Grand Charolais
Téol et AgriSudEst ne feront qu’un !

Marc Labille
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Le 1er juillet prochain, Téol et AgriSudEst donneront naissance à une nouvelle coopérative ancrée sur le grand Charolais. Ce mariage permettra de moderniser, rationaliser et optimiser magasins, sites de collecte et usines d’aliments sur le territoire. Une alliance qui bénéficiera du renfort d’Oxyane, groupe coopératif auquel sera associé la nouvelle coopérative charolaise.

 

Téol et AgriSudEst ne feront qu’un !
Gilles Mazille, président et Hugues Dauzet, directeur devant l’usine d’aliments de Charolles.

Comme évoqué dans L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire du 12 mars dernier, la coopérative Téol déploie cette année un « nouveau projet stratégique ». Cette nouvelle « feuille de route est le fruit d’une réflexion entamée il y un peu plus de 18 mois », présente le président Gilles Mazille. « Depuis plusieurs années, le résultat comptable de notre coopérative se dégradait. Il nous fallait retrouver un équilibre financier. Une de nos difficultés concernait la collecte de céréales avec des outils très anciens qui n’étaient plus adaptés aux besoins d’aujourd’hui. Il fallait investir », poursuit le président. Téol devait aussi composer avec « un environnement très concurrentiel, où chacun chasse sur le territoire de l’autre, où les regroupements et concentrations vont bon train… Une concurrence qui affaiblit, altère les marges et donc diminue les capacités à investir », font remarquer de concert Gilles Mazille et Hugues Dauzet, nouveau directeur de la coopérative depuis le 1er janvier dernier. 

Tout cela intervient dans un contexte général qui incite au changement, introduit le directeur : la problématique du renouvellement des générations en agriculture, l’érosion chronique du cheptel allaitant, la récurrence des aléas climatiques avec tous leurs impacts sur les exploitations, la loi de séparation du conseil et de la vente, la digitalisation des entreprises et la généralisation de l’e-commerce, les attentes sociétales…

Problématiques similaires, savoir-faire complémentaires

Partant avec l’idée de « ne rien s’interdire », Téol s’est tournée « vers ses collègues les plus proches géographiquement », confie Gilles Mazille. Implantés sur des zones communes, Téol et AgriSudEst partageaient des problématiques similaires, poursuit le président. Concurrentes sur le terrain, elles étaient toutes les deux dans une réflexion stratégique ; AgriSudEst envisageant de son côté une restructuration. Les deux structures ont examiné ensemble « leurs points forts et leurs points faibles… ». Très vite, l’intérêt « d’additionner leurs compétences en réalisant des économies là où c’est possible » s’est fait jour, confie Gilles Mazille. De fait, les deux entités avaient des savoir-faire très complémentaires. Téol et ses deux usines d’aliments, très implantée dans le milieu de l’élevage allaitant ; AgriSudEst et ses compétences en cultures de céréales. 

La force d’Oxyane

À cela s’ajoute l’appartenance d’AgriSudEst au groupe coopératif Oxyane. AgriSudEst est en effet une filiale de négoce qui appartenait à la coopérative La Dauphinoise (38) aujourd’hui fusionnée avec Terre d’Alliance (01) pour former Oxyane. La proximité d’un groupe coopératif important comme l’est Oxyane était un argument de poids pour un rapprochement entre Téol et AgriSudEst. D’autant que Téol avait déjà des liens avec Terre d’Alliance et La Dauphinoise. La première de longue date au travers de nombreux partenariats et la seconde notamment au travers de la fourniture d’aliments volailles au Domaine de Sommery à Vaudebarrier. Cet atelier industriel de poules pondeuses qui appartient à la branche œufs d’Oxyane est en cours de démantèlement, d’où la perte d’un débouché important pour Téol.

« Alliance en coopératives associées » 

Les discussions entre les deux entités ont débuté il y a un peu plus d’un an. Elles expliquent en partie le report des assemblées générales de Téol au 26 mars dernier, confie Gilles Mazille. C’est « une alliance en coopératives associées » qui a été choisie, expliquent le président et son directeur. Concrètement, Téol et les magasins et techniciens d’AgriSudEst du grand Charolais s’unissent au sein d’une nouvelle entité coopérative dont le nom sera dévoilé en juillet prochain. Jusqu’alors négoce privé filiale d’Oxyane, AgriSudEst passera au statut coopératif. « Coopérative associée du groupe Oxyane, la nouvelle structure charolaise demeurera autonome avec un conseil d’administration, une direction, une équipe commerciale », informe Hugues Dauzet. Avec toutefois le renfort des moyens d’Oxyane pour certaines « fonctions supports », ajoute le directeur. La nouvelle coopérative comptera près de 130 salariés issus de Téol et d’AgriSudEst. « Presque tous des collaborateurs de terrain au contact des agriculteurs », fait valoir Hugues Dauzet. 

Partis du besoin des agriculteurs

« Le conseil comptera les anciens administrateurs de Téol ainsi que des ex-clients d’AgriSudEst. Siègera aussi un administrateur d’Oxyane. Le président de la nouvelle coopérative sera lui-même administrateur d’Oxyane. Les ex-clients d’AgriSudEst deviendront des adhérents et prendront du même coup du capital social », informe Hugues Dauzet. La nouvelle coopérative interviendra sur une zone couvrant le grand Charolais en Saône-et-Loire et débordant sur le Morvan nivernais (Luzy), le sud-est Allier et le nord Rhône. « Nous sommes partis des besoins des agriculteurs. Pour répondre à nos problématiques, nous avions besoin de conserver une coopérative avec son conseil d’administration dans le Charolais. Et nous avions aussi besoin d’une grosse structure pour nous épauler dans nos futurs investissements, d’où notre choix de devenir une coopérative associée », conclut Gilles Mazille. 

Projet de modernisation et de réorganisation

L’alliance de Téol avec AgriSudEst débouche sur un projet de modernisation et de réorganisation des outils et points de vente. Cela concerne le parc de magasins. « Un magasin grand public seul ne peut pas vivre. Il faut une mixité entre grand public et activité agricole », explique Hugues Dauzet. Le projet vise à optimiser le parc en conciliant un niveau d’activité et une couverture territoriale suffisante – un magasin à moins de 15 – 20 minutes, expose le directeur. Sept magasins provenant de Téol et sept provenant d’AgriSudEst seront conservés. Un quinzième site sera créé à Digoin. Tandis que sept anciens sites seront malheureusement fermés à Molinet, Saint-Yan, Paray-le-Monial (2 sites), Ciry-le-Noble et Palinges. Pour la collecte, la coopérative entend s’adapter à l’augmentation des volumes livrés par les agriculteurs depuis plusieurs années. Huit sites de collectes seront conservés et deux nouveaux créés dans l’Allier et à Charolles. Ces deux derniers, équipés de toitures photovoltaïques, serviront au stockage et à la logistique. Alors que Téol pratiquait beaucoup l’échange de céréales contre aliments avec ses adhérents, AgriSudEst apportera un savoir-faire en matière de productions végétales et de débouchés (contrat, filières locales…). La collecte de céréales bio est envisagée. « Avec une collecte et une logistique optimisée, l’objectif est de répondre aux agriculteurs désireux de développer la production végétale », fait valoir Gilles Mazille. 600.000 € seront investis dans un premier temps dans la modernisation de la collecte pour un volume de 23.000 tonnes collectées. Forte de ses deux usines de fabrication d’aliments, la nouvelle coopérative compte sur sa nouvelle organisation pour augmenter la production de ses outils industriels. À Charolles, la fabrication de mashs pourrait passer de 35.000 à plus de 50.000 tonnes par an. À Luzy, granulés et mashs peuvent également être produits en plus grande quantité avec une capacité approchant 20.000 tonnes contre 13.000 aujourd’hui. Pour atteindre cet objectif, les responsables de la nouvelle entité comptent sur l’activité aliment d’AgriSudEst qui se fournissait auparavant dans l’Isère. Ils misent aussi sur le développement de poulaillers d’élevage de futures poules pondeuses sur le territoire pour palier le débouché du Domaine de Sommery. L’apport d’Oxyane sera aussi un précieux soutien pour l’activité des usines charolaises.