Section des anciens exploitants agricoles
La stagflation menace les retraités

Cédric MICHELIN
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Le 13 mai, les anciens exploitants agricoles étaient nombreux et ravis de se retrouver pour l’assemblée générale de leur section départementale (SDAE). Alors que la crise sanitaire Covid-19 semble s’éloigner, se relancent les voyages, randonnées, journées, pique-niques… et autres réjouissances. Mais sans jamais oublier de revendiquer le droit à des retraites décentes, surtout dans un contexte de forte inflation, notamment des prix des énergies qui pénalisent les ruraux.

La stagflation menace les retraités

La présidente, Danièle Jaillet, n’est pas du genre à abandonner sur tous ces sujets (voir encadré). Avec les élus de son conseil d’administration, elle multiplie les rencontres et interpellations des parlementaires de notre département, de la région et au national. Devant la salle pleine de La Guiche, elle entendait permettre à tous de "bien vivre sa retraite", thème du jour (à lire dans nos prochaines éditions). Alors, avant de parler des activités plaisantes, elle redisait les revendications syndicales qui les conditionnent en réalité (voir encadré).
Plusieurs témoignages dans la salle venaient confirmer la nécessité de poursuivre. « Cela me fait mal au cœur. J’ai été maire pendant 30 ans, avec cotisations. Une vie d’élu de la République mais au détriment de mon épouse et de mes enfants. Les élus ne devraient pas être concernés par le régime unique, c’est se moquer des maires ruraux agriculteurs ». Une veuve s’étant remariée témoignait ne toucher que « 3 % » de la pension de réversion de son défunt premier mari, « et ce, sans revalorisation », rajoutait un agriculteur la soutenant. L’ancien président de la SDAE, Paul Billonnet, finissait sur un autre exemple montrant la différence entre les promesses, les annonces politiciennes et la réalité : « pour les appareils auditifs censés être pris en charge à 100 % en 2021, il y a deux classes de modèles. Celui de base à 900 €, pris en charge à 100 %, et des modèles modernes autour de 1.700 €, mais là, avec un reste à charge de 1.200 € », ne comprenant pas le différentiel de prise en charge sur des appareils vitaux pour bien vivre et mieux vieillir.

Indexer les retraites sur l’inflation

Député de la majorité, Rémy Rebeyrotte confirmait travailler sur la question de « retraites agricoles décentes », avec la section et avec ses collègues, notamment André Chassaigne. Rapporteur de la loi, ce dernier n’avait pas anticipé « les effets de bords, visible une fois la loi votée ». Rémy Rebeyrotte écoute donc la section des anciens pour apporter « corrections et améliorations dans les mois à venir », espère-t-il. Car tous reconnaissent que les retraites agricoles ne « sont pas suffisantes, à peine décentes », selon l’élu de l’Autunois.
Il rajoutait la « lutte contre l’isolement », particulièrement prégnant en milieu rural et promettait « l’indexation des retraites au 1er juillet sur l’inflation ». L’élu national mettait en garde l’assemblée « sur la reprise de l’inflation remettant en cause le pouvoir d’achat, nous n’avons pas encore tout vu. On rentre dans une économie en stagflation (croissance faible, inflation forte), avec une spirale prix-salaires » à la hausse qui risque de mettre à mal l’économie française et de plus « creuser » les écarts entre retraites et actifs, faisant donc perdre du pouvoir d’achat aux retraités.

Positiver n’est pas « se vanter »

Secrétaire général de la FDSEA, Luc Jeannin saluait tous les anciens qui ont forgé la profession contemporaine et font encore sa force. Élu FNSEA, il rappelait son rôle de porter au national les dossiers du terrain. Malgré les messages « anxiogènes à la TV, tout n’est pas foutu », est-il persuadé, lui qui est bien placé pour voir « la puissance de notre réseau », notamment pour poursuivre le long combat - « 20 ans pour aboutir » - des retraites, dossier au goût « d’inachevé ».
Il attirait cependant l’attention des anciens sur un changement d’époque, avec le recul du nombre d’agriculteurs en France. « La bataille médiatique est souvent stigmatisante pour les agriculteurs en activité, les jeunes, les parents et les grands-parents qui ne se reconnaissent pas dans ces messages blessants ». Pour lui, si avant, dire ce qu’un paysan faisait de bien, c’était « se vanter », aujourd’hui, la profession a besoin de « parler positivement à la société » tout en gardant « la fibre syndicaliste qui nous unit », pour mieux se faire comprendre de tous ceux « qui ne savent pas ». Et sur le passé, le présent et l’avenir, les anciens ont toute légitimité à parler avec sagesse.

Cinq revendications fortes en 2022

Présenté en duo par les secrétaires généraux, Marie-Christine Tatraux et René Foret, le rapport d’activité 2021 permettait de lister toutes les revendications adressées aux parlementaires, lors de rencontres, ou au gouvernement lors de réunions ou par courriers. Pour 2022, le conseil d’administration de la SDAE continue de porter ces revendications fortes :
• la revalorisation des retraites des conjoints d’exploitants et aides familiaux ;
• l’évolution des charges et du coût de la vie, bien au-delà de l’augmentation des retraites ;
• la création de la 5e branche de la Sécurité Sociale, promesse de campagne d’Emmanuel Macron dont le projet a été voté le 23 juillet 2020 et définitivement enterré fin septembre 2021 ;
• le reste à charge pour les personnes âgées dépendantes tant en Ehpad qu’à domicile est exorbitant, l’APA est loin d’être suffisante et les associations telles que l’Assad ou l’ADMR n’arrivent pas à recruter car les métiers d’aide à la personne ne sont pas reconnus à leur juste valeur ;
• la désertification des campagnes, des différents services administratifs, bancaires et la raréfaction des médecins.
Annick Lacroix lisait une motion de la FNSEA allant en ce sens, visant à « améliorer le montant des retraites actuelles », « préserver le pouvoir d’achat des retraités » ou encore « développer durablement des services en milieu rural ».
En effet, n’allez pas croire que la SDAE ne s’occupe que des retraites et de voyages. La section est active sur tous les sujets : fermages, loi foncière Sempastous, « reste à charge Ehpad en raison d’APA insuffisante », « métiers d’aide sociale non reconnus à leur juste valeur », « désertification rurale et médicale »… autant de sujets développés dans des lettres envoyées aux adhérents.
Marie-Christine Tatraux revenait sur les Ehpad, « aujourd’hui, l’endroit des derniers moments de vie », regrettait-elle, constatant le manque de personnel et de moyens médicaux. La secrétaire générale adjointe plaidait donc pour une « mutation » de ces établissements, mais également des mentalités. « Il y a 50 ans, il fallait ne pas tarder pour prendre une chambre en Maison de retraite. Aujourd’hui, c’est l’inverse, on nous encourage à rester à la maison ». Et de conclure que dans les deux cas, c’est surtout les moyens qui doivent être en adéquation « pour bien vieillir en bonne santé ».

Voyages, randos, pique-niques… reprennent !

« Hélas, les activités en 2021 ont encore été réduites du fait de la pandémie », rappelait rapidement Marie-Christine Tatraux avant d’enchaîner sur les « retrouvailles » qui ont commencé et vont se poursuivre en 2022, en rattrapant déjà les voyages annulés en 2020. Il reste aussi quelques places pour les voyages 2022. L’animatrice Isabelle Dumont se tient à disposition pour les enregistrements auprès des voyages Michel.
Les randonnées ont également repris (Bizot, Montbellet, Baron, etc.). Le mois de juin s’annonce chargé en « bons moments de partage » avec notamment le pique-nique prévu le 20 juin à Montpont-en-Bresse, en lieu et place du lundi suivant habituellement la Fête de l’Agriculture des JA. Mais que cela ne vous empêche pas d’y aller les 13 et 14 août à Montbellet.

 

Extraits du rapport moral de la présidente

Extraits du rapport moral de la présidente

« Quelle joie de revenir à la normale et de ne plus avancer masqués ! Mais restons prudents tout de même.
La fin d’année 2021 a vu enfin la réalisation de la revalorisation des retraites agricoles pour les chefs d’exploitation à carrière complète. […] Obtenir 85 % du Smic, soit 1.035 euros fin 2021 et 1.067 euros brut par mois aujourd’hui, a nécessité, je vous le rappelle, 17 années d’acharnement et tout n’est pas parfait. Chacun attendait, suite aux effets d’annonces, ce montant sur son compte bancaire mais il n’en fut rien pour la majorité. En effet, cette revalorisation ne concerne que les petites retraites qui ne sont pas soumises à CSG. De plus, il faut avoir liquidé toutes ses pensions, et souvent l’addition de ces montants atteint le plafond des 85 % du Smic et ne donne pas lieu à la revalorisation. […] S’il faut donc se réjouir de ces acquis pour les quelques personnes concernées, nous comprenons et partageons la déception des trop nombreux déçus. […] Il ne faut donc pas en rester là et poursuivre le combat syndical pour le plus grand nombre ! » […] « Notre combat pour une retraite plus juste continue. Nourrir à moindre coût la population avec des produits de qualité, n’est-ce pas déjà une forme de cotisation ? »
[…]
« Après avoir été reportée en 2021, la loi Grand âge devrait être au programme de la nouvelle mandature. Nous allons redire haut et fort notre attente d’une prise en charge digne de ce nom.
Nous sommes très attachés au "Vieillir chez soi" mais il faut un accompagnement à la hauteur du besoin, du personnel nécessaire et formé pour le maintien à domicile des personnes âgées et dépendantes. Nous suivons de près l’évolution de la situation dans les Ehpad. Nous ne resterons pas inactifs si des mesures ne sont pas prises pour le bien-être de nos aînés et nous dénonçons toujours le reste à charge qui est exorbitant pour les familles. […] Retraités et futurs retraités n’hésitez pas à nous rejoindre, à nous apporter des idées nouvelles et nous faire part de vos suggestions. J’en profite pour vous rappeler que nous allons réaliser dans les semaines à venir des réunions à destination des retraités, adhérents et non adhérents sur chaque communauté de communes (CSEA). Des premières réunions ont eu lieu, d’autres viendront. Les échanges et questions y sont riches. Nous comptons sur vous pour y venir nombreux et pour amener vos voisins non adhérents pour leur faire découvrir notre activité. »

Rapport moral de la présidente Danièle Jaillet

Quelle joie de revenir à la normale et de ne plus avancer masqués ! 
Mais restons prudents tout de même.
La fin d’année 2021 a vu enfin la réalisation de la revalorisation des retraites agricoles pour les chefs d’exploitation à carrière complète. 
Merci à nos députés et sénateurs d’avoir fait aboutir la loi Chassaigne. 
Obtenir 85% du SMIC, soit 1035 euros fin 2021 et 1067 euros brut par mois aujourd’hui, a nécessité, je vous le rappelle, 17 années d’acharnement et tout n’est pas parfait. 
Chacun attendait, suite aux effets d’annonces, ce montant sur son compte bancaire mais il n’en fut rien pour la majorité 
En effet, cette revalorisation ne concerne que les petites retraites qui ne sont pas soumises à CSG. De plus, il faut avoir liquidé toutes ses pensions, et souvent l’addition de ces montants atteint le plafond des 85% du Smic et ne donne pas lieu à la revalorisation.
Nous comprenons le mécontentement des agriculteurs qui ont été élus locaux, qui ont donné de leur temps pour leur commune et qui voient leur retraite agricole figée à cause du cumul de ces différentes retraites. 
 S’il faut donc se réjouir de ces acquis pour les quelques personnes concernées, nous comprenons et partageons la déception des trop nombreux déçus. Déception à la hauteur des espoirs suscités ! Il ne faut donc pas en rester là et poursuivre le combat syndical pour le plus grand nombre ! 
Soulignons que les députés et sénateurs rencontrés ce début d’année ont été très étonnés des subtilités du mode de calcul des retraites agricoles. 
Certains ont adressés des courriers dans ce sens au ministre de l’Agriculture et au Premier ministre. 
Notre section a aussi demandé à la MSA d’intervenir sur le sujet lors de deux réunions organisées le 10 mars à Sennecey-le-Grand et aux Bizots afin de pouvoir répondre aux interrogations de nos adhérents qui ne comprenaient pas le décalage entre les annonces gouvernementales et le montant réel de leur retraite.

Avec l’adoption de la loi Chassaigne 2 le 17 juin 2021 par l’Assemblée Nationale et confirmée par le vote du Sénat le 9 décembre 2021, nous voyons enfin un début de reconnaissance du travail des conjoints et des aides familiaux.
Le montant de leur retraite passe de 555,5 euros à 713 euros par mois à carrière complète considérant qu’il s’agit d’une première étape vers un minimum à 75 % du SMIC tel que nous le demandons. Ils ont contribué journellement à la bonne marche de l’exploitation et il est inadmissible que certains puissent avoir une retraite inférieure au seuil de pauvreté, et comment vivre décemment en touchant 713 euros par mois ? 

Mais une promesse de campagne du candidat Macron portait sur une augmentation de la pension minimale à taux plein à 1.100 euros par mois. Aujourd‘hui il est réélu Président de la République, nous devons impérativement faire égaler les retraites des conjoints et aides familiaux à 85 % du Smic comme pour les chefs d’exploitation.

Notre combat pour une retraite plus juste continue. Nourrir à moindre coût la population avec des produits de qualité, n’est-ce pas déjà une forme de cotisation ?

Nous demandons toujours que le montant de la retraite soit calculé sur les 25 meilleures années et non pas sur la carrière complète qui est trop pénalisante. 

Il nous parait également insupportable que la majoration de 10 % par enfants ne soit toujours pas forfaitisée et rentre dans le calcul du montant des retraites ainsi que la pension de reversion contrairement à d’autres régimes. 

Nous demandons également le rétablissement de la demi-part fiscale pour les veuves, veufs et invalides.

Comme toute la population, nous subissons de plein fouet la hausse du coût de la vie, aggravée par les évènements mondiaux, et qui est supérieure en milieu rural dû à l’éloignement des centres de première nécessité. Nous voulons que nos retraites soient indexées sur l’inflation.
Nous nous inquiétons de la disparition de certains commerces et services de proximité comme les banques, les distributeurs de billets, les bureaux de poste, les services de l’État. 
Beaucoup d’anciens ont toujours des difficultés avec les outils numériques malgré la mise en place des points France Services. La Saône-et-Loire en compte 33 au 1er octobre. 
Les transports en commun manquent cruellement. La vie à la campagne est quand même compliquée lorsqu’on ne conduit pas !
Après avoir été reportée en 2021, la loi Grand âge devrait être au programme de la nouvelle mandature. Nous allons redire haut et fort notre attente d’une prise en charge digne de ce nom. 
Nous sommes très attachés au "Vieillir chez soi" mais il faut un accompagnement à la hauteur du besoin, du personnel nécessaire et formé pour le maintien à domicile des personnes âgées et dépendantes.
Nous suivons de près l’évolution de la situation dans les Ehpad. Nous ne resterons pas inactifs si des mesures ne sont pas prises pour le bien-être de nos ainés et nous dénonçons toujours le reste à charge qui est exorbitant pour les familles. Nous resterons vigilants sur ces points en alertant nos parlementaires. C’est d’ailleurs dans cet esprit de faire remonter les difficultés que nous sollicitons des rencontres. Comme chaque année, nous avons remis à chacun des parlementaires qui nous a reçu un document complet sur nos requêtes. 
Tous reconnaissent la gravité de notre situation et la déplorent. 
Je les remercie de la bienveillance qu’ils nous accordent.
Voici pour la partie syndicale de nos actions.

Comme vous avez pu le constater dans le rapport d’activités, notre section propose également des moments de convivialité.

C’est donc avec une note d’optimisme que nos voyages reprennent. Le séjour randonnée dans le Jura du 7 au 9 juin, la croisière sur la Seine du 5 au 9 juillet et la découverte de la Côte Bleue du 27 septembre au 1er octobre. 
Nous nous retrouvons depuis le mois dernier pour nos randonnées mensuelles et nous avons des projets de rencontres et visites pendant le mois de juin.
Nous serons également présents à la fête de l’agriculture à Montbellet en août prochain.

Voici résumées les actions et les activités que les membres du conseil d’administration et moi-même menons.
Je les remercie pour leur présence, leur disponibilité et leur sens des responsabilités dans les missions de représentation de notre section.
Je remercie également Isabelle, notre animatrice, pour tout le travail d’accompagnement qu’elle effectue et pour son professionnalisme.

Retraités et futurs retraités n’hésitez pas à nous rejoindre, à nous apporter des idées nouvelles et nous faire part de vos suggestions.

J’en profite pour vous rappeler que nous allons réaliser dans les semaines à venir des réunions à destination des retraités, adhérents et non adhérents sur chaque communauté de communes (CSEA). Des premières réunions ont eu lieu, d’autres viendront. Les échanges et questions y sont riches. Nous comptons sur vous pour y venir nombreux et pour amener vos voisins non adhérents pour leur faire découvrir notre activité. 

Je vous remercie de votre attention et vous souhaite une bonne fin d’assemblée générale.