Prédation
Une attaque attribuée au loup dans le Clunisois

Frédéric RENAUD
-

Plusieurs attaques de prédateurs se sont déroulées dans le Clunisois le week-end des 15 et 16 avril. C’est le cas notamment d’une laitonne de l’EARL de Ciergues, une exploitation effectuant de l’élevage de bovins, ovins et chevaux à Donzy-le-National, à côté de Cluny.

Une attaque attribuée au loup dans le Clunisois
La laitonne a été trouvée éventrée le matin du 16 avril à Donzy-le-National, à 12 kilomètres de Cluny. Photo fournie par l'éleveur.

« Je ne suis pas devenu éleveur pour voir mes bêtes se faire dévorer », proteste Pierre-Luc Devillard, 27 ans. Une laitonne de son troupeau de charolais vient d’être tuée le matin du 16 avril, « probablement entre 5 heures et 6 heures du matin ». Le prédateur, « un grand canidé selon les agents de l’office français de la biodiversité », a attaqué le jeune bovin d’un an au niveau de l’antérieur droit et à la panse. « Mon père et moi accusons le loup : ce canidé, ce n’est pas un teckel ! »

Pierre-Luc Devillard a effectué la macabre découverte dimanche matin, vers 9 heures, en démarrant sa tournée de suivi de ses cheptels. « C’est un lot que nous avions amené dans cette prairie, pas très loin du siège d’exploitation, 500 mètres à vol d’oiseau », déclare Pierre-Luc Devillard. Le jeune éleveur de l’EARL de Ciergues élève des bovins allaitants, des ovins ainsi que des poulinières à Donzy-le-National, l’un des anciens villages qui ont fusionné pour devenir La Vineuse-sur-Frégande. Le maire de cette commune nouvelle, François Bonnetain, est passé dans la journée à Ciergues pour écouter la colère du monde de l’élevage.

« Les bêtes sont traumatisées, et nous avec », souffle Pierre-Luc Devillard. « Toute la journée, elles sont restées agglutinées sous un bosquet, sans bouger et sans manger. Lorsque nous entrons dans la prairie, elles se regroupent autour de nous et nous suivent ». Dans la journée, le jeune éleveur et son père, retraité, mais toujours disponible, ont enlevé la carcasse éventrée pour la poser derrière une stabulation, en attendant l’équarrissage.

Deux ans plus tôt, l’EARL de Ciergues avait déjà été la cible d’une attaque du loup. « L’exploitation avait perdu 40 ovins, 24 mères et 16 agneaux, en mai 2021. À 50 mètres de la maison », enrage le jeune éleveur. « Le comble, c’est qu’ils ont été attaqués à l’intérieur des filets de protection, dont on nous avait recommandé l’utilisation ! » La parade au loup, pour certains élus locaux, serait de rentrer les cheptels tous les soirs. « On ne peut pas rentrer toutes nos vaches chaque jour, car nous n’avons pas la place. Et je n’imagine même pas le nombre d’heures et la dépense de carburant pour les allers-retours avec la bétaillère ! Nous ne sommes pas en zone de montagne, le bocage, c’est un autre contexte ».

Cette nouvelle attaque pose la question « de l’avenir de l’élevage dans le département », grince Pierre-Luc. « À quoi bon continuer à élever pour se faire dévaster son cheptel ? » C’est aussi l’avis de son père qui s’est chargé d’aller sensibiliser les participants de la randonnée organisée dans le village à ce quotidien bouleversé par l’attaque du loup. « Le dimanche, nos voisins non-agriculteurs se reposent, partent en balade. Le nôtre, nous l’avons passé auprès de nos bêtes, en plus d’aller retirer le cadavre de la laitonne, de nettoyer le matériel ensanglanté, de contacter l’équarrissage. Ça ne peut pas être notre avenir ! »