Recensement agricole
La population agricole s’amenuise et se transforme

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a présenté le 10 décembre, lors d’une conférence de presse les résultats provisoires du recensement agricole lancé le 1er octobre 2020 et qui s’est achevé le 15 mai dernier.

La population agricole s’amenuise et se transforme
Le recensement 2020 en Bourgogne Franche-Comté suit globalement les mêmes tendances que la ferme France

Dix ans après le dernier recensement, le constat pourrait être amer pour le monde agricole : le nombre d’exploitations agricoles a chuté de 21 % passant de 490.000 en 2010 à 389.000 en 2020, « notamment en raison de la pyramide des âges et parce que les départs ont été plus nombreux que les installations », a indiqué Julien Denormandie. Par voie de conséquence, le nombre de chefs d’exploitation, coexploitants et associés actifs se contracte aussi, passant de 604.000 (2010) à 496.000 (2020) et celui des équivalents temps plein (ETP) chute de plus de 80.000 : il passe de 740.000 en 2010 à 659.000. La surface agricole utile (SAU) restant peu ou prou stable (-1 % en, soit une perte de 233.000 ha) et le nombre d’exploitations se réduisant, il s’ensuit logiquement une augmentation de la SAU moyenne par exploitation. De l’ordre de 55 ha en 2010, elle atteint aujourd’hui 69 ha soit une hausse de 25 %. À titre de comparaison, la SAU moyenne est de 79 ha au Danemark, de 81 ha au Royaume-Uni, de 178 ha aux États-Unis et de 332 ha au Canada.

Objectif : 20.000 installations

Le ministre s’est voulu pourtant rassurant sur ces premiers chiffres en indiquant que cette baisse du nombre d’exploitations, certes continue depuis les années 70, était toutefois « moins forte ces dix dernières années (-2,3 %) qu’entre 2000 et 2010 (-3 %) ». Selon lui, l’indicateur principal est le nombre d’exploitants de moins de 40 ans « qui est stable (20 % N.D.L.R.) d’un recensement à l’autre, ce qui prouve l’attractivité du métier », a-t-il affirmé. Pour stopper cette hémorragie, il conviendrait de porter le nombre annuel d’installations à « 20.000 », contre 14.000 en moyenne aujourd’hui, a-t-il précisé. Pour rappel, la Saône-et-Loire installe environ 100 agriculteurs par an via le PAI et les JA71.

Le recensement 2020 montre que l’orientation technico-économique des exploitations a également évolué : la part des fermes spécialisées en productions végétales devient majoritaire (51,8 % en 2020 contre 45,1 % en 2010) au détriment de celles à dominante animale. Ces dernières chutent de presque 5 % : 42,7 % en 2010 contre 37,3 % en 2020. Ce sont dans les productions d’ovins et de caprins que la chute est la plus importante (-20 %), devant la polyculture élevage (-18 %), les bovins viandes (-15 %), les bovins lait (-13 %) et la viticulture (-11 %). Seule l’horticulture et le maraîchage voient le nombre d’exploitations augmenter (+1 %)

Autre enseignement de ces premiers chiffres : les exploitations deviennent de plus en plus sociétaires et moins familiales, même si le caractère familial demeure majoritaire. La part des exploitations sous statut individuel a chuté de 69,8 % (2010) à 58,4 % en 2020 (-11,4 %). « C’est parce que les formes sociétaires sont un frein à l’installation que nous avons fait voter la proposition de loi Sempastous qui impose un contrôle plus rigoureux sur les parts sociales », a justifié le ministre de l’Agriculture. L’enjeu de l’installation est d’autant plus prégnant qu’aujourd’hui, un exploitant agricole sur quatre a plus de 60 ans.

Monde agricole en transition

C’est également un monde agricole en pleine transition que dévoilent ces chiffres venant ainsi corroborer l’action des agriculteurs au quotidien pour une agriculture de qualité et plus respectueuse de son environnement. Ainsi 36 % des exploitations ont au moins une de leur production sous signes de qualité ou d’origine (AOP, IGP, Label Rouge…), la part des exploitations en agriculture biologique a triplé en 10 ans passant de 3,7 % à 12,1 % (2020) et le label HVE représente désormais plus de 7 % des exploitations. La SAU moyenne des exploitations biologiques est de 61 ha, « avec toutefois une grande hétérogénéité » souligne le ministère, puisque la taille moyenne des micro-exploitations bio est de 17 ha contre 105 ha pour les plus grandes. Aujourd’hui 24 % des élevages laitiers (+5 points en 10 ans), 18 % des élevages ovins et caprins (+ 6 points) et 29 % des élevages porcins et avicoles (+9 points) sont sous signe de qualité. Les services statistiques du ministère constatent également une recrudescence des exploitants pratiquant la vente en circuit court. Presqu’un quart des exploitations (23,1 %) en 2020 contre 17,5 % en 2010.

Les femmes représentent toujours un peu plus du quart des chefs d’exploitation (27 %) et le ministre n’a pas manqué de souligner le décalage entre le grand nombre de jeunes femmes présentes dans l’enseignement agricole et le peu d’entre elles qui finissent par choisir le métier d’agricultrice. La France métropolitaine compte 130.068 cheffes d’exploitation, co-exploitantes et associées. Quant au niveau de diplôme des chefs d’exploitation et coexploitants, il a continué de s’accroître massivement entre 2010 et 2020. 55 % d’entre eux ont un diplôme au moins égal au baccalauréat, c’était 38 % en 2010 (soit + 17 points). Le nombre de diplômés du supérieur a augmenté également : 27 % en 2020 après 17 % en 2010 (soit + 10 points).