Attaques de loups
Information prédation : quelles actions face au loup ?

Après la création d’une commission prédation en Saône-et-Loire, composée de la FDSEA, des JA et de la Chambre d’Agriculture, celle-ci a organisé une réunion d’information à Grury pour les éleveurs de la zone prédatée.

Information prédation : quelles actions face au loup ?
Alors que les éleveurs et leurs animaux sont les victimes du loup, le plan Loup protège ce prédateur en premier.

Après les attaques de ces dernières semaines (et même mois), il est important d’accompagner les éleveurs dans ces moments difficiles, mais aussi de leur donner toutes les informations pour faire face au loup, à court terme comme à long terme.

Que faire en cas d’attaque ?

Dans un premier temps, il est nécessaire d’informer le plus rapidement possible l’OFB au 06.20.78.94.77, sans toucher les cadavres des animaux. Cette étape est nécessaire pour provoquer l’expertise de l’OFB. Dans le cas où l’attaque conclut à une attaque "non exclue" de loup, l’éleveur peut bénéficier des indemnisations associées.
En parallèle et rapidement, il est important de prévenir les responsables professionnels locaux (FDSEA, JA et Chambre). En effet, cela permet à la profession agricole de prévenir tous les éleveurs alentour afin que ceux-ci puissent rentrer leurs animaux s’ils le souhaitent. De plus, cela permet d’avoir un accompagnement de la part de la profession dans ces moments difficiles.

Les indemnisations

Pour les constats dont la conclusion est "loup non exclu", l’éleveur peut bénéficier des indemnisations sur les animaux tués ou euthanasiés, de la prise en charge des frais vétérinaires (factures acquittées) et d’un forfait pour des pertes indirectes. Attention, seule la première facture vétérinaire est indemnisée. Tous les frais doivent donc être intégrés à cette facture pour être indemnisés.
La profession agricole continue de réclamer l’indemnisation des pertes indirectes, dont de nombreux facteurs ne sont pas pris en compte (avortement, agneaux tués, problème à la reproduction, etc.). C’est pourquoi une étude de l’Institut de l’élevage est en cours pour appuyer le sujet.

Un accompagnement des éleveurs prédatés

Le travail à court terme consiste principalement en un accompagnement des éleveurs prédatés.
Tout d’abord, tous les éleveurs sont rencontrés pour leur apporter un soutien moral. Dans ce sens, un travail avec la MSA et le service de remplacement est mis en place. Dès maintenant, les éleveurs prédatés peuvent contacter leurs travailleurs sociaux MSA du secteur pour bénéficier d’un financement pour du service de remplacement. En effet, à la suite de ce traumatisme, il est difficile pour les éleveurs de réaliser leur travail. C’est pourquoi, le SR peut les soulager en cas de besoin.

Dans le même temps, la profession aide à la mise en place des moyens de protection d’urgence et à la mise en relation avec les louvetiers.
De plus, la FDSEA met à disposition de ses adhérents dix pièges photos pour détecter la présence du loup plus rapidement après une attaque. En effet, après les attaques dans le Clunisois, l’OFB a mis un mois avant de conclure que le loup était revenu. Pour éviter ce temps d’attente interminable pour les éleveurs et pouvoir mettre en place les tirs de défense simple le plus rapidement, il est nécessaire de confirmer la présence du loup.
Enfin, la Chambre d’agriculture accompagne aussi les éleveurs dans leurs demandes de tir de défense et dans leur dossier d’indemnisation.

Le tir de défense simple = prélever le loup

Le tir de défense simple (TDS) est le moyen le plus efficace pour "prélever" le loup mais n’est possible que pour les lots d’animaux protégés avec soit :
- un chien de protection ;
- un parc de nuit électrifié (filet d’au moins 80 cm de haut ou clôture électrique 4 fils) ;
- une clôture électrique fixe ou mobile autour de la parcelle.
Ces moyens sont certes inefficaces face au loup, mais malheureusement obligatoires administrativement pour obtenir de la préfecture ces tirs de défense, dès lors qu’un lot est (et uniquement si) protégé. Il est donc nécessaire dès une attaque, de mettre en place ces moyens de protection d’urgence pour obtenir le plus rapidement les tirs de défense légaux.
Les TDS peuvent être effectués par tout détenteur d’un permis de chasser dont le permis de chasser est validé (possibilité de déléguer à un chasseur ou un louvetier). Cependant, seuls les louvetiers ont le droit d’utiliser une caméra thermique ou lunette à visée nocturne.
Pour maximiser la réussite des tirs de défense, il faut être réactif après les attaques. Dans la mesure du possible, la nuit, les éleveurs doivent rentrer un maximum de lots en bergerie et n’avoir que des lots protégés qui restent dehors. Enfin, il faut faire connaître au louvetier où sont les animaux et dans la mesure du possible, choisir l’emplacement des parcs de nuit avec les louvetiers pour bien positionner les postes de tir.

La révision du plan loup post 2023

La commission prédation travaille sur trois grands axes à moyen et long termes. Le premier est le travail sur un plan loup adapté à chaque territoire d’élevage et non un plan loup national complètement déconnecté des problématiques locales.
De plus, avec les attaques récurrentes sur le département, la commission prédation est en réflexion sur la notion de Zone difficilement protégeable (ZDP). La ZDP permet aux éleveurs de la zone définie dans l’arrêté, et qui en font la demande, d’obtenir un TDS sans mettre en place les moyens de protection comme défini dans le Plan national loup, ni même sans être attaqué au préalable.
L’Aveyron, premier département ovin de France, a réussi à obtenir cette dérogation. C’est pourquoi une délégation d’éleveurs, dont certains prédatés plusieurs fois par le loup, est allée à la rencontre des acteurs à l’origine de cette démarche : la FDSEA/JA de l’Aveyron et le Cercle 12, afin d’étudier toutes possibilités d’actions et pouvoir répondre à problématique du loup.

Contacts
Laurent Solas, Conseiller ovin à la Chambre d’agriculture : 06 87 73 81 87
Thibaut Renaud, Secrétaire Général des JA et agriculteur à Bourbon-Lancy : 06 85 65 12 05
Benoit Regnault, Secrétaire Général de la FDSEA et agriculteurs à Demigny : 06 07 53 71 64