Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne
Il n'y a plus (que deux) saisons...

Lors de la conférence de rentrée du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), le point a été fait sur un millésime qui s'annonce de belle qualité, mais qui va devoir évoluer dans un contexte commercial très chahuté.

Il n'y a plus (que deux) saisons...
Louis-Fabrice Latour (à gauche), président du BIVB, et François Labet, président délégué, s'attendent à un millésime 2020 de belle qualité et estiment que les vins de bourgogne, sur le plan commercial, obtiennent des résultats honorables dans un contexte marqué par les taxes américaines et la crise de la Covid-19.

Il va falloir s’habituer ! Pour François Labet, président délégué du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), les vignerons doivent désormais intégrer que la météo n’est plus jalonnée par quatre saisons, mais par deux : « un été de six mois, remarquait-il, et un automne de six mois ». Exprimé à l’occasion de la conférence de presse de l’organisme, organisée près de Beaune le 10 septembre, ce constat résumait en fait la perception du changement climatique à l’œuvre, qui fait ressentir ses effets sur la vigne, de manière de plus en plus systématique. Le millésime 2020 devrait donc être très représentatif de cet état de fait dont on se demande encore s’il va devenir la norme à l’avenir, alors que les vendanges, à la date de cette conférence de presse, étaient quasiment terminées en Côte-d’Or, et aux trois quarts achevées dans le Mâconnais. La qualité, selon le président délégué, s’annonce remarquable, en rouges comme en blancs. « Globalement, précisait François Labet, nous avons des rendements normaux sur les sols plus argileux, en revanche, les vignes sur sols filtrants ont souffert de la sécheresse. Je me félicite néanmoins que les vendanges n’aient pas été affectées par la crise sanitaire ». Côté quantité, si, avec environ 1,5 M d’hl, 2020 n’atteindra pas les volumes récoltés en 2018, on sera tout de même sur un niveau supérieur à 2019, historiquement faible.

2020, année acrobatique

Pour sa part, Louis-Fabrice Latour, président du BIVB, estime que ce millésime, marqué par de fortes chaleurs, sera néanmoins très différent de celui de 2003 : « nous aurons de belles acidités, de beaux équilibres. La question qui se pose dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui, c’est de savoir si la Bourgogne va pouvoir continuer à travailler avec de belles qualités. Le BIVB œuvre en tout cas beaucoup sur les recherches concernant un matériel végétal adapté à ce contexte climatique en forte évolution ».

Du côté du comportement commercial des vins de Bourgogne, les taxations imposées par le président américain Donald Trump et la crise sanitaire auront aussi contribué à conférer à 2020 un caractère « acrobatique ». De fait, comme l’a détaillé Louis-Fabrice Latour, à fin juillet, les chiffres des douanes révélaient des exportations en baisse de 7 % en valeur et de 2 % en volume. Sans surprise, c’est le marché américain qui accuse la plus forte baisse (-25 % en valeur). « Il faut avoir à l’esprit, soulignait le président du BIVB, que les 25 % de taxes américaines se traduisent par des augmentations de prix au détail de 35 à 40 %... ». Heureusement, le tableau des exportations n’est pas sombre partout : le Royaume-Uni est ainsi redevenu le premier marché étranger des bourgognes avec une progression de 5 % en valeur et de 16 % en volume, qui semble avoir fortement profité au vins du Mâconnais. On note aussi de belles progressions sur le Canada (+8 % en valeur), la Suède (+5 %) ou le Japon (+1 %). « Sur les États-Unis, déplore Louis-Fabrice Latour, il n’y a pas d’amélioration à attendre avant un an... ».

Soutien à la restauration

En France, à fin juin, le marché affichait un recul sévère de 20 %. « L’été néanmoins, poursuivait le président du BIVB, nous a permis de reprendre quelques positions dans la restauration, mais Paris souffre. Fin juin, on notait également un rebond à +2 % (en valeur) dans la grande distribution. Au bilan, on peut considérer que, dans un tel contexte, nous obtenons des résultats honorables ». Louis-Fabrice Latour ne s’alarme pas de l’état des stocks, évalués à moins de deux ans, qu’il considère comme normal. En matière de politique de promotion commerciale, le BIVB compte en tout cas faire porter ses efforts sur la restauration, notamment en s’associant à l’opération internationale « Retournons au restaurant » lancée par TheFork (lire aussi en page 31), une plateforme française de réservation de restaurants en ligne : jusqu’au 17 novembre, dans 22 pays, plusieurs milliers d’établissements proposeront 50 % de réduction sur l’addition finale (hors boisson), dans le but de stimuler leur fréquentation. Le BIVB apporte une aide financière à l’opération et la relaie en activant son réseau auprès de la filière viticole, des prescripteurs et du grand public, en ciblant plus particulièrement quatre marchés : la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Belgique. « On ne peut pas, souligne Louis-Fabrice Latour, se couper du marché de la restauration qui représente environ un quart de nos ventes ».

Berty Robert

Cité des vins, où en est-on ?

Les projets de Cités des vins à Chablis, Beaune et Mâcon suivent leur cours, comme le précisait, Olivier Le Roy, le directeur de la structure. Un cours qui n'est pas un long fleuve tranquille, notamment à Chablis où, pour l'heure, le projet, dont le permis de construire a été déposé, est confronté au recours d'un riverain. Du côté de Mâcon, le travail de conception a été approfondi à l'occasion de la crise de la Covid-19. Quant au projet beaunois, les travaux devraient débuter début 2021, la phase d'appels d'offres le concernant est close. « Pour Chablis et Mâcon, concluait Olivier Le Roy, nous espérons que les cahiers des charges pourront être lancés très prochainement ».