EXCLU WEB : Retour à la normale pour Eva Jura

« Enfin, nous avons retrouvé notre fonctionnement habituel et une situation classique d'entreprise qui développe ses services, » se réjouit le directeur d’Eva Jura Dominique Peinturier. « L’exercice précédent a été fortement perturbé par la crise du COVID, nous avons dû arrêter l’activité contrôle de performance et conseil en élevage durant sept semaines, ce qui nous a lourdement pénalisé. »
Seule la capacité de voyager à l’étranger n'a pas encore pu être rétablie. Le responsable export d’Eva Jura, qui passe habituellement 45% de son temps en déplacement et couvre 28 pays, n’a pas quitté la France cette année. Malgré cela, les exportations de semences ont augmenté. « Heureusement que nous avons un réseau de distributeurs, » estime le directeur, « mais on ne peut pas rester longtemps sans se rencontrer. Les relations commerciales, c'est avant tout des relations humaines : sans évolution, le réseau peut finir par s'appauvrir à moyens et longs termes ».

Reprise des exports de génisses

Contrairement à celui des semences, le commerce de génisses a été extrêmement difficile en 2021 à cause notamment des difficultés de circulation pour les acheteurs et de la fermeture du marché algérien il y a un an. L’export de génisse a été très pénalisée mais il semble repartir à la hausse en ce début 2022 et l'Algérie est en train de rouvrir ses portes aux bovins européens. 
Pour Eva Jura, le premier projet de 2022 est le retour de Jura expo en présentiel, après l’annulation de 2020 et la version numérique de 2021. Originellement prévu les 22 et 23 janvier, l’événement a dû être reporté à une date ultérieure car l’ARS a réquisitionné le tiers du hall central de Juraparc pour ouvrir un centre de vaccination. Les équipes d’Eva Jura et du Syndicat jurassien de la race Montbéliarde travaillent à trouver une solution de repli et devraient annoncer les nouvelles dates sous peu.

Des doses sexées sans réservation

Eva Jura adapte en permanence ses services aux éleveurs. Parmi les nouveautés, depuis l'été 2021, l'entreprise met à leur disposition des doses de semences sexées sans réservation à un tarif attractif. « C'est une mécanique compliquée car il faut gérer les stocks pour qu’à tout moment il y ait des doses disponibles ».
Les contrats de service pour le contrôle de performance et le conseil en élevage sont en cours de renouvellement. Les contrôleurs laitiers proposent des services à la carte pour les éleveurs jurassiens qui peuvent choisir le nombre de prestations qu'ils souhaitent à l'année et leurs dates. Les élevages du département se différencient du reste de la France car ils ont tendance à augmenter la fréquence de ces contrôles par des agents de pesée indépendants. Le quart des exploitations choisit 12 passages chaque année. Ils ont ainsi chaque mois, vache par vache, des informations sur la quantité de lait produite, mais aussi sur sa qualité : taux protéique, taux butyreux et comptage cellulaire qui révèle le niveau d’infection des mamelles et permet de prévenir les risques de mammites. 
Dans le reste de la France, la majorité opte pour six contrôles par an, soit le minimum légal pour agréer une lactation. A l’inverse, au niveau national le taux d'auto-contrôle est de 50% alors qu'il est à moins de 10% dans le Jura. Cette forte adhésion des éleveurs jurassiens au contrôle est principalement portée par la filière fromage.

Time Laps et Eva d’or

Parmi les nouveautés 2021, Eva Jura propose une prestation Time Laps. Des caméras, fixées en hauteur dans les bâtiments d’élevage, permettent de visualiser de manière accélérée les déplacements des vaches et leur comportement sans les perturber. Il est alors possible de déceler les éventuels problèmes (accès à l’auge et à l’abreuvoir, temps de repos, etc.) pour augmenter le confort des animaux.
Un temps envisagée si l'assemblée générale s'était passée en présentiel, la création des Eva d'or a été reportée. Ce prix devait mettre à l'honneur des élevages aux performances remarquables. « Nous n’avons pas pu le faire lors de l’AG mais l'objectif est de l’organiser chaque année, comme un fil rouge, » explique Dominique Peinturier. « Nous travaillons avec 900 éleveurs dont certains obtiennent des résultats exceptionnels. Ils ont des conseils et des pratiques à partager qui peuvent servir à la collectivité ».
S. Closa