Semences
Vers un recours aux stocks de sécurité

Malgré les crises géopolitiques, climatiques et énergétiques, l’Union française des semenciers a garanti la disponibilité des semences pour 2023. Mais les entreprises devraient toutefois recourir à leurs stocks de sécurité.

Vers un recours aux stocks de sécurité
En 2023, il sera utile de recourir aux stocks de sécurité

L’Union française des semenciers (UFS) a présenté, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 9 novembre, le bilan d’activité des entreprises semencières et les effets des différentes crises : géopolitique avec la guerre russo-ukrainienne, climatique avec des problématiques de sécheresse, énergétique avec des difficultés d’approvisionnement.

Avec une surface totale de 394.000 ha, les surfaces de production de semences ont enregistré cette année un recul de 2 %. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, parmi lesquels la hausse des coûts de l’énergie. Séchage des grains, stockages réfrigérés, recherche et production de semences sous abris…, l’activité des entreprises semencières se caractérise par une consommation énergétique irrégulière, avec des pics saisonniers, précise l’UFS. Or, plusieurs entreprises ont été confrontées à des prix de l’énergie « multipliés par quatre voire, six » dans le cadre de leur renégociation de contrat. « Si le gouvernement est en marche pour apporter des solutions, les dispositifs restent peu accessibles aux entreprises semencières », a précisé Rachel Blumel, directrice générale de l’UFS.

Une réduction des stocks de semences

Par ailleurs, la sécheresse de l’année a dégradé la production de semences, « ce qui ne permet pas de reconstituer les stocks envisagés », selon l’UFS. « Par exemple, pour le maïs, la production française atteint 60 à 70 % de l’objectif, ce qui entraînera une réduction des stocks, lorsque l’on sait que la France représente 50 % de la production européenne ». Les premières tendances montrent une désaffection des producteurs, avec une baisse des surfaces de 8 à 10 % « liée à l’incertitude de pouvoir irriguer » en 2023. Concernant les fourragères et gazons, la surface de multiplication a diminué de 10 % par rapport à 2021, et ce en raison de la « concurrence des grandes cultures », selon Claude Tabel, président de l’UFS. Quant aux plans de multiplication des céréales et protéagineux, ils sont en baisse par rapport à 2021, respectivement de 4 % et 8 %. Le conflit russo-ukrainien ayant entraîné une forte hausse du prix des céréales, les arbitrages de productions agricoles ont souvent été faits en défaveur des productions de semences, dont la culture est certes « plus rémunératrice mais aussi beaucoup plus contraignante », a souligné Rachel Blumel, directrice de l’UFS.
Aussi, l’UFS craint de voir les semis de 2023 et de 2024 affectés par un manque de disponibilité des semences. « En 2023, il sera nécessaire de recourir aux stocks de sécurité », précise le président de l’UFS mais les inquiétudes demeurent pour l’année suivante si les agriculteurs multiplicateurs ne sont pas au rendez-vous.

Dans un tel contexte, l’UFS estime qu’il est « essentiel de rendre attractive la production de semences ». Elle propose notamment d’assouplir les contraintes réglementaires et techniques, en réduisant par exemple les distances d’isolement des parcelles pour la multiplication des semences mais aussi en décalant les semis afin d’éviter les fécondations croisées.

Les semenciers doivent également être « identifiés comme des acteurs économiques stratégiques dans les territoires pour avoir accès à l’énergie mais aussi à l’eau, afin d’anticiper les épisodes de sécheresse ». À ce jour, « nous restons le plus grand exportateur mondial de semences, mais dans les années à venir, notre place pourrait être défiée et notre contribution à la balance commerciale ne pas atteindre le milliard d’euros », a alerté Claude Tabel, qui attend de l’aide de la part des pouvoirs publics. D’autant plus que les difficultés de production de semences auxquelles les entreprises sont confrontées conditionnent leur capacité à investir dans des programmes de recherche qui prennent « en moyenne sept à dix ans », selon l’UFS, et « engagent en moyenne 13 % de leur chiffre d’affaires annuel ».