Cuma Compost 71
Mettez le grappin sur vos haies

Françoise Thomas
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Plus que jamais 2020 pose la question de l’alternative à la paille. L’assemblée générale de la Cuma Compost 71, fin septembre, a été l’occasion d’assister à la démonstration d’un grappin et d’une déchiqueteuse, fournissant du bois plaquette comme litière.

Mettez le grappin sur vos haies

En quelques secondes, une grande partie du chêne est à terre. Le grappin parcourt ainsi le bord du cours d’eau pour élaguer, couper, prélever les arbres devenus gênants, trop gros ou trop vieux. L’engin les dépose en tas à quelques mètres de là. Ce travail accompli en une poignée de minutes par le grappin nécessiterait de nombreuses heures s’il fallait le faire à la main. Voire, pour certains arbres, ce serait impossible. Dans le cadre d’une gestion complète et sur le long terme des haies, bosquets et bords de rivière, cela permettra le départ d’un nouveau cycle avec une meilleure harmonisation du développement des arbres et la repousse de jeunes plants.
Le grappin de la Cuma Compost 71 cumule ainsi les heures chez les adhérents, partout dans le département, même si 2019 aura connu une légère baisse par rapport à 2018 (voir encadré).
Une fois un nombre conséquent de mètres cubes de bois à terre, entre alors en action la déchiqueteuse.
En quelques minutes, les tronçons du grand chêne et des autres arbres sont transformés en bois plaquettes et remplissent rapidement les remorques.
Ces plaquettes de bois seront d’ici quelques mois (trois à quatre dans l’idéal) réparties dans les différents bâtiments où les bovins de l’agriculteur chez qui la démonstration était effectuée passent l’hiver.

De nombreux avantages

C’est bien pour promouvoir le recours au duo grappin/déchiqueteuse que la Cuma Compost 71 avait planifié son assemblée générale chez Didier Touillon, à Palinges, le 25 septembre dernier.
Thierry Lacroix, le président de la Cuma Compost, l’a rappelé : le recours à cette méthode a de nombreux avantages entre l’entretien des haies et bosquets des exploitations et l’économie que cela permet de réaliser sur l’achat de paille.
Surtout que l’été 2020 a une nouvelle fois souligné les difficultés croissantes en terme d’approvisionnement en paille…
Didier Touillon a également témoigné des économies que cela représente entre le coût de l’intervention grappin/déchiqueteuse, en rapport au coût de l’équivalence en paille (un coût du mètre cube environ trois fois moins cher, en année classique, pour les plaquettes bois).
« En plus, cette intervention se passe en un jour, en toute sécurité, et tout est fini, plié, stocké en fin de journée », une économie de temps également donc.

Une démarche à expliquer

Pour l’éleveur bovin de Palinges, en termes de volume à stocker, ce n’est ni plus ni moins important que la paille. « Par contre, il me semble important de ne pas négliger la communication auprès du voisinage ». Même si l’agriculteur intervient sur ses parcelles et peut estimer ne pas avoir à se justifier, il faut bien reconnaître que cela interpelle de voir disparaître aussi rapidement toute une ligne d’arbres, parfois très grands et encore magnifiques ! « Il faut donc expliquer pourquoi on le fait, que le bois a besoin d’être entretenu et que cela représente aussi un avantage en terme de bilan carbone, car tout est fait sur place et assure l’autonomie de l’exploitation plutôt que de faire venir de la paille d’une autre région », poursuit-il. Surtout que les jeunes arbres plantés par la suite ou en repeuplement naturel seront, en pleine croissance, grands consommateurs de carbone…

De son expérience du recours au bois plaquette, Didier Touillon tire plusieurs enseignements : il place sur cette litière prioritairement les taurillons et les laitonnes, il apporte des plaquettes tous les cinq-six jours et se fie à l’état des animaux et non de la litière pour procéder à ce réapprovisionnement, l’été les plaquettes chauffent moins et attirent moins les insectes que la paille, enfin il déverse les plaquettes sans difficulté par-dessus les cases et n’a pas de ficelle à gérer. Il était en somme un bon ambassadeur de cette technique.

Bilan 2019
Des bottes de paille pour respecter les distances barrière !

Bilan 2019

Avec un chiffre d’affaires en constante évolution (passant de plus de 247.000 € en 2018 à plus de 267.000 € en 2019), la Cuma Compost 71 poursuit sa progression. Ses adhérents augmentent aussi de plus de 100, passant de 381 à 499 en 2019. Depuis, le 500e a été inscrit tout début janvier 2020. Et ce rang lui a donné droit aux parts sociales gratuites !

Du côté du compostage, moins d’heures ont été effectuées : 11.043 minutes contre 14.271 en 2018.

Légère baisse également du nombre d’heures de coupe de bois : 501 contre 540, « il est vrai que nous n’avons pas travaillé pour un syndicat de rivière en 2019, contrairement à 2018 », a ainsi fait remarquer Marie-Jo Beauchamp.
En revanche, augmentation constante du nombre de mètres cube apparents plaquettes (MAP), 14.000 contre 10.375 l’année précédente.
Il est à noter que la Cuma passe toujours par la Cuma de la Nièvre Terr’Eau pour la déchiqueteuse. Un projet d’achat d’une déchiqueteuse en intercuma est en cours avec une Cuma de l’Ain. Cependant, l’idée serait de poursuivre le partenariat avec Terr’eau pour les adhérents les plus proches géographiquement de la Nièvre.
En prévision du bilan 2020, il ressort d’ores et déjà que la sécheresse aura des conséquences sur la tournée de compostage. Avec des tas de compost plus secs, moins tirants, le travail avançait plus vite, certains agriculteurs n’ont même pas eu besoin de curer aussi souvent que d’habitude et ont donc moins fait appel à la composteuse…
En parallèle, il faut souligner une meilleure organisation générale saluée par le président de la Cuma Thierry Lacroix : la taille des andains à composter est de mieux en mieux respectée par les agriculteurs, permettant un travail efficace et rapide et la machine n’a eu aucun pépin mécanique, par rapport à ses premières années d’utilisation...