Sécheresses estivales
Un premier bilan de l’aide pour acheter des récupérateurs d’eau de pluie

Frédéric RENAUD
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« Chaque année, l’Homme n’utilise que 2 % de l’ensemble des précipitations », signale André Accary. « Nous estimons important de pouvoir capter une partie des 98 % restants ». C’est dans cette optique que le Département de Saône-et-Loire institue une aide à la récupération des eaux pluviales en faveur des agriculteurs.

Un premier bilan de l’aide pour acheter des récupérateurs d’eau de pluie
« C’est un vrai coup d’accélérateur en faveur des agriculteurs, dans la mobilisation face au réchauffement climatique », estime André Accary, le président du Département de Saône-et-Loire.

Le Département de Saône-et-Loire a organisé le 12 mai un premier bilan de l’aide apportée à l’acquisition de récupérateurs d’eau de pluie par les agriculteurs. Ce rendez-vous s’est déroulé à Poisson, dans l’élevage de Maël Brivet, l’un des premiers exploitants à s’être engagés dans la démarche.

Ce dispositif permet aux agriculteurs d’investir pour réduire leurs dépenses en eau. Concrètement, ces eaux pluviales sont utilisées pour abreuver les animaux (à condition de contrôler régulièrement la qualité de l’eau et de prendre en compte qu’elle est déminéralisée) ; ainsi que pour nettoyer les sols, les véhicules et les matériels non alimentaires ; ou servir d’irrigation d’appoint.

« L’eau provient de la moitié du toit de ma stabulation principale, un bâtiment construit en 2016 », décrit Maël Brivet. « La gouttière principale aboutit à un filtre, puis à la poche de stockage. Plein, ce contenant permet de stocker 300 mètres cubes d’eau : ce qui correspond à deux mois d’approvisionnement ».

Pleine, cette poche de stockage de 24 mètres de long sur 10 de large ne l’a jamais été, car installée seulement depuis novembre 2021. Cette réserve est fabriquée avec un matériau opaque qui empêche l’eau de "tourner". « Nous n’utilisons aucun traitement ; l’eau est seulement filtrée avant stockage », précise Maël Brivet. « Il reste toutefois possible d’ajouter des minéraux pour une eau utilisée pour l’abreuvement des bêtes, si nécessaire », en cas de nouvelle sécheresse notamment.

En plus de l’aide pour l’acquisition des équipements de collecte et de stockage, Maël Brivet a sollicité aussi une aide du Département pour l’achat d’une tonne à eau de 11.500 litres. Car avec 180 hectares, « la contrainte d’acheminement dans les prairies dépourvues de point d’eau représente deux jours de travail par semaine, lors des périodes sèches », précise justement Maël Brivet.

Le président André Accary et le vice-président chargé de l’agriculture et de l’alimentation Frédéric Brochot se sont déplacés dans l’exploitation de M. Brivet pour découvrir son système, ainsi que les modalités d’utilisation des eaux pluviales. « Le Département a inclus la préservation de l’eau dans son plan Environnement 2020-2030 ; cette aide à l’investissement dans des équipements de récupération et de stockage des eaux de pluie s’inscrit dans ce cadre », indique Frédéric Brochot. « Plus de 2 millions d’euros ont été engagés pour ce dispositif ». Plus de 200 agriculteurs se sont inscrits dans ce dispositif depuis son instauration en 2020, « et une quarantaine de dossiers sont en cours d’instruction depuis le début de l’année 2022, pour la troisième année d’existence de cette aide ».

« C’est un vrai coup d’accélérateur donné aux agriculteurs, dans le cadre de la mobilisation face au réchauffement climatique », estime André Accary, le président du Département. « L’eau constituera un vrai problème dans quelques années ».

L’éleveur indique ensuite l’importance de l’investissement sur ses finances. « Avec un prix d’environ 3 euros le m3, notre réserve d’eau nous permet d’économiser environ 900 euros par an. De plus, les coûts d’installation s’avèrent minimes : la poche est posée sur de la terre tassée, pour éviter que des cailloux saillants n’entament le matériau ». Le Département pense aux difficultés des exploitations et verse la moitié de l’aide au début des travaux « pour soulager la trésorerie des agriculteurs », souligne Frédéric Brochot. Car c’est bien la finalité de ce soutien du Département.

Le règlement d’intervention

Le dispositif s’adresse aux agriculteurs, quelle que soit la forme de l’exploitation, individuelle ou sociétaire (EARL, SARL, Gaec), y compris au travers d’une Cuma. Toutes les productions sont concernées : l’élevage, le maraîchage, les grandes cultures, la production fruitière, la viticulture…

L’aide à l’investissement couvre tous les équipements nécessaires à la récupération et au stockage des eaux pluviales. Les chéneaux et gouttières sont concernés pour la collecte sur les toits, ainsi que les cuves, citernes ou poches nécessaires au stockage de cette eau. Tous les contenants sont envisageables, cuves enterrées voire, des cuves sur roues. « Le dispositif est pensé pour s’adapter aux contraintes des exploitations agricoles », rappelle le vice-président Frédéric Brochot. « Nos services accompagnent les exploitants, y compris pour vérifier la compatibilité du projet avec les exigences de minimis ».

L’aide porte également sur les moyens d’acheminement de cette eau collectée jusque sur le point d’utilisation : par exemple, des tonnes à eau pour emporter l’eau dans les prairies dépourvues de point d’eau naturel.

Les dépenses subventionnables ne peuvent dépasser 60.000 € HT par demandeur chaque année. Cette aide compense jusqu’à 80 % du montant de l’investissement réalisé. « C’est un vrai coup d’accélérateur donné aux agriculteurs, dans le cadre de la mobilisation face au réchauffement climatique », estime André Accary, le président du Département de Saône-et-Loire.

Pour tout renseignement ou pour démarrer un projet, prendre contact avec le service dédié du Département, via mission-agriculture@saoneetloire71.fr. Les dossiers devront être déposés avant le 31 décembre 2022.