Volailles festives
Il y a eu de la volaille à Noël !

Françoise Thomas
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Dans le contexte sanitaire que l’on connaît, la plus grande incertitude régnait sur les ventes de volailles festives. La fermeture des restaurants qui se prolonge n’était pas là non plus pour rassurer les éleveurs de volailles de Bresse et l’ensemble de la filière. Force est de constater que les consommateurs ont répondu présents et que sur ce point, au moins, le bilan 2020 sera excellent.

Il y a eu de la volaille à Noël !

L’année 2020 s’est au moins terminée en beauté pour les professionnels des volailles festives. Comme le relate Kathy Molière du comité interprofessionnel de la volaille de Bresse, « tout a été vendu, nous avons même manqué de produits pour des personnes qui appelaient entre Noël et le jour de l’an ! ». Pourtant, la chargée de communication du CIVB le rappelle bien, « nous étions très inquiets car les précommandes sont arrivées tard ». Si habituellement, tout se met en marche dès fin novembre, cette année la filière a dû attendre mi-décembre pour que ces précommandes démarrent enfin. Rien d’étonnant à cela, les professionnels des circuits de distribution « n’avaient eux-mêmes aucune certitude sur le déroulement des ventes » et des mesures de confinement au moment de Noël. Ainsi, le point hebdomadaire du CIVB a fait état de ventes crescendo tout au long de décembre, jusqu’à un épuisement total des stocks.

Au moins ça

Les consommateurs ont été au rendez-vous sans doute car en dépit, ou plutôt, à cause du climat ambiant, ils ont voulu au moins se faire plaisir avec « un bon produit pour Noël puisque les Français n’ont pas pu faire de grands repas de famille. Et ils ont aussi joué le jeu du produit local », une solidarité demandée par nombre de professionnels et qui a su convaincre.

Les près de 17.500 chapons ont ainsi tous été vendus, de même que les 24.000 poulardes roulées et les 8.500 poulardes non roulées. Il a même fallu réorienter plus de consommateurs que les autres années vers des poulets de Bresse roulés. « Nous n’avons pas encore les chiffres définitifs de ces ventes, mais habituellement nous en écoulons ente 80.000 et 100.000 et nous serons dans ces niveaux-là », relate encore Kathy Molière.

À noter malgré tout, une légère baisse du volume de volailles en amont : « avec cette année difficile, nous avions choisi de limiter légèrement les mises en place. Il y avait par exemple 1.800 chapons en moins ».

Des ventes différentes

Du côté des circuits de vente, il a aussi souvent fallu s’adapter. Si les GMS et les professionnels des métiers de bouche (hors restaurant) ont, comme à leur habitude, écoulé très facilement ces produits-là, certains restaurateurs ont malgré tout pu jouer leur rôle : « ils sont plusieurs, parmi nos partenaires historiques, à avoir proposé des plats à emporter, explique Kathy Molière. Il est vrai que les consommateurs qui s’offrent une volaille de Bresse ont parfois peur de la louper. En passant par un restaurateur qui sait la préparer et la cuisiner, ils étaient sûrs du résultat ! ».

Les restaurateurs ne sont généralement pas le circuit de vente le plus important lors des périodes de fêtes : « s’ils représentent 40 % de nos débouchés tout au long de l’année, ils tombent à 20 % en fin d’année ». En 2020, fatalement, ce pourcentage a fortement diminué...

En revanche, magasins de producteurs, marchés, points de vente directe chez les éleveurs, « tous ont été dévalisés ! ». Même les Glorieuses de Bresse, réadaptées cette année en formule limitée en nombre et allégée en organisation, ont vu les volailles proposées à la vente s’écouler en quelques heures seulement.

Quid de la nouvelle saison

Ainsi, les éleveurs du CIVB finissent « cette année difficile sur une note vraiment très positive », souligne Kathy Molière. Reste désormais à prévoir 2021 : « ce début d’année est encore compliqué avec les restaurants toujours fermés et la saison touristique qui demeure dans l’inconnu ». De ce fait, les professionnels sont malgré tout partis sur un prévisionnel quasiment étal « avec 840.000 volailles, quand en 2020, nous étions sur 842.000 volailles ». Alors même que le salon de l’agriculture est annulé, que le Sirha est reporté (pour l’instant), « nous savons déjà qu’il va falloir accentuer sur la communication ». Malgré cette position d’attentisme sur l’évolution de la situation sanitaire, le CIVB envisage déjà de nouveaux types d’événement comme des actions ponctuelles, des ventes privées, le développement de nouveaux circuits de distribution, etc. Ce qui reste pour l’heure sûr et rassurant, « c’est que le consommateur connaît et reconnaît la qualité de nos produits », conclut Kathy Molière.

Élan de solidarité pour toute la filière

Après une année particulièrement difficile, 2020 se terminait donc sur une note positive pour l’ensemble de la filière Volaille de Bresse avec des ventes très concluantes de volailles fines : 17.500 chapons, 24.000 poulardes roulées, 8.500 non roulées, et 16.000 dindes. « Sur cette fin d’année, on partait un petit peu dans l’inconnu avec ces repas de fête à six personnes maximum. Avec nos chapons, on ne savait pas du tout comme ça allait se passer », confie Cyril Dégluaire, vice-président du CIVB (Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse). Et d’ajouter très vite : « Au final, ça c’est très bien passé. Nous avons ressenti une grande solidarité au sein de la filière. Remercier aussi tous nos bénévoles des Glorieuses qui ont organisés les « Marchés d’exception » à Bourg-en-Bresse, Pont-de-Vaux, Louhans, Montrevel ; une équipe d’une quinzaine de personnes. Tout le monde a bien joué le jeu. Les éleveurs ont également très bien travaillé ! ». Et Katy Moliere, chargée de communication au CIVB, de préciser : « Nous sommes toujours en recherche de candidats à l’installation pour la reprise des outils existants, pour notamment pallier les futurs départs à la retraite ». 

Patricia Flochon