Sortie du glyphosate
Pas de solution miracle

Régis Gaillard
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À l’occasion de la réunion organisée le 28 janvier dernier par l’Union viticole de Saône-et-Loire et le Vinipôle Sud Bourgogne, Florent Bidaut a apporté quelques pistes intéressantes pour se substituer au glyphosate. Sans pour autant proposer de solution miracle.

Pas de solution miracle

Responsable expérimentation viticole au sein du Vinipôle Sud Bourgogne, Florent Bidaut s’est attaché à rappeler la raison du changement souhaité des pratiques tout en évoquant les alternatives possibles ainsi que l’impact des changements de pratiques sur la vigne, les coûts de production et l’organisation des exploitations.
Avec, à la base, un constat simple de la présence régulièrement observée dans les eaux souterraines ; en 2007, à partir d’un suivi de 22 stations, 25 molécules ont été détectées dont 21 herbicides (ou métabolites), pour la plupart déjà interdits. En 2017, après le retrait d’autres herbicides, le glyphosate (dont l’utilisation a fortement augmenté) se retrouve le plus fréquemment. En plus de ces analyses, depuis quelques années, la pression sociétale se renforce avec le glyphosate en première ligne. En outre, l’évolution de la réglementation impose à la profession viticole de s’adapter. Bien évidemment, il y a des différences de pratiques entre les secteurs. Qu’il s’agisse de différences de conduite des vignes (densité, taille, palissage…), de taille d’exploitation (et d’UMO), de vinification différente (cave particulière / cave coopérative), de valorisation selon les appellations, de circuits de vente (vente directe, œnotourisme, négoce, export) et d’historique des pratiques.

Pas une, mais plusieurs alternatives

Aujourd'hui, plusieurs alternatives sont possibles au désherbage chimique. Avec, pour chacune, des avantages et des inconvénients et une efficacité variable.
Première solution : l’enherbement, inter-rang ou total. Une technique qui limite l’érosion et permet de maîtriser la vigueur. Avec, en outre, un vrai plus en terme de portance, de vie du sol et de sensibilité aux maladies. Toutefois, au niveau des points négatifs, on citera une concurrence hydro azoté, un risque accru de gel, des contraintes d’entretien, une gestion de la flore et un coût loin d’être négligeable.
Autre solution : l’entretien mécanique. Avec, côté avantages, l’aération du sol et la vie du sol ainsi qu’une bonne résistance à la sécheresse et un vrai atout en terme d’infiltration de l’eau. Cependant, cela suppose un investissement en matériel, un temps de travail supplémentaire, certaines conditions de passage, une nature du sol adaptée et une efficacité variable selon l’humidité de l’année.
Quant au paillage, diverses solutions sont possibles : paille de céréales, écorces, plastique, feutres naturels ou encore miscanthus. Cela apporte un plus en terme de maintien de l’humidité sous le rang, une amélioration de la vie du sol et pas d’entretien en saison. Toutefois, il y a un coût et un temps de mise en place et aucune garantie dans le temps. Enfin, au niveau du désherbage thermique, il est plus rapide que le désherbage mécanique. Mais cela entraine un réel coût, une consommation importante de gaz, une repousse des adventices, un risque pour la vigne et pour l’applicateur.
Parmi les autres solutions possibles, on signalera pêle-mêle le désherbage électrique, les herbicides « naturels » voire la robotique. Un dernier domaine porteur d’espoirs mais loin d’apporter les solutions idoines.

En conclusion, l’enherbement (sur les parcelles qui le supportent) combiné au travail du sol semblent être les meilleures alternatives actuelles. La suppression du glyphosate aura un impact fort sur l’organisation. L’expérience est le meilleur atout du professionnel.