Enseignement agricole associatif ou privé
L’adaptation de rigueur

Régis Gaillard
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Face à la crise passée et au possible retour du Covid-19, les MFR et autres lycées privés du monde rural ont dû se retrousser les manches afin, non seulement de s’adapter à la situation, mais aussi, d’assurer une continuité pédagogique à destination de tous les élèves. Un challenge compliqué mais plutôt réussi.

L’adaptation de rigueur
Photo d'archive

Face à la brutalité de la décision de mettre sur pause l’ensemble de la France pendant deux mois, le monde de l’enseignement a dû s’adapter, secteur public, privé comme associatif. Et ils s’en sont tous plutôt globalement bien sortis malgré les innombrables difficultés. À l’image des MFR du département.

Du côté de la MFR du Clunisois à Mazille, cours en présentiel et stages ont été suspendus dès le 17 mars. Ce n’est que le 25 mai que l’équipe pédagogique a effectué son retour. Les premiers élèves sont arrivés le 8 juin, par petits groupes, pour deux jours par semaine par élève. Il aura fallu attendre fin juin pour voir arriver une classe complète de quatrième. Entre temps, sous l’égide du directeur Monsieur Bossard, les enseignants ont mis en place un suivi pédagogique associant visioconférences, mails, Wetransfer (transfert de documents) et même envois de courriers. Ce qui, au final, a permis de n’avoir "que" quelques élèves décrocheurs. Côté examens, c’est le contrôle continu qui a prévalu. Pour ce qui est de l’an prochain et le recrutement, des portes ouvertes exclusivement sur rendez-vous ont été organisées. À la rentrée, il sera nécessaire de réaliser une évaluation des élèves afin de voir les éventuels retards à rattraper. Un plan B est également à l’étude en cas de retour de l’épidémie et de fermeture des établissements. Si les mesures sanitaires actuelles sont prolongées en septembre prochain, restent à connaître, sans doute fin août, les conditions imposées par le ministère. Alors que l’établissement n’éprouvera aucun souci pour accueillir ses élèves en internat, cela pourrait être plus compliqué en salle de cours.

Comme le confirme Mr Decompoix, la MFR Anzy-le-Duc n’était pas forcément préparée à une telle situation. Pas facile, par exemple, de mettre en place des visioconférences. « Nous allons d’ailleurs travailler sur ce point pour l’améliorer ». Il a fallu attendre le 25 mai pour voir le retour des apprentis et des professionnels. Puis le 2 juin pour les élèves. Si la situation venait à se prolonger dans le temps lors de la rentrée prochaine, pas réellement de souci côté des salles de cours et de la restauration. Par contre, il pourrait être nécessaire d’ouvrir un second internat. Enfin, les rendez-vous ont été privilégiés pour les portes ouvertes.

Sur la base du volontariat

À Bâgé-le-Châtel, le redémarrage post-Covid-19 a eu lieu le 2 juin. Avec, dans un premier temps, le retour des volontaires, soit 60 à 70 % des élèves. « La distanciation sociale a été plus compliquée à respecter pour les élèves de quatrième et troisième » précise la directrice Mme Jimenez. Cette petite structure a fonctionné sur quatre jours, le cinquième jour de la semaine étant consacré à la désinfection. La gestion de la restauration, avec deux services, et de l’internat ne s’est pas avérée trop complexe dans cet établissement qui compte 100 % d’internes. En complément des portes ouvertes, sur rendez-vous, la MFR a proposé sur son site Internet des visites virtuelles.

À Étang-sur-Arroux, la survenue du Covid-19 a été très brutale et a obligé à anticiper la mise en place d’une plateforme destinée à l’échange entre enseignants, parents et élèves. « En cette période, il était primordial de garder un lien au plus près des parents et des élèves, précise le directeur Mr Brize. Certains ont été confrontés aux soucis de zones blanches et de l’accès au numérique ». Néanmoins, la MFR n’a cessé de communiquer pour attirer à elle de nouveaux élèves, ce qui permettra à la rentrée prochaine de maintenir ses effectifs à l’identique. Toutefois, elle subit des pertes financières liées, par exemple, à la location de salles. Alors que les élèves ont effectué leur retour le 8 juin, seul un quart de l’effectif a choisi de retourner à Étang-sur-Arroux. « Nous souhaitions absolument revoir au moins une fois chaque classe. À la rentrée prochaine, nous espérons reprendre dans des conditions normales. Le seul point positif de cette crise est que cela nous a poussé à nous améliorer ».

Les cours à distance incontournables

Au sein de l’ensemble scolaire Notre Dame à Louhans, les cours à distance se sont imposés d’eux-mêmes. Avec une mise en place rapide. Et, le cas échéant, le prêt d’ordinateurs voire, plus rarement, l’impression des cours. C’est le 2 juin que les élèves sont revenus à Louhans, sur la base du volontariat, à hauteur de 20 à 25 %, avec un strict respect des règles de distanciation. À noter que l’internat est demeuré fermé. Pour ce qui est des trois portes-ouvertes, seule celle de février a pu se dérouler, les deux autres ayant dû être annulées. Pour septembre, l’établissement est en pleine réflexion. Notamment en terme de port de masque si le Covid-19 effectue son retour. Voire de cours à distance.

Les inquiétudes de Jean-Paul Treboz

Président du Conseil national de l’enseignement agricole privé (CNEAP) Bourgogne Franche-Comté, Jean-Paul Treboz avoue ses inquiétudes quant à un éventuel retour du covid-19 en septembre prochain.

Dès la survenue de la pandémie, l’enseignement agricole privé a été fortement impacté. Notamment financièrement avec des pertes d’exploitation « que nous allons réussir à limiter ». Et même à la levée du confinement, le fonctionnement des établissements a été grandement perturbé « avec peu d’élèves de retour dans les lycées ». Quant à la prochaine rentrée, le flou le plus total règne. « Côté effectif, nous ne sommes pas trop mal ». Mais la plus grosse inquiétude concerne le retour du Covid-19. Quid de la restauration et, surtout, de l’internat. « Nous n’avons pas de solutions toutes faites. Si le Covid-19 est de retour, nous nous adapterons en fonction des directives qui nous seront imposées ».