Logement
Faciliter l’hébergement des apprentis

Ariane Tilve
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Les principaux freins à l’emploi dans certains des secteurs de Saône-et-Loire sont l’hébergement et la mobilité. Pour remédier à la question du logement, la Confédérations des petites et moyennes entreprises (CPME) a lancé une plateforme destinée à faciliter l’accès au logement des apprentis : 1formation1logement.fr

Au premier rang, Christine Robin, André Accary et Philippe Queneau.a
Les principaux freins à l’emploi dans certains des secteurs de Saône-et-Loire sont l’hébergement et la mobilité. Pour remédier à la question du logement, la Confédérations des petites et moyennes entreprises (CPME) a lancé une plateforme destinée à faciliter l’accès au logement des apprentis : 1formation1logement.fr

La CPME est partie d’un constat des professionnels de l’immobilier : il existe des logements vides qui peuvent très facilement être réhabilités, par les collectivités ou des bailleurs privés, pour les proposer ensuite à un jeune en recherche d’une formation ou d’une entreprise en Saône-et-Loire. C’est Alban Moreau, président de la section commerce CPME 71 et lui-même dans l’immobilier, qui en a eu l’idée. « Une amie, qui a une entreprise, cherchait un logement pour son apprenant. Elle m’a demandé si j’avais quelque chose de disponible. Je lui ai expliqué qu’il était difficile de trouver une petite maison en milieu rural, mais je lui ai proposé de louer un studio sans dépôt de garantie ni frais d’agence ». Un essai aujourd’hui transformé puisque l’apprenti en question a passé deux ans à Chagny où il s’installe à présent après avoir signé son premier CDI. « Sans ce coup de pouce, il ne serait pas venu à Chagny, qu’il ne connaissait pas. Ce genre d’initiative peut permettre d’amener d’autres personnes sur nos territoires, y compris en milieu rural ».

Partant de ce constat, l’idée lui est donc venue de créer une plateforme pour mettre en lien les propriétaires avec des logements de petites surfaces, les entreprises en recherche d’apprentis en milieu rural et les jeunes candidats. Et contrairement à ce que l’on peut imaginer, il existe de nombreuses petites surfaces disponibles. Parfois, sans même en avoir conscience. C’est un petit studio au-dessus de la boulangerie ou de la bibliothèque, une petite surface héritée de la grand-mère et dont on ne sait pas quoi faire… s’autopersuadant qu’il sera trop petit pour un logement. D’ailleurs Alban Moreau insiste, « on ne fait pas du social et nous ne sommes pas une agence immobilière. Chacun son métier ».



Comment ça marche ?



Dans la pratique, c’est très simple, il suffit de se rendre sur la plateforme 1formation1logement.fr. De là, vous choisissez votre profil : apprenti, propriétaire-bailleur ou entreprise. La durée du bail est calée sur la durée du contrat d’apprentissage.

Dès que la formation du stagiaire est terminée et qu’il signe, alors, par exemple, un CDI, il sort du cadre de cette démarche pour devenir un employé lambda et doit donc se tourner vers une agence immobilière pour trouver son futur logement. Mais tant qu’il est dans ce dispositif, il n’a donc ni frais d’agence ni dépôt de garantie à payer. Ce qui pourrait effrayer certains bailleurs. Mais là aussi, il est possible de s’inscrire dans le dispositif Visale, une garantie complète et gratuite, qui renforce le dossier du demandeur puisque le bailleur est assuré de percevoir ses loyers durant toute la durée de la location. Philippe Queneau, président de la branche artisanat de la CPME 71, une branche particulièrement concernée par l’apprentissage, a été surpris par l’engouement suscité par la plateforme. « Nous ne pensions pas que cela marcherait aussi vite et aussi bien. Initialement, nous visions les zones rurales, mais nous avons aussi des logements à Chalon-sur-Saône et des demandes d’étudiant(e) s originaires de Toulouse ou encore d’Auxerre ».

Autre exemple de répercussion inattendue, celle d’une entreprise de Toulon-sur-Arroux qui reconditionne des containers maritimes pour les transformer en petits logements proposés en location de vacances du mois de juin au mois de septembre. Des logements qui restent vacants le reste de l’année. Là encore, c’est une aubaine pour les apprentis, l’un d’eux y a trouvé refuge grâce à la plateforme 1formation1logement.fr. Outre le bailleur et l’apprenti, cette plateforme est un outil précieux pour les entreprises qui peuvent chercher un logement et le proposer aux éventuels candidats en amont. C’est un plus considérable pour recruter sur le poste à pourvoir. « Il y a une semaine, sur les réseaux sociaux, nous avons vu des entreprises à la recherche d’apprentis. Grâce à cette plateforme, ils en ont trouvé un hier soir », se félicite Philippe Queneau.

Action logement accompagne les dossiers, la mission locale est impliquée mais aussi tous les acteurs de l’apprentissage, comme le souligne Christine Robin, vice-présidente du conseil départemental en charge de l’insertion sociale et professionnelle. « L’État et le département soutiennent financièrement cette initiative aux côtés des acteurs majeurs du secteur, tels que la CAF, la MSA et bien sûr Pôle emploi », qui deviendra en 2024 France Travail. André Accary, président du Conseil départemental, a lui insisté sur l’importance du noble statut d’apprenti, longtemps malmené en France, « alors que d’autres pays, comme l’Allemagne, ont misé dessus ». Apprentis charpentiers, créateurs de bijoux, étudiant(e) s en Master II, nombreux sont ceux qui y trouvent leur compte. Alors pourquoi ne pas tenter l’expérience en agriculture ?