptionnelle de ses produits, le sélectionneur de mouton charollais est toujours prêt à faire déguster. D’autant qu’à chaque fois qu’ils ont l’occasion de goûter de l’agneau charollais, « les consommateurs n’en reviennent pas ! », rapporte l’éleveur.
Ces dégustations au magasin, lors de fêtes rurales ou de manifestations diverses sont des moments privilégiés, apprécie-t-il. « Comme on maîtrise tout de A à Z, on peut expliquer d’où vient l’animal, comment il a été élevé, etc. Le fait d’être sélectionneur, les nombreux trophées remportés en concours et l’attention portée depuis toujours au grain de viande et à la finesse de peau sont des arguments qui séduisent la clientèle", révèle Denis.
Le Gaec Berland propose de la viande de veaux et d’agneaux ainsi qu’une large gamme de produits. Les burgers d’agneaux ou de veaux régalent les convives lors des dégustations ! Outre des saucisses, merguez, saucissons à cuire, la famille Berland commercialise une blanquette de veaux en verrines, des paupiettes ainsi que toute une gamme de tartinades aromatisées : « le P’tit Nou’veau » à base de viande de veau et « la Bêêêlle Charollaise » à base de viande d’agneau.
« Un virage qu’il fallait prendre »
« Le magasin collectif nous a ouvert d’autres portes », confie Denis Berland qui cite les autres débouchés de la ferme : une supérette dans le Mâconnais, une autre dans les Monts du Charolais, un magasin de produits du terroir dans le Val de Loire…
Pour Denis, « la vente directe était un virage qu’il fallait prendre car il faut savoir travailler avec son temps ; s’adapter à la conjoncture et à la demande des consommateurs ». Dans un bassin d’élevage longtemps exclusivement dédié à la production de bovins maigres au détriment des ovins et des circuits courts, le Gaec Berland envisage même d’augmenter le nombre de ses brebis et de réduire un peu les vaches. Les associés commencent aussi à dessaisonner leur production ovine pour être en mesure de fournir des agneaux toute l’année. Une pratique peu fréquente dans l’élevage traditionnel de moutons charollais.
