Gaec de la Clairière à Saint-Vincent-en-Bresse
Un bâtiment laitier à l’électricité solaire

Marc Labille
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Profitant de l’installation de deux robots de traite, le Gaec de la Clairière s’est équipé d’une centrale photovoltaïque dont l’électricité alimente en partie les besoins de l’atelier laitier. 

Un bâtiment laitier à l’électricité solaire
D’une puissance totale de 36 kiloWatt crête (kWc), les panneaux solaires installés sur le toit de la laiterie produisent de l’électricité autoconsommée par l’exploitation.

À Saint-Vincent-en-Bresse, la famille Guigue s’est lancée dans le photovoltaïque dès 2009. À l’époque, le Gaec de la Clairière (formé par Dominique, Joël et leur fils Mickaël) a investi dans une centrale solaire de 180 kiloWatt crête (kWc) dont l’électricité produite est entièrement revendue à EDF (lire encadré). Onze ans après cette première installation photovoltaïque, le Gaec a cette fois décidé d’investir dans une centrale en autoconsommation.

C’est le passage à la traite robotisée qui a motivé ce choix. Composé désormais de Mickaël et de sa mère Dominique (Joël a pris sa retraite), le Gaec conduit aujourd’hui un troupeau de 150 montbéliardes dont 120 à la traite pour une production annuelle de 1,3 million de litres de lait. La stabulation a été transformée et agrandie pour recevoir deux robots. La famille Guigue en a profité pour « investir dans le confort des animaux : une nécessité avec des robots », font valoir les associés. Les vaches disposent désormais de 125 logettes recouvertes de tapis. L’ambiance du bâtiment a été soignée avec un long pan Est équipé d’un grand rideau amovible. Et pour parfaire la ventilation, de nombreux brasseurs d’air électriques ont été installés.

Tank à lait et ventilateurs…

Avec une facture de plus de 10.000 € d’électricité par an, les associés étaient en quête de solution pour réduire cette charge. Le passage aux robots rendait envisageable l’installation d’une toiture photovoltaïque en autoconsommation. En effet, pour pouvoir profiter de l’électricité produite par ses propres panneaux solaires, il faut que la consommation d’électricité coïncide avec la production car l’électricité ne se stocke pas. Autrement dit, il faut que le besoin en électricité corresponde aux périodes ensoleillées. Avec une salle de traite, le gros de la consommation d’électricité de l’exploitation a lieu le matin et le soir sur des périodes restreintes et pas au pic de production d’électricité solaire. Avec un robot, les vaches se font traire tout au long de la journée. La consommation d’électricité est donc plus régulière et le tank à lait, qui représente environ 40 % de la consommation de la ferme, fonctionne 24 heures sur 24, explique Joël Guigue. L’intérêt de l’électricité photovoltaïque valait aussi pour les ventilateurs qui, gourmands en énergie, fonctionnent essentiellement aux périodes ensoleillées. Une pré-étude réalisée par la Chambre d’agriculture a permis d’établir un relevé détaillé des consommations de l’exploitation et de leur répartition dans le temps.

Une appli pour suivre la production en direct

D’une puissance totale de 36 kWc, les panneaux solaires ont été installés sur le toit de la laiterie exposé plein sud. Les associés disposent d’une application sur leurs smartphones leur permettant de suivre en direct la production d’électricité ; ce qui est exporté dans le réseau ; ce qui est consommé sur la ferme. Le surplus d’électricité est injecté dans le réseau EDF qui le rémunère 60 centimes d’euros le kiloWatt crête ; un tarif qui incite à l’autoconsommation. Au mois de mai dernier, la production couvrait près de 70 % de la consommation de l’exploitation, fait valoir Joël.

Se prémunir contre la hausse des charges

Cette seconde centrale est revenue à 49.000 € avec un emprunt sur 12 ans et un taux à zéro %, informe l’ancien agriculteur. Le montant des annuités s’élève à 4.100 € par an. Le Gaec bénéficie d’une aide de 5.500 € sur cinq ans, l’équivalent de 1.100 € par an. Les 3.000 € par an que coûte au final l’installation photovoltaïque devraient être largement couverts par l’économie sur la facture d’électricité et la vente du surplus non consommé, estiment les associés. Cette centrale en autoconsommation est pour eux un moyen de se prémunir contre la flambée générale des charges et d’une prochaine hausse du prix de l’électricité, inévitable à leurs yeux. Dans la même veine, la famille Guigue a fait installer un pré-refroidisseur de lait capable d’abaisser la température du lait de 38°C à 17°C sans électricité, explique Joël. Un procédé à la fois économique et écologique, font valoir les associés du Gaec de la Clairière.

 

 

Une centrale solaire de 180 kiloWatt crête dès 2009
La première installation photovoltaïque construite par la famille Guigue d’une puissance de 180 Kilo Watt Crête.

Une centrale solaire de 180 kiloWatt crête dès 2009

Orientée plein sud, la première toiture photovoltaïque a été installée sur un hangar de stockage de 100 m de longueur, agrandi à cette occasion. À l’époque, le montage d’un tel projet n’était encore pas très courant et les règles étaient différentes d’aujourd’hui. La famille Guigue a dû créer une société (SARL) différente du Gaec pour pouvoir vendre de l’électricité. « L’étude économique était un peu tirée par les cheveux », se souvient Joël Guigue. Les banques étaient en effet plutôt frileuses. Le taux d’emprunt annoncé était de 5 %. « Heureusement, nous avons pu négocier un taux variable et ce taux n’a finalement jamais dépassé 2 % », poursuit-il. À l’époque, le coût d’une telle installation revenait beaucoup plus cher qu’aujourd’hui. La famille Guigue a investi près de 1 million d’euros en engageant beaucoup de trésorerie et en contractant un important emprunt, confie Joël qui avait alors 57 ans. Par chance, le projet a été signé juste avant que le tarif de rachat de l’électricité ne se mette à chuter. Le prix de vente du contrat est d’environ 60 centimes d’euro le kiloWatt crête pour une durée de 20 ans. Un tarif certes avantageux mais avec des annuités importantes et des frais conséquents (comptabilité, assurance, nettoyage, etc.). Malgré tout, la centrale photovoltaïque assure déjà un certain revenu à la famille Guigue. Les onze années d’exploitation donnent raison aux associés qui ont osé investir en avance sur leur temps. Les neuf années à venir devraient conforter ce premier bilan, à condition qu’aucun désengagement de l’État n’intervienne, conclut prudemment Joël Guigue.

Vaches incommodées par les onduleurs
Le local qui concentre les onduleurs de la centrale solaire de 180 kiloWatt crête.

Vaches incommodées par les onduleurs

À l’usage, les associés du Gaec de la Clairière ont constaté que les onduleurs de leur première centrale photovoltaïque causaient des nuisances sur le troupeau laitier. En effet, dans la stabulation située à plusieurs dizaines de mètres du bâtiment photovoltaïque, les vaches ont tendance à déserter les logettes les plus proches des onduleurs. Le phénomène se produit lorsqu’il y a beaucoup de soleil et donc par forte production d’électricité photovoltaïque. Alors les vaches se réfugient vers l’extrémité sud de la stabulation, à l’opposé de la centrale solaire. Un dérangement qui induit au minimum de la fatigue pour les laitières, explique Joël Guigue. Pour connaître la cause de ce phénomène, les associés ont fait intervenir un géobiologue qui a diagnostiqué un problème d’ondes magnétiques générées par les onduleurs. Ces derniers sont tous regroupés dans un local fermé en dur au centre du stockage à toiture photovoltaïque. Pour corriger cet inconvénient, le Gaec va isoler le local à l’aide d’une feuille d’aluminium ainsi que des tôles bac acier.