Glyphosate
Beaucoup plus d’interrogations que de réponses

Régis Gaillard
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Plus que jamais, la problématique glyphosate continue à générer un vrai désarroi au cœur de la filière viticole. Comme l’a confirmé la réunion du 28 janvier dernier, organisée par l’Union viticole de Saône-et-Loire et le Vinipôle Sud Bourgogne, le moment était idéal pour faire le point sur la règlementation et les perspectives à court terme.

Beaucoup plus d’interrogations que de réponses

Loin de certains effets d’annonces étatiques, il était temps en ce début d’année 2021 de faire un point sur un sujet digne des arlésiennes les plus célèbres : le glyphosate. Alors que débute en 2015 la controverse scientifique autour du caractère « potentiellement cancérogène » du glyphosate, est voté par les États membres de l’Europe, le 27 novembre 2017, le renouvellement de l’autorisation du glyphosate à la majorité (18/28), la France ayant voté contre. Pour sa part, le président de la République « demande au gouvernement des dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite au plus tard dans trois ans ». Début 2018, le gouvernement s’engage à « mettre fin aux principaux usages du glyphosate d’ici trois ans au plus tard et d’ici cinq ans pour l’ensemble des usages, tout en précisant que les agriculteurs ne seraient pas laissés dans une impasse ». La même année, la FNSEA se mobilise notamment pour montrer l’impact de l’interdiction du glyphosate sur les coûts, les impasses techniques engendrées… mais aussi en apportant des alternatives dans son Contrat de Solutions.

Avec, également, un grand nombre de mobilisations avec plus de 1.000 tracteurs à Paris, un blocage d’autoroutes à Lyon, une opération escargot à Chalon ou encore une mobilisation devant la préfecture à Mâcon.

Alors que les résultats de l’évaluation comparative de l’Anses sont rendus publics, la FNSEA envoie un courrier à la direction de l’Anses pour dénoncer les impasses et demander la saisie du comité de suivi des AMM (autorisation de mise en marché). « Nous avons l’impression d’être dans un rouleau compresseur, avec un sentiment d’impuissance », ne pouvait s’empêcher de lâcher Marc Sangoy, membre du bureau à la chambre régionale d’agriculture de Bourgogne Franche-Comté, lors de la réunion du 28 janvier.

Quelques avancées obtenues par la FNSEA

Aujourd’hui, grâce à la mobilisation de la FNSEA, ont été obtenus un maintien d’une quantité autorisée à l’hectare correspondant au traitement sous le rang et des dérogations autorisées dans certaines zones (vignes en forte pente, sols caillouteux). Avec, également, une autorisation pour la dévitalisation des ceps de vigne. En outre, les travaux de l’Inrae, de l’ITA et du comité de suivi des AMM, sous l’impulsion de la FNSEA, ont permis de faire reconnaitre un certain nombre d’impasses : la restriction de l’utilisation à 20 % (traitement uniquement sur 20/25 cm sous le rang) de la surface met une partie du vignoble en impasse technique (estimée à 15 %). Quant à l’interdiction d’utilisation de glyphosate entre les rangs de vigne, l’Anses n’apporte pas davantage de précisions sur les notions suivantes, peu précises : sols (très) caillouteux, en (fortes) pentes, en terrasses, sur buttes… À noter que les éventuelles sanctions seront attribuées à l’appréciation du contrôleur !

Pour sa part, la Commission viticole de la FNSEA demande non seulement une approche cohérente pour les cultures pérennes (c’est-à-dire réduire seulement de 60 % la dose de traitement soit 900 grammes/hectare/an, sur une surface maximum de 40 % comme c’est le cas pour l’arboriculture) mais aussi de limiter la bande traitée à 50 cm sous le rang quel que soit le type d’écartement (vignes étroites comme larges) et une reconsidération de la gestion des vivaces, au vu de l’impasse technique engendrée. 

Plus blanc que blanc en France

En outre, force est de constater que, concernant le plan de sortie du glyphosate en Europe, les engagements pris par le gouvernement hexagonal en 2018 quant aux usages du glyphosate vont bien au-delà du cadre européen. En effet, alors que le glyphosate reste autorisé dans les autres pays de l’Union européenne, la France est le premier pays à mettre en place le dispositif de restrictions et d’interdictions d’usages de la substance active glyphosate. Le slogan : "n’importons pas les produits que nous ne voulons pas" reste plus que jamais valable pour des questions de logique, de compétitivité et d’environnement.