Union viticole 71
Les ZNT riverains (re)posent questions

Cédric MICHELIN
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Mercredi 7 juillet, l’Union viticole 71 tenait son assemblée générale dans les locaux du Vinipôle Sud Bourgogne pour découvrir, en avant première, le nouveau Vitilab, le premier Fablab de France dédiée aux projets innovants autour de la viticulture. Mais avant cela, les sujets syndicaux et d’actualité ne manquaient pas.

Les ZNT riverains (re)posent questions

Car, il s’est écoulé près de 18 mois depuis la précédente assemblée générale en raison du Covid-19. Pour autant, les dossiers ne se sont pas arrêtés, bien au contraire, ils ont été plus nombreux que jamais. Le président de l’Union viticole 71, Patrice Fortune débutait par l’actualité récente avec évidemment « tout l’accompagnement » suite au gel de l’année : Préfet, élus, parlementaires, MSA, services fiscaux, DDT, cellules gel départementale, régionale, nationale… il a fallu être partout pour « activer un maximum de leviers ».

Cela semble commencer à payer puisqu’avec le reste de la profession agricole – l’arboriculture et les grandes cultures ayant aussi des pertes conséquentes – le régime des calamités va être ouvert à la viticulture, même si toutes les modalités ne sont pas encore connues. Dégrèvement de TFNB, aides du Département, prise en charge de cotisations MSA (jusqu’à 15.000 €) et plan Gel national sont déjà annoncés. « Le plan Gel d’un milliard ramené à la Saône-et-Loire, c’est 147.000 € en direction des arboriculteurs et des récents vignerons installés pour éviter tout saupoudrage ridicule » (lire notre précédente édition).
Finalement, ce sont les mêmes interlocuteurs qui avaient aussi été mobilisés par l’Union viticole suite à la crise Covid. D’ailleurs, des mesures de préservation de l’emploi et de financement (PGE…) sont activées pour le gel comme pour les fermetures de marchés liées à la pandémie. Cette dernière se poursuit malheureusement et pourrait encore être d’actualité pour les vendanges 2021. La visite du Préfet lors des vendanges 2020 lui avait justement permis de toucher du doigt toutes les mesures sanitaires mises en place.

Les ZNT à nouveau en débat

Mais le dossier qui est revenu le plus vite sur le bureau du Préfet est bien celui de la Charte dite ZNT riverains. Si l’Union viticole, avec le reste de la profession de Saône-et-Loire, a fait un travail remarqué et remarquable, comme l’a souligné à de nombreuses reprises le Préfet, néanmoins la Charte ZNT a récemment été « retoquée, comme quasiment toutes les chartes de France par le Conseil constitutionnel », déplorait Marc Sangoy, responsable des dossiers Environnement à l’Union viticole 71 et élu viticole à la chambre régionale et départementale. Ces dernières sont d’ailleurs tenues de travailler sur leur rédaction avec la profession mais cette fois, l’administration va encadrer la procédure de consultation du public. La profession viticole s’est déjà « remise au travail rapidement » car le flou juridique est grand et les traitements battent leur plein actuellement.


Flou juridique en cas de conflit

Des contrôles et des avertissements ont déjà été remontés. « L’urgence aujourd’hui est d’éviter absolument tout conflit », invitait-il alors que débutait avec la salle un débat sur des pulvérisations aux canons fixes en raison des petites fenêtres de tir vu les mauvaises conditions climatiques et d’une pression sanitaire forte. « À ne surtout pas faire proche d’habitations ».
Et auprès des habitants, bien communiquer en amont, si possible, avec l’application Agricivis développée par la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, une première du genre en France. Agricivis permet d’appuyer le dossier de la Charte montrant le travail de la profession pour le bien vivre ensemble. « Vous pouvez aussi indiquer d’autres travaux – relevage, grattage du sol… - et au bout d’un moment la notification ne peut plus être consultée par les citoyens sur la carte », précisait-il. Pour l’heure, les retours des « voisins, autorités ou mairies sont positifs ».

Le chant du coq du… télétravail

Les maires, principalement ruraux, sont en effet associés via l’envoi d’un Fil d’information par courriel sur les maladies et autres ravageurs pour leur permettre de donner des explications précises à leurs administrés, comme par exemple, sur le fait que « ce ne sont que des produits autorisés qui sont utilisés ». Ce qui n’empêche pas les débats comme le montre l’histoire du glyphosate.
Pour Jean-Yves Larochette, si les polémiques sur le terrain sont moindres en ce moment, c’est aussi parce qu’« il y a moins de média qui remuent » le sujet pour faire de l’audience, notait-il. Attention toutefois à bien continuer le travail de fond sur la communication, en particulier, avec « les nouveaux arrivants dans les villages », d’autant plus avec la croissance du télétravail depuis le Covid. Et cela concerne tous les agriculteurs (épandage, chant du coq…).

Nouvelle convention emploi

La nouvelle convention collective nationale agricole (CCNA) concerne également tous les agriculteurs et viticulteurs employeurs de main d’œuvre. Le responsable du service syndical de la FDSEA de Saône-et-Loire, Thibault Laugâa rappelait les négociations en amont de son application au 1er juin 2021, la formation des adhérents avant (car l’application était initialement prévue au 1er janvier). Les employeurs peuvent aussi compter pour leurs recrutements sur le Groupement d’emploi départemental (GED).
Alors que les dernières annonces liées au Covid-19 ne sont pas encore bien rassurantes pour les vendanges 2021, l’Union viticole réfléchit à une formule intermédiaire entre réunions classiques en salles et visio-conférences, qui avaient bien fonctionnées l’an dernier « même si les échanges ne sont pas pareils ». Il sera alors l’heure de reparler de simplification autour du logement des vendangeurs « lié au Code rural, donc aux parlementaires de faire évoluer la loi », poussait Denis Chastel-Sauzet. Ce dialogue avec les élus avait notamment permis de "sauver" le TO-DE en son temps. Il sera aussi certainement question du Tesa+, toujours insatisfaisant côté employeurs.

Petites récoltes, gros fermages ?

Des employeurs qui auront surtout en tête de sauver ce qu’ils peuvent de récolte. Ce qui n’empêche pas l’Union viticole de continuer son travail sur l’harmonisation des valeurs des fermages entre Saône-et-Loire et Beaujolais ou pour faire évoluer plus largement le mode de calcul « pour tenir compte de la répétition des aléas climatiques ». L’objectif d’aboutir est clairement fixé pour 2022 car « la hausse des fermages sur la récolte 2019 se ressent déjà, et avec les petites récoltes 2020 et 2021, le prix des fermages, indexés sur les prix de vente… risquent de flamber ». 
En effet, malgré les fermetures des restaurants, bars, exports… ou encore de la taxe Trump – levée pour cinq ans -, les vins de Bourgogne s’en sont « plutôt bien sortis » grâce aux ventes en ligne, ventes en grandes surfaces, dans les caveaux... La situation est « plus contrastée pour les ventes en salons et RHC » par contre. L’Union viticole reste donc plus que jamais vigilante.

La viticulture 4.0

La viticulture 4.0

L’Union viticole 71 a pu visiter en avant-première les locaux du premier Fablab (laboratoire de fabrication en anglais) de France dédiée à la viticulture, le Vitilab. Et la "fabrication" même des locaux est innovante avec l’assemblage de dix conteneurs maritimes, préquipés (éclairages, chauffages…). « Le tout a été livré et monté en 48 h », expliquait Benjamin Alban, le chef du service Vigne & vin de la chambre d’Agriculture. À travers les grandes baies vitrées, l’espace permet d’accueillir des start-ups, des travailleurs indépendants, des réunions… et des logiciels et du matériel de fabrication, type imprimante 3D, scanner numérique, découpe laser… Benjamin Alban montrait un exemple de réalisation récente avec une « main de pulvé ». Un ancien modèle indisponible désormais à la vente a été scanné, modélisé et reproduit à l’identique en 48h. « Attention, notre objectif n’est pas de devenir des faussaires mais bien de donner à réfléchir et permettre à des vignerons, ingénieurs, entreprises… de tester leurs idées », autour de la viticulture. De nombreux partenaires ont déjà marqués leur intérêt (Village by CA, Ensam du Cluny, Université de Montpellier…). Une « sensibilisation » au numérique qui va de pair avec le développement de la robotique, au sens large, avec drones ou exosquelettes. « Cela fait 30 ans que l’industrie est robotisée et ils sont prêts. C’est mûr aussi du côté de nombreux vignerons », indiquait Benjamin Alban, à quoi répondait justement Jean Manciat, vigneron à Charnay-lès-Mâcon, « que oui car on arrive dans des impasses et on risque de passer notre vie à labourer et à tondre ». La démonstration du robot Ted à Rully vendredi dernier est encourageant à ce titre.
Ce qui n’empêchera pas le Vinipôle Sud Bourgogne qui chapeaute ce Vitilab de continuer à travailler sur la viticulture durable (réduction des intrants…) et le changement climatique (matériel végétal…). Le tout formant en quelque sorte la viticulture 4.0 du futur, augmentée toujours des savoirs des vignerons.