Gestion des adventices
La bineuse avec guidage caméra, une aide précieuse

Françoise Thomas
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La résistance des adventices aux produits de traitement couplée à l’interdiction progressive de ces produits conduisent les producteurs à s’orienter vers d’autres solutions. Ou tout du moins à conjuguer différents leviers d’actions. Il en est ainsi pour la gestion de l’ambroisie dans les zones où elle s’implante de plus en plus. Une visite de parcelles était organisée par la chambre d’agriculture, vendredi 3 juin à Gigny-sur-Saône, sur les terres de trois agriculteurs associés, histoire de faire part de leurs observations et techniques employées en terme de semis et binage après trois campagnes.

La bineuse avec guidage caméra, une aide précieuse

Un petit souci mécanique au niveau du tracteur a empêché la démonstration en direct du travail effectué par la bineuse nouvellement acquise par les trois producteurs associés de Gigny-sur-Saône. Gaël Théveniaux de l’EARL du Pautet, Laurent Mauffroy du Gaec de l’École et Jérôme Ravet du Gaec de l’Épervière travaillent en effet en commun leurs 1.000 hectares d’assolement, répartis majoritairement en grandes cultures (voir encadré), et ce depuis 2010.

La Cuma, dont les agriculteurs dépendent, a acquis deux bineuses : une 6 rangs et une 12 rangs. C’est de cette dernière dont les agriculteurs de Gigny se servent et autour de laquelle la discussion et les échanges ont débuté, vendredi 3 juin. « Le principe étudié est d’être moins dépendants des produits phyto, présente Antoine Villard, et d’avoir une meilleure gestion de l’ambroisie », poursuit le conseiller grandes cultures à la chambre d’agriculture. L’idée étant d’intervenir dès que l’ambroisie « pointe ». « Nous voulions vraiment réduire notre recours aux produits phyto : on voyait bien que le rattrapage maltraitait la plante et pénalisait les rendements », souligne l’un des associés. « La principale clé est la rotation, poursuit-il, et d’associer le mécanique à un peu de chimique ».

Stratégie de semis

Mais avant de passer à la phase binage, présentation des grandes lignes de la stratégie de semis des associés pour leurs cultures de printemps. Ils ont opté pour un seul écartement, à 50 cm, réalisé avec le même semoir monograine.

« Depuis plusieurs années, on ne sème le soja qu’au semoir à blé », précisent ceux qui ont constaté par ailleurs que « le soja 000 donne justement de bons rendements en 50 ». Si les associés surdensifient les semis de tournesol à 78.000 pieds par hectare, c’est pour contrer en partie les nuisances causées par les oiseaux, l’une des grandes problématiques du secteur.
Le maïs est lui semé à une densité de 85.000 par hectare.
Si l’ensemble des cultures de printemps sont donc semées à 50, c’est pour harmoniser avec le passage de la bineuse. C’est le même tracteur qui sert pour ces différentes étapes et les associés n’hésitent pas à jumeler les roues pour être le plus stable possible lors des passages du semoir. Et s’ils ont fait appel à la technologie RTK*(+ caméra) pour le binage, ils n’ont pas encore franchi le pas pour la phase semis. « On demande encore à voir… ».

Guidage au top 

La bineuse Onyx, proposée par Agrosystem Phenix et fabriquée dans l’Yonne, est arrivée en mars dernier. Les agriculteurs commencent donc tout juste à prendre leurs repères avec, mais apprécient déjà particulièrement certains de ses équipements. Une caméra permettant de visualiser quatre rangs, « nous voulions absolument avoir une deuxième caméra car nous avons beaucoup de parcelles en pointe. Comme cela, on peut sélectionner la caméra avec laquelle on voit le mieux », détaillent ceux qui ont testé une seule caméra avec leur bineuse précédente.

Dotée de l’interface Lynx, l’équipement donne pour l’instant satisfaction en terme de facilité d’emploi et de précision : « leur guidage par tablette est au top ».

La bineuse sert sur trois cultures : tournesol, soja, maïs, selon une stratégie de passages en prélevée et en rattrapage. « Nous faisons donc systématiquement deux passages et un de plus si besoin » à une vitesse de progression de 10 km/ heure, pour information.

Les limites d’utilisation

Les producteurs ont également opté pour un palpeur, « indispensable pour les maïs » présentent-ils, une option à 2.500 €. L’écartement à 50 limite de fait le nombre de passages dans les maïs : « à cinq-six feuilles, on passe encore, mais au-delà, le sol est trop recouvert, on ne capte plus les lignes ». Idem, dès lors que le maïs est un peu gros et qu’il y a du vent. « En revanche, on peut passer dans le soja même haut ». Pour le maïs, ils ont donc choisi un désherbage au semis, puis de biner le plus tard possible.

S’il y a l’investissement de départ : 85.000 € pour la bineuse (propriété de la Cuma, laquelle facture 7 €/ha) et l’achat du tracteur (140.000 €), un binage vaut un arrosage, selon une expression des anciens, et économise donc aussi des produits phytosanitaires.

 

* RTK pour Real time kinematic, système permettant un positionnement de précision centimétrique.

Les trois structures associées

Les trois structures associées

Les trois structures regroupent en tout plus de 1.000 ha situés sur Gigny-sur-Saône et Marnay. 700 ha sont consacrés aux cultures : majoritairement blé et maïs, puis tournesol, soja, colza et orge. Il y a également un peu de luzerne, ce qui permet de structurer le sol mais sert aussi à l’alimentation des bovins. Les 300 ha restants sont en effet en prairie puisque le Gaec de l’Épervière compte en parallèle un atelier d’engraissement de 200 bovins.