Soins et bien-être animal
Des méthodes alternatives pour prendre soin de son troupeau

Ariane Tilve
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Longtemps considérés comme des pratiques marginales, les soins alternatifs destinés aux animaux d’élevage sont en passe d’entrer dans les mœurs. La Chambre d’agriculture propose, depuis une dizaine d’années, des formations de plus en plus prisées. Petit tour d’horizon de ces pratiques très utiles en première intention.

Des méthodes alternatives pour prendre soin de son troupeau

Première précision qui a son importance, ces soins ne visent pas à remplacer la médecine traditionnelle mais bien à renforcer le lien avec son cheptel et à compléter les soins vétérinaires. Derrière le terme de ʺsoins alternatifsʺ se cache une multitude de pratiques, plus ou moins complémentaires, dans lesquelles on peut puiser en fonction de ses affinités, de l’homéopathie à la phytothérapie en passant par la géobiologie ou les tests musculaires.

L’une des méthodes les plus populaires en Saône-et-Loire, à en croire l’engouement pour les formations de la Chambre, est sans doute le reiki, comme le confirme la conseillère Valérie Fuzy : « Les éleveurs accrochent tout de suite parce qu’on relie l’humain à l’animal. Les formations sont proposées à des groupes de neuf ou dix personnes au maximum ». Selon la formatrice, Nelly Tisserand, « le reiki est un savoir être au quotidien ». Lors de l’initiation, les éleveurs apprennent à contrôler leurs émotions, à moins s’énerver. Premier avantage, un agriculteur apaisé à toutes les chances de voir son cheptel devenir plus calme. « En libérant votre esprit, vous pouvez utiliser l’énergie dans vos mains pour la donner aux animaux. Un veau qui naît très fragile, qui se déshydrate, peut se relever et aller boire après une séance de dix minutes de reiki, explique la formatrice. Idem pour une vache qui, après la perte d’un veau, peut avoir une baisse de lait. Si on l’accompagne dans sa perte, qu’on lui accorde du temps et de l’attention, le retour à la normale est plus rapide ». Les formations de Nelly font très souvent le plein et son public s’élargit. On y croise des éleveurs canins et d’équidés, une conseillère agricole ou encore un vétérinaire soucieux de respecter la sensibilité de l’animal. L’enseignement proposé par la Chambre comprend un module découverte de trois jours, pour évoquer la conscience animale et pratiquer sur une exploitation. On peut ensuite passer le niveau 1, soit quatre jours pour apprendre à pratiquer des soins directs sur les animaux. Enfin, le niveau 2 permet d’apprendre à travailler à distance. Il existe un niveau 3 qui n’est pas proposé par la Chambre, mais directement par Nelly Tisserand. Il s’agit d’un travail sur la conscience, pour élargir notamment la pratique à d’autres protocoles sur les humains. « J’ai conçu le concept de reiki pour animaux pour la Chambre d’agriculture de Besançon, en 2015. J’ai commencé par le Doubs, puis j’ai été sollicitée par le Jura, mais aussi la ville de Fribourg, en Suisse, puis la Bretagne et maintenant la Saône-et-Loire. L’objectif est d’apporter des soins complémentaires aux soins vétérinaires, de donner quelques outils aux agriculteurs pour qu’ils soient moins démunis dans certaines situations », explique Nelly Tisserand. Éleveuse, Françoise Lafay a suivi les formations de Reiki de la Chambre et le conseille à ses consœurs et ses confrères. « J’ai une toute petite exploitation. Je fais naître à peu près vingt veaux dans le Charolais, je suis donc très proche de mes animaux. Une relation encore renforcée depuis ces formations. Dès la naissance, je fais un soin à mes veaux pour qu’ils soient forts ». Si Françoise utilise le reiki en prévention, dans le cas des naissances, elle affirme que la méthode a fait ses preuves sur le bien-être général de son cheptel. « J’ai des étables dans lesquelles mes vaches sont attachées et ont chacune deux voisines. Avant, quand je les rentrai, l’une d’elles dominait les autres qui, elles, avaient tendance à se mettre en recul et à moins bien manger. Depuis que je fais des soins pour qu’elles soient plus gentilles les unes envers les autres, ça se passe très bien », témoigne-t-elle.

La géobiologie

C’est l’autre méthode la plus prisée de la Chambre d’agriculture. En utilisant un pendule et/ou des baguettes, vous apprenez à localiser des passages d’eau, des courants parasites, des canaux électriques ou encore des failles terrestres susceptibles de provoquer des dysfonctionnements dans le troupeau. Aujourd’hui à la retraite, Guy Beauchamp était éleveur en allaitants bovins et ovins. Il a participé aux formations de Michel Gilbert, l’une au printemps et l’autre à l’automne, aux côtés de six autres personnes. Lui qui a essayé les deux types d’outils se dit plus sensible à l’usage des baguettes qui lui permettent, entre autres, de trouver de l’eau. Comment ? Il s’agit selon lui de comprendre des choses que l’on ne voit pas. Mais pour y parvenir il faut « se vider de soi-même, se plonger dans ce que l’on cherche. J’ai appris à me préparer à ça. Il y a des formulations spécifiques qu’il faut utiliser et d’autres qu’il faut écarter. Il faut supprimer par exemple les verbes vouloir et pouvoir », explique Guy Beauchamp. Le retraité ajoute que toutes les baguettes ne sont pas compatibles avec tous les utilisateurs. Lui a dû en essayer quatre avant de trouver celles qui lui ont finalement convenu. De même, au début de la formation, il trouvait toutes ses sources à 70 cm de décalage. C’est le formateur qui lui a expliqué qu’il était décalé et qui a dû le recaler. Si la géobiologie est considérée comme un soin alternatif, c’est qu’elle permet de trouver canaux énergétiques et/ou failles terrestres qui peuvent affecter le comportement animal. Une fois détectées et réparées, ces failles ne poseraient plus de problème au troupeau qui retrouve plus facilement sérénité et productivité. Une méthode qui n’en finit pas d’émerveiller Guy Beauchamp : « devant chez moi, il y a un conduit électrique, un canal d’eau et un regard. Je me suis amusé, avec des personnes très sceptiques, à passer au-dessus sans rien demander à la baguette. Dans ce cas, elle ne bouge pas. Puis je suis repassé en demandant l’alimentation d’eau, elle a bougé juste au-dessus. Je suis repassée une troisième fois en demandant le conduit électrique, même réaction », s’amuse-t-il. L’ancien éleveur a conscience que la géobiologie n’est pas reconnue par la plupart des exploitants de sa génération. Il se félicite en revanche de constater que les jeunes sont de plus en plus enclins à se tourner vers les méthodes alternatives, que ce soit la géobiologie, l’homéopathie, les huiles essentielles ou encore des tests musculaires que la chambre propose pour cultiver la bonne santé des animaux et raisonner les pratiques vétérinaires. Sans oublier la méthode Obsalim qui permet, grâce à un jeu de cartes notées, de surveiller l’état de son troupeau.

Quelques formations à venir à la Chambre d'agriculture

_ Bovin : le bien-être animal au cœur du bâtiment d’élevage, du 13 au 16 avril à Jalogny.

_ Bovin : prendre en compte le bien-être animal en prenant en compte la relation éleveur - animal, du 21 février au 21 mars à Charolles.

_ Toutes espèces : utilisation des huiles essentielles en élevage le 13 mars et le 15 novembre à Jalogny.

_ Toutes espèces : reiki découverte 3, 4 et 6 juillet à Charolles.

_ Toutes espèces : reiki niveau 1 les 20, 21 mars, 6 avril et 22 mai à Charolles et Jalogny.

_ Toutes espèces : reiki niveau 2 les 31 juillet, 1er août, 2 et 18 septembre à Jalogny et Charolles.

_ Toutes espèces : test musculaire niveau 1 les 15, 16 et 17 mai à Charolles.

_ Toutes espèces : géobiologie niveau 2 les 6 et 7 juin à Jalogny.

_ Forage : utiliser les baguettes et le pendule pour préparer votre forage, le 15 juin à Jalogny. 

Pour plus d'informations n'hésitez pas à contacter la Chambre au 06 43 47 20 36, ou par mail centreformation@sl.chambagri.fr.