Réunion d’information sur le réseau de générateurs Arelfa
Vers la constitution d’un groupe de travail

Régis Gaillard
-

Alors que les agriculteurs du secteur de Matour-Tramayes subissent de plein fouet la sècheresse depuis plusieurs années, est pointé du doigt le réseau Arelfa et ses générateurs anti-grêle, installés pour protéger les côtes viticoles. A l’issue d’une réunion animée, sera mis en place un groupe de travail visant à trouver une solution convenant aussi bien aux éleveurs qu’aux viticulteurs.

Vers la constitution d’un groupe de travail
Les élus ont pu échanger avec la salle (de gauche à droite : Mme Seckler, MM Bajard, Chevalier et Huber).

La salle du CART à Matour était comble, le 9 juillet dernier, à l’occasion de la réunion organisée conjointement par l’Arelfa Bourgogne, la CAVB et la FDSEA 71. Preuve que le sujet du jour, en l’occurrence le fonctionnement du réseau Arelfa, pose de nombreuses questions. Et suscite quelques points de crispation. Notamment du côté des agriculteurs du secteur de Matour-Tramayes qui subissent de plein fouet, depuis maintenant 2017, la sècheresse. Avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer sur la pérennité de leurs exploitations.

Moment d’échanges

A cette occasion, s’étaient déplacés Thiébault Huber, président de l’Arelfa et de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB), Jérôme Chevalier, président adjoint de la CAVB, Christian Bajard, président de la FDSEA 71 et Marine Seckler, présidente des jeunes Agriculteurs 71.

C’est à Gérald Monamy, technicien de l’Arelfa, qu’est revenue la tâche, dans un premier temps, d’expliquer le fonctionnement du réseau Arelfa. L’occasion de préciser qu’est déployé un réseau de générateurs et non pas de canons qui, eux, sont inefficaces. Il s’agit, avec des générateurs, de respecter le principe de l’ensemencement en iodure d’argent des nuages. Un moyen qui permet la propulsion de particules d’iodure d’argent hydrophile par les générateurs qui s’ajoutent aux poussières et pollens. Le nuage doit alors partager son humidité avec toutes les particules aspirées en plus. Il n’y a pas de rémanence. Les particules retombent au sol soit avec la pluie soit avec la grêle. Alors que ce système a été généralisé dans les années soixante dans le Sud-Ouest de la France, il n’est arrivé qu’en 2014 en Côte d’Or et en 2017 en Saône-et-Loire. L’hexagone compte environ 1.200 générateurs. Il y en a aujourd’hui 126 dans notre région qui fonctionnent grâce à 418 bénévoles. A noter, point important, que le système de générateurs n’empêche pas la grêle de tomber mais réduit seulement sa taille du grêlon. Et Gérald Monamy de pointer le contexte général de réchauffement climatique.

Orage mais pas ô désespoir

Subissant une sècheresse importante depuis 2017, les agriculteurs du canton de Matour-Tramayes ont évoqué, parfois avec véhémence, leurs inquiétudes et leurs incompréhensions face à ce système destiné à protéger le vignoble. Outre le manque d’information relatif à l’installation desdits générateurs, ils ont pointé du doigt la potentielle pollution générée par la retombée des particules d’argent. Avec, à la clé, une forte demande de suspension du fonctionnement des générateurs qui empêcheraient la survenue d’orages, seule source d’eau localement au printemps, et donc responsables de l’accentuation de la sècheresse. Le tout en invitant à laisser faire la nature.

Du côté des élus, Jérôme Chevalier a rappelé que « le climat change. Il ne faut pas tout mettre sur le dos des vignerons ». Concernant les générateurs, « nous assumons et revendiquons notre choix. Nous n’arrêterons pas les générateurs dans l’immédiat ». Pour sa part, Thiébault Huber a tenu à préciser que « tout ce que nous avons mis en place est conforme à la législation. Nous avons eu toutes les autorisations nécessaires de la part de la préfecture ». Soulignant qu’il est « sensible en tant qu’homme au fait de balancer de l’argent » et admettant que « oui, il y a une pollution » et qu’il y a eu « un manque de consultation » concernant l’installation des générateurs », Thiébault Huber invite à s’appuyer sur des spécialistes pour évaluer l’impact ou non des générateurs. « Pour continuer ou arrêter, il faut s’appuyer sur des éléments factuels. Il faut vivre de notre terre et la respecter mais aussi vivre de notre métier et pouvoir transmettre nos exploitations ».

Création d’un groupe de travail

Alors que Christian Bajard confirmait qu’« il y a sans doute eu un déficit d’informations (1) quant à l’implantation des générateurs », opinion partagée par Marine Seckler, cette dernière a invité, avec les autres élus, à créer un groupe de travail sur le sujet. Groupe auquel sont conviés à participer toutes les bonnes volontés. « Les choses ne peuvent rester en l’état. Il faut mener un travail sérieux afin de savoir s’il y a ou non une incidence des générateurs sur la sècheresse ».

Quant à Thierry Igonnet, c’est en tant que maire de Matour qu’il a apporté sa vision non seulement du problème du jour mais aussi de l’évolution à plus long terme du climat. Une évolution qui lui semble inévitable et qui est bien difficile à appréhender dans toute son ampleur. Et d’inviter à faire très attention que ce débat sur les générateurs reste entre agriculteurs et viticulteurs. Car, dans le cas contraire, d’autres pourraient s’en emparer et prendre les décisions à la place des professionnels.

(1) retrouver nos articles sur agri71.fr parus à l'époque sur le lancement de ce réseau de générateurs anti-grêle

Ils étaient plus d'une centaine à s'être déplacés à Matour afin de participer à cette réunion et à faire valoir leur avis.