Génétique charolaise
Le Covid-19 confirme l’essor des ventes en ligne

Marc Labille
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Cet automne, le reconfinement a perturbé la commercialisation des reproducteurs charolais. Organisatrice de quatre ventes aux enchères, la société Simon Génétic a inauguré un nouveau système de vente en ligne qui a permis d’adjuger 150 animaux à plus 5.500 € de moyenne. 

Le Covid-19 confirme l’essor des ventes en ligne
Roméo, né au Gaec Lally à Saint-Léger-du-Bois, est l’un des veaux qui a été adjugé plus de 10.000 € lors des ventes aux enchères en ligne organisées par Simon Génétic. Il était le premier prix d’honneur au dernier concours d’Autun.

Cet automne, le Covid-19 a bouleversé la saison commerciale des reproducteurs charolais. La plupart des concours ont été annulés et les occasions de sortir les animaux ont été très limitées, privant les éleveurs de débouchés commerciaux. Impact d’autant plus préoccupant que la sécheresse et les prix des broutards ont lourdement freiné les investissements. Cette saison aura été un cauchemar pour les organisateurs d’évènements. Le reconfinement a contraint à annuler des manifestations. La vente aux enchères de Cercy-la-Tour dans la Nièvre en est un exemple. « Nous avions fait notre sélection de mai à juillet comme d’habitude. Au début du printemps, l’herbe était verte, des animaux se vendaient, on était déconfiné… », rien ne laissait penser que l’automne serait à nouveau paralysé par le Covid-19, confie Simon Perrot de Simon Génétic. 

Maintenir la dynamique

Le reconfinement est tombé à la veille des ventes de fin d’année. Quatre ventes aux enchères organisées par Simon Génétic étaient prévues à Metz (Agrimax, 57), Cercy-la-Tour (Fête de l’Élevage, 58), La Roche-sur-Yon (salon Tech’Élevage 85) et Saint-Amand-Montrond (18) et 166 animaux avaient été sélectionnés en ferme pour ces quatre évènements. « Nous ne voulions pas laisser tomber les éleveurs et vendre ces animaux de gré à gré aurait manqué de dynamisme. Il fallait faire quelque chose pour maintenir une animation », explique Simon Perrot. L’équipe de Simon Génétic a donc choisi de transformer ses quatre rendez-vous physiques en ventes en ligne. « Nous avons inauguré un nouveau système qui permette aux gens de miser depuis chez eux. Un système qui permette de servir tous nos clients, en France comme à l’étranger ». Les quatre ventes en ligne se sont déroulées de mi-octobre à fin novembre. Les acheteurs internautes avaient accès à la liste des 166 reproducteurs mis en vente par Simon Génétic. Chaque animal était présenté en détail avec photos, vidéo, pédigré, commentaire. Le site donnait la possibilité de filtrer les animaux selon ses propres critères de sélection. 

Suivre des enchères de son canapé !

Dénommé « Click and Cowllect » (cow=vache en anglais), cet achat en ligne a séduit les éleveurs. Il leur suffisait de s’inscrire et de se connecter. « Depuis leur canapé, ils pouvaient suivre les enchères en cours, consulter les animaux disponibles, mettre de côté un animal, miser directement… Chaque première mise déclenchait un compte à rebours de 48 h. Chaque nouvelle mise ajoutait 1 minute », détaille Simon Perrot. Les quatre ventes en ligne ont été un succès. 150 des 166 lots mis aux enchères ont été adjugés à 5.525 € de moyenne. Ces ventes comportaient quelques animaux très attendus dont certains se sont vendus chers. Le record de prix est allé jusqu’à 37.000 € ! Quatre autres animaux ont dépassé 20.000 € et neuf autres dépassaient 10.000 €. S’ils marquent les esprits, ces reproducteurs à forte cote ont eu le mérite de dynamiser les ventes, fait remarquer Simon Perrot qui ajoute que la composition de ses « cowllection » permettait de « répondre à tous les types de portefeuilles ». Un tiers des ventes ont en effet été adjugées entre 2.800 et 3.500 €, informe de fondateur de Simon Génétic. Des ventes de gré à gré n’auraient pas permis une telle dynamique, estime-t-il. Cette expérience induite par le Covid-19 aura été riche en enseignements. Le succès commercial de ces ventes d’un nouveau genre prouve qu’il existe encore des débouchés pour la race charolaise, positive Simon Perrot. Et la vente à distance a séduit des clients éloignés du berceau de race, se félicite-t-il.

Les veaux de Saône-et-Loire ont la cote !

Grâce à ces ventes en ligne, plusieurs veaux natifs de Saône-et-Loire ont trouvé preneurs à plus de 10.000 €. C’est le cas de Réglisse, né au Gaec Lacour de Saint-Vincent-des-prés, deuxième prix d’honneur au dernier concours d’Autun et qui a été acheté par l’association Charolais Évaluation 71. Parmi ces très bonnes ventes, il y avait aussi Roméo, né au Gaec Lally à Saint-Léger-du-Bois, premier prix d’honneur au dernier concours d’Autun et qui rejoindra l’Irlande ; Royal né au Gaec Vannier à La Chapelle-au-Mans, acquis par des Irlandais également ; Roimage, né au Gaec Maréchal à Toulon-sur-Arroux, vendu à cinq élevages français ; Roméo, né au Gaec Griveaud à Blanzy, acheté par trois éleveurs français.