Chambre d'agriculture
Le changement climatique, l'enjeu d'aujourd'hui et de demain

Christopher Levé
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Le vendredi 11 mars, à Dijon, s’est tenu la session de la Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté durant laquelle des réflexions ont eu lieu autour du changement climatique et du Varenne de l’eau, des sujets qui représentent les enjeux du monde agricole d’aujourd’hui et de demain.

Chambre régionale d'agriculture BFC
Le changement climatique et le Varenne de l'eau étaient au cœur des échanges lors de la session de la Chambre régionale d'agriculture de Bourgogne Franche-Comté.

S’il y a bien un sujet qui ne laisse personne indifférent et qui est la préoccupation de tous, c’est bien le changement climatique. C’est l’une des grandes thématiques qui a été abordée lors de la session de la Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté, le vendredi 11 mars, à Dijon. « Il y a quelques années, il y avait sans doute des personnes qui marquaient une forme de perplexité quant à la prévision qui était tracée de longue date par certains, remettant en cause la réalité d’un changement climatique. Les dernières années que nous venons de traverser nous rappellent de façon assez cinglante que non seulement la question d’en douter n’est plus d’actualité, mais qu’au-delà de cela, la trajectoire initialement prévue de l’impact du changement climatique va plus vite que ce qui était prévu », confie Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture BFC.
Les aléas climatiques des dernières années (sécheresses, inondations, fortes chaleurs, gel…) ont provoqué des conséquences économiques lourdes pour les exploitations agricoles de la région. « C’est pourquoi il faut travailler ensemble et collectivement pour y faire face et tenter au maximum de minimiser les conséquences », continue Christian Decerle.

Tenter de limiter l’impact du changement climatique

Pour Jérôme Lamonica, conseiller à la Chambre d’agriculture du Jura, « il y a eu des accélérations du changement climatique dans les années soixante-dix. Celui-ci va bien plus vite que ce que pensaient initialement les climatologues. Il y a une partie du réchauffement qui est naturel. Mais ce qui est venu perturber la planète, ce sont des émissions de gaz à effet de serre qui sont liées à l’activité humaine ».
Pour accompagner l’agriculteur dans la transition climatologique et construire des projets permettant de relever les défis climatiques de demain, des outils existent, avec lesquels travaille le réseau des Chambres d’agriculture. « Le premier outil se nomme Oracle (observatoire régional sur l’agriculture et le changement climatique). C’est un outil qui permet de mesurer et d’observer les évolutions du changement climatique du passé jusqu’à aujourd’hui », indique Céline Buche, conseillère à la Chambre régionale d’agriculture BFC. « Le second outil s’appelle ClimA-XXI (climat et agriculture au XXIe siècle) qui permet de se projeter dans un futur proche et lointain, jusqu’à la fin du XXIe siècle ».
Alors, quel climat dans les années à venir prévoit ces outils ? Plusieurs scénarios sont possibles. Le plus optimiste indique une hausse des températures de + 1,7 °C d’ici la fin du siècle. Le plus pessimiste indique une hausse de + 5 °C. Le dernier rapport du GIEC indique que « s’adapter au changement climatique est possible si le réchauffement est limité à 1,5 ou 2 °C ».
L’outil ClimA-XXI rapport qu’en 2005, la température moyenne annuelle à Beaune était de 10,7 °C. Selon les prévisions, elle serait de 11,8 °C sur la période 2021-2050. Et de 12,8 °C sur la période 2071-2100 pour la version la plus optimiste, et de 14,3 °C sur cette même période pour le scénario le plus pessimiste, ce qui situerait Beaune à une température moyenne annuelle basée sur des températures équivalentes à des villes du sud de la France, comme Avignon (une température moyenne annuelle de 14,2 °C recensée sur la période 1976-2005).
« L’agriculture a une posture très singulière vis-à-vis du changement climatique puisqu’elle est déjà fortement impactée par celui-ci. Depuis tous temps, l’agriculteur a toujours travaillé avec la météo », reprend Jérôme Lamonica. « L’agriculture contribue également aux gaz à effet de serre, comme toute autre activité, mais est porteuse de solution, ce que ne sont pas forcément les autres activités économiques. Le monde agricole a cette possibilité de se mobiliser pour porter des solutions, notamment avec le stockage de carbone, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ».

Le Varenne de l’eau se décline au niveau régional

Autre sujet central développé lors de la session régionale, celui du Varenne de l’eau. « C’est un travail qui a été lancé au niveau national par les ministères de l’agriculture et de la transition écologique », rappelle Étienne Henriot, président du comité régional territoire environnement. Un travail qui s’est achevé le 1er février. « Nous avons choisi de reprendre ce sujet au niveau de la région. La question du changement climatique et la question de la ressource en eau sont des sujets qui existent déjà depuis de nombreuses années. On sent, dans les événements climatiques que nous avons connus ces dernières années, comme une récurrence plus rapide de phénomènes comme la sécheresse ou le gel. L’idée, au niveau régional, est de faire une synthèse des efforts des uns et des autres pour gagner en efficacité pour trouver des solutions face au changement climatique et aux problématiques liées à l’eau, non seulement pour le monde agricole, mais également pour les citoyens et les collectivités », poursuit-il.
Les enjeux sont multiples : Garantir l’accès à l’eau pour tous les usages à la fois dans le respect des milieux et de la biodiversité, assurer l’autonomie alimentaire des humains et des animaux, assurer une juste rémunération du monde agricole, continuer de veiller à atténuer les impacts sur le changement climatique, garantir le renouvellement des générations d’agriculteurs, agir au plus près des contextes des territoires, donner l’accès à des pratiques innovantes en faisant le lien entre la recherche, les expérimentations et permettre aux agriculteurs d’avoir accès à tous les résultats, et s’appuyer sur les écosystèmes pour assurer la résilience des territoires.
À ce titre, Anne Coste de Champeron, secrétaire générale de la préfecture régionale de Bourgogne-Franche-Comté, a précisé que pour mener à bien ce projet, « figure la mobilisation d’une enveloppe de 100 millions d’euros pour le soutien à l’innovation, qui a été annoncé par le premier ministre le 1er février dernier ».