Filière viticole
Les vignerons veulent pouvoir différer leurs replantations

Cédric MICHELIN
-

Les représentants de la viticulture ont demandé au gouvernement de pouvoir différer les mesures de replantation dans le cadre de la restructuration du vignoble. Une demande aux ressorts économiques mais aussi environnementaux. 

Les représentants de la viticulture ont demandé aux pouvoirs publics la possibilité de pouvoir différer les mesures de restructuration du vignoble qui sont à leur disposition de manière à s’adapter aux conséquences de la crise actuelle, a-t-on appris à l’issue du conseil spécialisé vin qui s’est tenu le 9 décembre. « Les professionnels souhaitent un mécanisme qui permette d’arracher rapidement et de décaler la replantation dans le temps, de manière à repousser la mise en production des vignes », a détaillé Didier Josso, le délégué filière vins et cidre de FranceAgriMer.

Question qui fait débat 

Le dispositif présenterait des avantages à la fois économiques et écologiques. « C’est d’abord un moyen de répondre à la problématique actuelle d’alourdissement durable des marchés en raison, notamment, de la fermeture des bars et restaurants », explique Didier Josso. La mesure d’allongement des délais au-delà de trois ans aurait également l’intérêt d’assurer un repos prolongé des sols et d’ainsi prévenir les problèmes sanitaires. Elle aurait enfin pour avantage de ne pas remettre en cause le potentiel viticole français sur la longue durée, qui s’est stabilisé ces dernières années après une longue période de baisse (lire encadré). « Le ministère de l’Agriculture est favorable à ce que nous travaillions sur cette modalité supplémentaire de restructuration du vignoble », a indiqué Didier Josso. « Les professionnels souhaiteraient qu’elle puisse être intégrée dans des plans collectifs dès la campagne 2021/2022 ».  La question fait actuellement débat au sein du trilogue en charge de la réforme de la PAC, a-t-il été précisé, le Parlement européen étant favorable à ce que les autorisations de replantation aient une durée de vie de six ans contre trois aujourd’hui. En attendant la levée des freins réglementaires pesant sur la modification de cette mesure de l’OCM viticole, la date limite de déclaration des arrachages préalables a été repoussée au 1er février 2021.

 

Une dynamique plus forte d’arrachage

Les services de FranceAgriMer ont relevé une hausse sensible des « demandes d’arrachage préalables » dans le cadre des mesures de restructuration du vignoble. « Cela fait partie de la procédure des droits de plantation et ne préjuge pas du comportement futur des viticulteurs qui ont acquis des droits de replantation », précise cependant Didier Josso. Le mouvement témoigne cependant de la prudence du monde viticole dans le contexte actuel. Un attentisme que confirme également la moindre dynamique des demandes de plantations nouvelles. C’est particulièrement le cas dans le vignoble de Cognac, principal utilisateur (c'est le moins que l'on puisse dire) de cette mesure (3.570 hectares d’autorisations obtenues en France lors de la dernière campagne sur un total de 6.600 ha) et qui s’est "limité" cette année à 2.300 hectares. Après une longue période de baisse, la surface viticole française était à nouveau en croissance modeste ces dernières années. Le vignoble couvre aujourd’hui 813.500 hectares.

Distillation et stockage menés bon train 

Les professionnels de la vigne et du vin ont demandé une autre adaptation des mesures de soutien de leur secteur de manière à les adapter à la crise actuelle. « De nombreux opérateurs qui avaient sollicité des aides à l’investissement pour cette année en ont demandé le report dans le contexte actuel », a expliqué Didier Josso. « Afin de leur permettre de mener à bien leur projet, nous avons ouvert un nouvel appel à projet afin qu’ils aient de nouveau accès à cette mesure en 2021 ou 2022 ». Les deux mesures exceptionnelles prises pour soutenir la viticulture française que sont la distillation de crise et le stockage ont été mises en œuvre à un bon train, s’est enfin félicité Didier Josso. Les fonds nationaux et européens destinés à financer la première tranche de distillation, soit 155 millions d’euros (M€), ont été versés, ceux de la deuxième phase (56M€) le seront avant la fin de l’année. Les dossiers relatifs au stockage privé des vins sont examinés depuis le 14 décembre et pourront être déposés jusqu’au 11 janvier. La mesure permettra de financer le stockage des vins de six à huit mois.