Union des producteurs de vins mâcon (UPVM)
La flavescence gâche la belle année 2022

Cédric Michelin
-

Mercredi 12 avril dans la nouvelle aile dédiée aux OPA viticoles de la Cité des vins à Mâcon, l’Union des producteurs de vins mâcon (UPVM) tenait son assemblée générale. Une assemblée générale qui allait vivre des montagnes russes sur tous les sujets : économie, technique, sanitaire…

La flavescence gâche la belle année 2022
De g. à d., Sébastien Lacharme, Isabelle Meunier, Marc Sangoy, Patrick Desroches, Jérôme Chevalier, Thiébaut Huber, Michel Barraud.

« W ». Ce n’est pas le M inversé de Mâcon mais bien l’évolution des rendements de l’appellation ces dernières années, débutait Michel Barraud. Le vice-président de l’UPVM ne peut déplorer, comme ses collègues bourguignons, les aléas climatiques et pertes de rendements. Depuis 2018, une année sur deux, les volumes revendiqués plafonnent autour de 250.000 hl avant de chuter l’année suivante (2019 et 2021) à 150.000 hl. Avec 258.539 hl en 2022, l’appellation mâcon a enregistré une légère baisse de ses surfaces revendiquées à 4.388 ha (contre 4.474 hl en 2021) laissant à penser que la différence s’est faite au bénéfice de l’appellation crémant de Bourgogne, analysait le vigneron de Sologny. Mais l’essentiel pour les 810 déclarants a été de retrouver après 2021 une « récolte normale », permettant même de reconstituer 15.900 hl de VCI (soit 6,5 % du total) générés notamment par le « déplafonnement du rendement butoir ». Il faut dire que les stocks fin 2021 étaient au plus bas (moins de 700 hl) puisque la quasi-totalité du VCI en stock en 2020 avait été utilisée en complément de récolte en 2021. Une « belle victoire », clamait Jérôme Chevalier, président de l’UPVM, qui voit là, la démonstration de l’efficacité des VCI à jouer leur rôle « d’assurance » pour résister aux pertes de récolte et continuer de vendre sur des marchés demandeurs. Ce déplafonnement pourrait être « pérennisé » dans les prochaines années, espère le président de la CAVB, Thiébaut Huber pour faire face aux aléas climatiques qui ne manqueront malheureusement pas de revenir.

Maitriser son destin

Ce qui entraîne également d’autres questionnements. Si le responsable de la commission technique de l’UPVM, Marc Sangoy félicitait l’ensemble des viticulteurs pour la conformité de leurs vignes, lors des contrôles ODG (seulement 12 ha avec manquements en grande majorité mis en conformité), l’UPVM interrogeait l’assemblée sur le volume des autorisations de plantation nouvelle, qui resteront à 30 ha. « En fonction des stocks, des ventes… il va falloir se positionner et essayer de coller au plus près à la réalité », expliquait Jérôme Chevalier. Marc Sangoy rajoutait surveiller « les autres régions », notamment Côte du Rhône et Bordelais, en crises structurelles faute d’avoir « trop » planter. Un point d’étape était fait sur la révision de la délimitation parcellaire de l’ODG avec 76 parcelles (total de 23 ha) en totalité ou en partie ajoutées à l’aire délimitée mâcon-villages et 5 parcelles ajoutées (total de 5,5 ha) à l’aire parcellaire délimitée mâcon.

Côté adaptation au changement climatique, Marc Sangoy n’entrait pas dans les détails des réflexions engagées (lire page HH) mais mentionnait Vitaf, l’expérimentation d’agrovitiforesterie, avec le cru saint-véran et sous l’initiative du lycée de Davayé. Ce projet d’étudier les impacts des arbres au bord et dans les vignes, pour « les abriter du vent et de la sécheresse », se heurte pour l’heure au cahier des charges des appellations et « au flou sur les intégrer comme surface en production », défend la CNAOC, « sinon, cela ne marchera pas », prédit Jérôme Chevalier.

La flavescence en embuscade

Président de la cave de Lugny, Marc Sangoy enchaînait sur le délicat sujet de la flavescence dorée qui dix ans après avoir été découverte dans son secteur, est aujourd’hui en « très forte expansion dans le sud », Mâconnais et Nord Beaujolais. Il rappelait les quatre piliers de la lutte obligatoire (prospection collective, arrachage, traitements insecticides, plants traités eau chaude). Il insistait surtout sur l’importance « de surveiller son vignoble, vu la rapidité, rester vigilant et la lutte collective doit être prioritaire pour ne pas mettre en danger ses collègues ». Thiébaut Huber rajoutait même « un 5e pilier, le nettoyage des machines, notamment celles utilisées lors des rognages avec des communes limitrophes en Beaujolais ».

En conclusion, dans son rapport moral, Jérôme Chevalier se montrait clair à propos de la demande de dérogation à la lutte insecticide du côté des appellations pouilly-loché-vinzelles et pouilly-fuissé : « avec près de 4.400 ha, l’appellation mâcon représente 16 % de la production bourguignonne ne peut pas se positionner comme certaines appellations. Depuis 2012 et l’apparition du foyer mâconnais, pour mémoire 12 ha arrachés, les viticulteurs se sont mobilisés sans relâche avec des prospections, arrachages et traitements insecticides. Depuis, on arrive à contenir ce fléau, mais pas à l’éradiquer. Il faudra vivre avec. Certaines appellations ont pris décision de ne pas traiter, mais plutôt d’accentuer la prospection et les analyses. Je respecte cette décision, mais en aucun cas, je ne pourrais faire prendre cette décision à l’ODG mâcon, car je n’ai pas la certitude que ce soit la meilleure décision. Bien évidemment, si on constate que leur décision s’avère meilleure, nous en tirerons les conséquences, sinon ce sera à eux de prendre leurs responsabilités », concluait-il.

Des marchés dynamiques

Enfin pas tout à fait puisqu’avant, il se réjouissait de voir que les vins mâcon « se portent bien, même très bien, même si l’histoire nous démontre qu’il faut rester prudents et ne pas relâcher nos efforts, avec notre rapport qualité-prix que les consommateurs recherchent ».

La preuve avec l’affluence et le succès des événements organisés par les vins mâcon ou invités à en faire la promotion, tels que lors du Congrès de la Sommellerie, le Salon VinEquip, le Congrès des Œnologues… citait Sébastien Lacharme, responsable de la commission communication. Évidemment, le vigneron de la Roche-Vineuse est sur le pied de guerre avec la 10e édition du festival Mâcon Wine Note ? qui se déroulera le 19 mai sur l’esplanade Lamartine avec une « restauration agrandie sur la Saône » et surtout « des têtes d’affiche en concert ». Même si ce n’est pas la période idéale, Mâcon recevra le 130e congrès des Pompiers en septembre 2024. Pas de quoi mettre le feu à la trésorerie, « saine » redisait la trésorière de l’UPVM, Isabelle Meunier qui appelait tous les producteurs à faire « rayonner l’appellation mâcon ». Le représentant du Département, Patrick Desroches s’associait à cette noble cause et se réjouissait de bientôt pouvoir compter sur la nouvelle Cité des vins comme outil de promotion, en plus de l’application web Route71 et autres soutiens aux manifestations.

Plus de ventes que de récoltes !

Marc Sangoy se chargeait de faire un point sur les marchés des vins mâcon à partir des chiffres et études du pôle marché du BIVB. Le volume exporté en 2022 s’élève à 9,2 millions d’équivalent 75 cl, soit une forte baisse de -22,7 % par rapport à 2021 (quasi similaire à la moyenne quinquennale). Pour autant, le chiffre d’affaires 2022 s’élève à 61,9 millions d’euros, soit une légère hausse de + 1,2 % par rapport à 2021, tout à faire remarquable donc avec de si faible volume. C’est d’ailleurs une hausse de + 14 % en valeur comparativement aux cinq derniers exercices. Angleterre, États-Unis d’Amérique restent les principaux marchés exports, même s’il est constaté des baisses de volume et de valeur. À l’inverse, la Belgique et le Canada voient aussi des baisses normales de volume mais des hausses en valeur. Japon et Suède enregistrent des hausses et en volume et en valeurs.

En circuit grande distribution, le volume vendu en 2022 suit les mêmes tendances avec 3,4 millions d’équivalents 75 cl (-9 % / 2021 ;-2 %/moy. 5 ans) avec un chiffre d’affaires en hausse cependant à 25,8 millions d’euros (+4 %/2021 ; +16 %/moy. 5 ans).

La situation est nettement meilleure donc avec des stocks retrouvés, surtout en mâcon blancs avec 283.260 hl en cave (+27 % fév. 2023/fév. 2022). Même constat pour les mâcon rouges à 19.623 hl (+4 % fév. 2023/fév. 2022), malgré toujours des surfaces en baisse (333 ha rouge et rosé).