Section des anciens exploitants
Maintenir la pression…

Marc Labille
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Le 9 novembre, les adhérents de la section des anciens exploitants se sont retrouvés à La Guiche pour leur première assemblée générale post covid. Devant une salle comble, Danièle Jaillet et son équipe sont revenus sur la bataille pour l’amélioration des conditions de vie des retraités agricoles. La revalorisation des pensions des chefs d’exploitation est une avancée. Mais la mobilisation ne doit pas faiblir car les anciens de l’agriculture continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté. 

Maintenir la pression…
En ces temps encore troublés par la pandémie sanitaire, les responsables de la section des anciens exploitants s’attendaient à rassembler 80 personnes… Ce sont 140 participants qui ont répondu présent le 9 novembre dernier à La Guiche !

L’assemblée générale de la section départementale des anciens exploitants de la FDSEA s’est tenue le 9 novembre dernier à La Guiche. Une réunion placée sous le signe des retrouvailles après presque deux ans d’une vie syndicale « au ralenti » à cause du covid. Depuis la dernière AG du 21 février 2020, le covid a en effet lourdement perturbé l’activité de la section et la vie de ses adhérents. La pandémie n’a pas épargné les anciens exploitants dont certains ont malheureusement été frappés par la maladie alors que les mesures sanitaires instauraient l’isolement. Heureusement, « l’envie de se revoir » a résisté à cette tempête et mardi dernier, ce sont 140 personnes qui avaient tenu à être présentes pour ce rendez-vous incontournable. Une salle comble qui faisait chaud au cœur des responsables de la section.

Devant ces nombreux adhérents, le secrétaire général René Foret et son adjointe Marie-Christine Tatraux ont dressé un bilan d’activité amputé de nombreuses sorties (journées de juin, pique-nique des anciens, journées retrouvailles, voyages, congrès FNSEA, etc.). Tous les voyages initialement prévus en 2020 ont dû être reportés à 2021. « Nous avons dû faire abstraction de la convivialité et nous avons travaillé différemment », synthétisait la présidente Danièle Jaillet évoquant le recours aux visioconférences et finalement, le fait d’être parvenu malgré tout à « communiquer efficacement ». En dépit des restrictions, la section des anciens exploitants est « restée à l’écoute et a pris des nouvelles de ses adhérents en maintenant les contacts téléphoniques ». Dans ce contexte particulier, elle a aussi choisi de créer une lettre d’information destinée à ses adhérents. Ce support est diffusé par mail depuis le mois de novembre 2020.

Une petite victoire pour commencer…

Pouvant compter sur la détermination des anciens exploitants, le covid n’a pas empêché le combat pour la défense des intérêts des retraités agricoles de se poursuivre. Une bataille qui porte ses fruits avec l’obtention, depuis le 1er novembre 2021, de la revalorisation des pensions de 75 à 85 % du Smic (pour les chefs d’exploitation à carrière complète). Cette revalorisation concerne 3.600 retraités en Saône-et-Loire pour une hausse moyenne de leur pension d’environ 105 € selon les situations, indiquait Robert Siraud de la MSA Bourgogne. Cette avancée est le fruit de « 18 ans de persévérance », rappelait Danièle Jaillet. C’est un premier pas pour réparer cette profonde injustice qu’est le blocage des pensions agricoles, sachant que même avec 85 % du SMIC, les retraités agricoles vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté, s’indignent les anciens exploitants.

L’autre urgence est d’obtenir la revalorisation des retraites des conjoints et des aides familiaux. Une proposition de loi en ce sens, par le député André Chassaigne, avait été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale en juin dernier. Elle ferait passer les ridicules retraites des conjoints et aides familiaux de 555 à 699 €. Malheureusement, cette proposition de loi n’est pas encore inscrite à l’ordre du jour du Sénat. Aussi, la section des anciens met-elle la pression sur les sénateurs afin qu’ils la votent à leur tour et le plus rapidement possible, indiquait Danièle Jaillet.

Conditions de vie dégradées

Tandis qu’elle poursuit son combat pour des retraites agricoles plus dignes, la section des anciens exploitants s’inquiète de la dégradation des conditions de vie pour les aînés à la campagne. La section pointe notamment l’augmentation préoccupante du coût de la vie : carburant, eau, gaz, électricité, panier de la ménagère, assurances… Autre problème « bien réel », mais qui émeut peu les élites citadines, le manque de services de proximité : banque, distributeurs de billets, bureaux de poste, stations-service, transports en commun… La prime de 100 € promise contre l’augmentation du prix des carburants sera la bienvenue, commentait la présidente. La désertification médicale inquiète aussi beaucoup les aînés. Si l’action en la matière du Conseil départemental est saluée, Danièle Jaillet déplorait malgré tout un manque cruel de médecins dans les maisons médicales et des associations d’aide à la personne qui n’arrivent pas à recruter… Une situation qui remet en cause le maintien des personnes âgées à domicile.

« Promesse de campagne… »

Sur ce point, les anciens exploitants ont « appris avec stupéfaction que la cinquième branche de la Sécurité sociale concernant l’autonomie, pourtant votée le 23 juillet 2020, a été définitivement enterrée fin septembre dernier ». Cette « promesse de campagne » du président Macron aurait dû alléger « l’exorbitant reste à charge » auquel doivent faire face les bénéficiaires de petites retraites ou de l’APA confrontés à une prise en charge en Ehpad ou à un maintien à domicile, regrettait Danièle Jaillet. Un énième atermoiement du gouvernement qui pousse les anciens exploitants à interpeller à nouveau les parlementaires. Ces rencontres avec les élus se sont poursuivies malgré le covid et elles constituent le principal moyen de pression sur les pouvoirs publics. C’est ce travail consistant à porter les revendications des anciens exploitants qui a permis la revalorisation des pensions de 75 à 85 % du Smic. Mais pour remporter ce genre de victoire, il faut des militants derrière, rappelaient en cœur Danièle Jaillet et Christian Bajard, président de la FDSEA71. Et pour les anciens exploitants, le combat est loin d’être terminé, comme le confirme la motion présentée à La Guiche (lire encadré). Pour espérer voir leurs conditions de vie enfin améliorées, les anciens exploitants sont donc invités à soutenir leurs représentants en adhérant à la section. C’est le seul moyen d’espérer être entendus.

 

Retraites plus justes, prise en charge de la dépendance, pouvoir d’achat, désertification…

Dans leur motion 2021, les retraités du réseau FNSEA demandent la création d’un régime universel de retraite afin que le calcul des retraites soit plus équitable. Ils estiment que la revalorisation des retraites à 85 % du Smic doit être financée par la solidarité nationale et non sur les cotisations des actifs. Les anciens exploitants demandent une revalorisation des retraites des épouses conjointes et des aides familiaux. Ils réclament une forfaitisation de la bonification pour trois enfants et plus. Ils redisent leur attachement au projet de création d’une cinquième branche au sein de la protection sociale dédiée à la prise en charge de la dépendance. Les anciens exploitants alertent sur la dégradation du pouvoir d’achat des retraités agricole. Ils pointent aussi la désertification grandissante et l’abandon général des territoires ruraux (services, santé, commerce, transport, moyens de communications, etc.).

Retrouvailles instructives !

Pour cette assemblée générale célébrant les retrouvailles des anciens exploitants, les organisateurs avaient concocté un programme alléchant constitué d’une matinée syndicale (avec l’assemblée générale) suivie d’une après-midi détente. Avant le déjeuner, les adhérents de la section ont eu droit à plusieurs interventions informatives. À commencer par celles de Thibault Laugâa et de Jean-Marc Fransioli de la FDSEA qui ont notamment rappelé les avantages procurés par l’adhésion à la section des anciens exploitants. Depuis le mois de décembre dernier, grâce à la FDSEA, ces derniers bénéficient d’une nouvelle complémentaire santé groupe qui profite tant aux actifs qu’aux retraités. Les adhérents de la section ont également accès à des tarifs avantageux pour l’électricité, à une remise sur l’abonnement au journal, etc. Sont également intervenus Luc Chevalier et Denis Janvier de Groupama pour présenter les avantages offerts aux retraités. Pour compléter cette matinée fort instructive, Élisabeth Roblot, présidente de l’agence touristique Destination Saône-et-Loire, est venue parler de l’action touristique du Conseil départemental et notamment de l’application Route71 qui met en valeur les richesses d’un département qui n’en finit pas d’étonner… L’après-midi, les anciens exploitants se sont retrouvés pour un retour sur les voyages 2021 et la présentation du programme 2022.