CARBURANTS
Tensions sur l'approvisionnement en GNR

Réunion de crise au ministère de la Transition écologique, appel des distributeurs à limiter le remplissage des cuves, inquiétude des entreprises de travaux agricoles face à l'inflation et aux restrictions. La tension monte autour de l'approvisionnement de l'agriculture en gazole non routier (GNR), alors même que la saison des champs débute.

Tensions sur l'approvisionnement en GNR
Les entrepreneurs de travaux agricoles (ETA) observent des « restrictions » dans leur approvisionnement en GNR, avec des contingentements allant jusqu'à 1 000 ou 5 000 litres maximum par livraison, selon les départements.©Terres_et_territoires

Au ministère de la Transition écologique, la direction générale de l'Énergie et du Climat (DGEC) a organisé une réunion de crise, le 9 mars, sur la question des disponibilités de carburant. Figuraient autour de la table les pétroliers, les distributeurs de carburants, mais pas le secteur agricole, à son grand regret, qui se plaint de faire face à des restrictions d'approvisionnement. Une situation que reconnaissent et déplorent les distributeurs. Dans un communiqué paru à la sortie de cette réunion, la FF3C admet que ses adhérents « rencontrent des difficultés croissantes pour l'approvisionnement du marché des gazoles vrac », principalement des transporteurs et des agriculteurs. Elle constate une « situation de disponibilité des produits ne permettant pas d'honorer des achats de précaution ». Concernant le gazole non routier (GNR), « les besoins ne pouvant être restreints », les distributeurs appellent à la « modération » des professionnels. Ils leur recommandent « de limiter le remplissage des stocks utilisateurs pour passer le cap des délais de réapprovisionnement en substitution de la ressource russe ». Par ailleurs, compte tenu des « hausses de prix exorbitantes » qui amplifient le risque financier des fournisseurs de produits pétroliers, les distributeurs de la FF3C annoncent qu'ils « peuvent alors être contraints d'exiger des paiements comptant de leurs clients professionnels s'ils ne sont pas convenablement couverts par une assurance-crédit ». Enfin, ils annoncent que « les délais de livraison, considérablement rallongés du fait de la conjoncture, peuvent rendre impossible la garantie des prix à la livraison ». Et d'expliquer que « les entreprises de distribution ne valident définitivement une commande et son prix de vente qu'à réception de leur approvisionnement (et non à la réservation initiale de commande) ».

Les ETA craignent la rupture

Conformément aux annonces des distributeurs, les entrepreneurs de travaux agricoles (ETA) observent des restrictions dans leur approvisionnement en GNR, avec des contingentements allant jusqu'à 1 000 ou 5 000 litres maximum par livraison, selon les départements. Alors que la saison des travaux des champs débute, leur fédération, la FNEDT, souhaitait alerter les autorités sur leur situation en organisant le 9 mars une conférence de presse, faute d'être, selon elle, suffisamment entendue par le gouvernement. Elles ont annoncé d'une part qu'elles sont « en passe d'être dans la rupture » face au manque d'approvisionnement en GNR, et qu'elles se situent dans une « impasse totale » à cause de l'augmentation des prix. La question des prix préoccupe ces entreprises à deux titres : d'abord pour des raisons de trésorerie, mais aussi pour des questions de répercussion de la hausse chez leurs clients. Les prix du GNR a atteint ces derniers jours environ 1,50 euro le litre (contre environ 0,60 euro il y a trois ans). Les ETA sont davantage exposées à cette hausse que les exploitations car la charge du carburant représente 15 % du montant de leurs services, et passerait à 30 % si la hausse des tarifs du GNR n'était pas répercutée, selon la FNEDT. Les ETA mettent plusieurs mesures sur la table : côté trésorerie, un remboursement anticipé de la TICPE, habituellement reversé par l'État au mois de juin. Et pour limiter les effets de la hausse : une répercussion automatique, en pied de facture, des tarifs du GNR sur leurs prestations, sur le modèle de ce qu'aurait obtenu récemment le secteur du transport routier. Cette question de l'approvisionnement en GNR a également été évoquée par la FNSEA lors de son entrevue avec le Premier ministre. Dans le cadre de l'élaboration d'un plan de résilience pour les entreprises et les particuliers face au renchérissement des matières premières, « nous avons demandé des garanties de livraison pour les métiers du soin et de l'alimentation », a expliqué la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.

M.R.