Ressources en eau
Un marathon d'idées soumis au regard des agriculteurs

Berty Robert
-

Des étudiants de l'Institut Agro Dijon ont « planché » pendant trois jours sur le thème de la gestion de la ressource en eau, au cours d'un hackathon. Un événement qui s'inscrit dans la réflexion lancée par la Chambre régionale d'agriculture de Bourgogne-Franche-Comté sur l'agriculture de 2040.

Un marathon d'idées soumis au regard des agriculteurs
Les étudiants de ce premier hackathon de l'Institut Agro Dijon pourraient « faire école » : déjà, l'envie d'en faire de nouveaux, sur d'autres sujets liés à l'avenir de l'agriculture, s'exprime.

L’agriculture de 2040, elle sera leur quotidien. Les étudiants de l’Institut Agro Dijon qui ont participé à un hackathon (voir encadré) organisé du 7 au 9 mars avaient donc à cœur de s’impliquer dans cet évènement inédit pour eux, mais apte à faire émerger des idées pour l’avenir. Il s’inscrivait dans le cadre de l’initiative lancée en novembre par la Chambre d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) « Imaginer demain - Agir aujourd’hui. Ensemble vers 2040 : des territoires dynamiques, des agriculteurs épanouis ». En travaillant et en réfléchissant pendant trois jours sur la thématique de la gestion de l’eau, à l’échelle de différents territoires, et de manière adaptée à tous les acteurs concernés, ils auront apporté leur pierre à cette tentative d’imaginer le futur proche de notre agriculture régionale. Ils avaient là l’occasion d’exposer leur capacité à innover et c’était d’autant plus intéressant pour eux qu’ils l’ont fait en confrontant leurs idées à des agriculteurs venus les écouter. Pour eux, qui se destinent au métier d’ingénieur agronome, l’exercice n’était pas sans risques, mais il a été formateur et stimulant. « Nous avons eu un vrai échange constructif, reconnaissaient-ils, alors que nous avions l’impression de présenter des choses qui pouvaient faire peur. Pourtant, les agriculteurs présents nous ont remerciés !… »

Ne rien s’interdire

Lors de la restitution de leurs trois jours de travaux, le 9 mars à l’Institut Agro, les étudiants ont d’abord présenté un état des lieux sur la ressource en eau et l’irrigation avant d’imaginer des pistes potentielles afin de préserver ces ressources. Répartir différemment les zones d’élevage sur la BFC, en déconcentrant les zones où celui-ci est le plus présent, et en ré-introduisant ailleurs, mettre en place des plannings d’épandage, insérer les animaux au cœur de services éco-systémiques, ou même imaginer des croisements entre montbéliardes et zébus ! L’intérêt d’un hackathon est de rien s’interdire sans pour autant verser dans la fantaisie la plus totale. Chacune des propositions devait être étayée de manière sérieuse, argumentée, et en s’appuyant sur une bibliographie conséquente. Pour réduire le recours aux produits phytos, les pâturages d’intercultures faisaient aussi partie des pistes envisageables. Évidemment, un travail sur la ressource en eau ne pouvait faire l’économie d’un questionnement sur son éventuel stockage, sujet aujourd’hui hautement polémique. Les étudiants ont fait le choix d’aborder le problème sous son angle juridique. « Le stockage, expliquait l’une d’entre eux qui confessait s’être prise de passion pour la législation autour de l’eau à l’occasion de ce hackathon, pose la question de la propriété de l’eau ».

L’importance du regard des nouvelles générations

Les étudiants de l’Institut Agro ont aussi privilégié, dans leurs pistes de réflexions, des solutions mettant en avant le collectif étaient privilégiées. En conclusion, Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture BFC qui assistait à la restitution des travaux de l’hackathon a redit l’importance du regard d’une nouvelle génération sur ces problématiques. « Ça nous a fait du bien de réfléchir à 2040, concluait l’une des participantes, alors que nos cours nous forment à l’agriculture d’aujourd’hui. Nous craignons parfois d’obtenir un diplôme qui ne serait plus adapté à la réalité… ».

Qu'est-ce qu'un hackathon ?

Le mot hackathon est la contraction des termes « hacker » et « marathon ». C’est une compétition d’innovation où les participants se réunissent pour générer des idées et concevoir des solutions sur une période très courte. Il est pensé comme un marathon créatif avec une visée opérationnelle. Le travail se fait de façon collaborative et dans un laps de temps contraint. Le défi de cet hackathon était de parvenir à proposer des actions dans le but de faire évoluer les filières et territoires agricoles en se basant sur les controverses et points de discussions saillants au sein de la profession agricole et entre la profession et le reste de la société. Le résultat du travail des étudiants pouvait se traduire de différentes manières : documents écrits, poster, diaporama… Le support final devait être transférable à la Chambre d’agriculture régionale pour une éventuelle utilisation lors de la journée de restitution des travaux sur le projet 2040 le 27 mars.