Haies
Une valorisation multiple à planifier

Françoise Thomas
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La journée technique sur les prairies naturelles organisée notamment par Bio Bourgogne fin mars à la ferme du Jointout (voir notre édition du 8 avril) comportait également un atelier autour de la gestion des haies. Entre contraintes et avantages, retour sur une présence de linéaire végétal demandée par la future Pac et utile aux éleveurs.

Une valorisation multiple à planifier
Les branches basses de ces arbres empiètent trop sur la parcelle. Un plan de gestion des haies permet de définir le rôle et l’emplacement des espaces bocagers.

Sur les plaines de la Bresse bourguignonne du Jointout, le parcellaire est relativement bien regroupé. Dans cette ferme conduite en bio, les haies ont globalement été préservées et l’ensemble présente un patrimoine bocager important. Aujourd’hui, le Gaec de quatre associés conduit une troupe de brebis et de chèvres, avec transformation fromagère, du maraîchage et des cultures. Les 45 ha de surfaces agricoles ne comptent pas moins de 7 km de haies, dont 6 km sont en gestion complète.

Autant dire qu’il y a là une vraie richesse et un potentiel immense. Encore faut-il que l’ensemble soit bien géré car une haie n’est pas tout à fait un espace naturel. Si sa présence représente de nombreux atouts, elle doit « être à la fois pensée, entretenue et gérée », a rappelé l’intervenant de Jura Nature Environnement.

Empiétement hiérarchique

Et l’exemple de la ferme du Jointout et la grande variété de ses espaces bocagers ont permis d’illustrer nombre de problématiques et d’attentes vis-à-vis des haies.

Tout d’abord, un constat s’imposait : « le réseau dense de haies est actuellement peu exploité ». Certaines vieilles haies dépérissent car « leur renouvellement n’est pas amorcé », (car souvent brouter ou piétiner par les animaux), quant aux jeunes haies, la plupart poussent sur les clôtures, par opportunisme, et donc là aussi sans véritable cadre.

Autre problème répertorié : jusqu’à présent, compte tenu de l’importante présence des linéaires de haies, quelques-unes ont largement pris leurs aises. Ces croissances hiérarchiques empiètent parfois beaucoup sur les parcelles et font perdre de la surface de culture ou de fauche. La présence de la troupe de chèvres permet souvent un entretien par pâturage, mais ce n’est pas possible partout.

Pour les animaux

Ainsi, le point technique proposé lors de cette journée a permis de rappeler l’intérêt d’établir un plan de gestion durable des haies (un PGDH). Ce que sont en train de mettre en place les associés du Gaec.

Dans une ferme comme le Jointout, les intérêts de cette présence végétale sont réels et multiples : les feuilles de ces végétaux-là peuvent représenter une source indéniable de fourrage en été en cas de sécheresse et de manque d’herbe, pour ne pas avoir trop vite et/ou massivement recours au stock de foin. Comparativement à l’herbe, « les feuilles perdent très peu de leur réserve nutritive en cas de sécheresse », a-t-il été rappelé…

Ensuite, cette présence offre un abri naturel appréciable pour les animaux, et ce en toute saison.

La ferme du Jointout ayant en projet la mise en place d’un atelier boulangerie, ces haies pourront fournir du bois pour le four, en plus du bois de chauffage pour leurs habitations.

Partant de toutes ces données, le plan de gestion durable des haies permettra de déterminer les haies à renouveler, à favoriser et celles à juguler. Seront étudiées également les essences qu’il faudra privilégier en fonction des objectifs de zone de fraîcheur, de production de bois de chauffage, de fourrage pour les animaux.

Ainsi, en fonction des objectifs, il faudra ou non laisser les animaux pâturer dessous, certains arbres seront également à terme à tailler en trogne (têtard), et ce seront soit des arbres présents ou mis en place dans les haies, soit implantés en ligne au cœur de parcelles.

Les haies et espaces bocagers se prévoient par strate, et à différentes échéances.