NÉGOCIATIONS COMMERCIALES
Vers des prix stables chez les PME
Les premières remontées des PME et ETI, qui concluent leurs négociations avec la grande distribution le 15 janvier, donnent des tarifs qui ne bougent pas en moyenne, voire sont en baisse. Le gouvernement garde une vigilance particulière sur les marges, un rapport est attendu en janvier
Alors que tous les acteurs tablent sur une légère inflation à l’issue des négociations commerciales, un premier sondage auprès des PME et ETI réalisé par la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef) donne un « atterrissage à l’étal négatif ». Les premières remontées des adhérents de la Feef (90 % des répondants sont dans l’alimentaire) montrent « une absence de revalorisation des prix » : les tarifs ont évolué entre 0 et -1 %, alors que les fournisseurs demandaient 3 % de hausse en moyenne. À la clôture des négociations pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est de moins de 350 millions d’euros (15 janvier), un peu plus de la moitié des contrats sont signés. Après les PME et ETI, les négociations doivent s’achever au 31 janvier pour les très grandes entreprises. À l’approche des dates butoir, les enseignes accentuent la pression sur leurs fournisseurs. Carrefour a suspendu, début janvier, les ventes des produits PepsiCo (Lay’s, Quaker, Bénénuts). Cette décision est liée à une « hausse de prix inacceptable », explique le distributeur à ses clients via une campagne d’affichage. La version de Carrefour est contredite par PepsiCo qui affirme qu’il a décidé de ne plus livrer le distributeur « faute d’accord sur un nouveau contrat ».
Légère inflation globale attendue
Carrefour n’est pas la seule enseigne à hausser le ton. Interviewé sur France Info le 4 janvier, Michel-Edouard Leclerc s’est montré déterminé à aller « chercher des baisses ». Pour autant, les distributeurs n’envisagent pas une baisse globale des prix. Le porte-parole de Leclerc estime qu’un objectif de 2 à 2,5 % d’augmentation globale à l’issue des négociations est « raisonnable », alors que ses fournisseurs demandent « des hausses de 6 à 10 % en moyenne ». De son côté, le président de l’Ania (industriels), Jean-Philippe André, « ne pense pas » non plus qu’il y aura « des baisses générales de prix », a-t-il déclaré sur Radio Classique, le 10 janvier. Il estime que les négociations finiront plutôt sur une « très légère inflation, peut-être de 2 à 3 % ».
L’avancée du calendrier, avec une clôture des négociations en deux temps, brouille les cartes. Le président-directeur général de Système U Dominique Schelcher déplorait, sur l’antenne de France Inter le 3 janvier, « beaucoup d’attentisme » de la part de certains industriels. Aucun rendez-vous n’avait encore eu lieu avec Danone, par exemple. En revanche, le distributeur explique avoir trouvé un accord avec Yoplait, Entremont et Laïta sur des « hausses de prix raisonnables avec un prix du lait qui soit rémunérateur pour les producteurs ». Dans ce contexte exceptionnel, la FNSEA redoute un retour en arrière sur la protection du revenu agricole. Le syndicat majoritaire demande qu’une série de contrôles soient diligentés par la DGCCRF (Fraudes) concernant le respect des règles de sanctuarisation de la matière première agricole (MPA). Le ministère de l’Économie n’aurait pas apporté de réponse sur ce point – contacté, le cabinet de Bruno Le Maire n’a pas répondu à nos sollicitations. Se faisant l’écho de « demandes de baisse entre 3 et 6 % des grandes surfaces » et, à l’inverse, de propositions « de hausses de 3 % pour l’industrie », le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, espère une issue des négociations « entre zéro et quelque chose, ce qui garantirait que la matière première agricole ne soit pas attaquée », a-t-il déclaré en conférence de presse le 10 janvier. Le syndicat rapporte qu’une nouvelle étude de l’Inspection générale des finances (IGF, ministère de l’Économie) sur la répartition des marges dans les filières alimentaires est attendue dans les prochaines semaines. « Nous en attendons les résultats pour courant janvier », a indiqué Arnaud Rousseau, qui souhaite disposer de cette information en amont du Salon de l’agriculture, qui ouvrira ses portes le 24 février. Une première étude de l’IGF sur la répartition des marges était parue fin 2022, puis mise à jour au printemps 2023, soulignant que l’industrie agroalimentaire avait absorbé la hausse des prix fin 2022.