COOPÉRATION
Relocaliser les protéines végétales pour l’alimentation animale
Vendredi 12 avril, la Coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé le lancement du projet Coopéara. Ce programme régional va produire des tourteaux locaux pour l’alimentation animale, ainsi que des huiles végétales à destination de l’industrie agroalimentaire.
C’est un projet d’envergure qui a nécessité trois années de travail et de concertation. Le vendredi 12 avril, la Coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes a profité de son assemblée générale pour présenter sa grande actualité : le programme Coopéara. « Une étude menée en 2019 a démontré que 95 % de nos tourteaux venaient d’Amérique du Sud, a introduit Yannick Dumont, président de la coopérative Jura Mont-Blanc et élu référent du projet. Parallèlement, trois usines de trituration dans l’Allier (Ucal), l’Ain (Nutralp) et l’Isère (Oyxane) étaient en cours d’implantation. » De ce constat est née l’idée de relocaliser la chaîne d’approvisionnement en protéines végétales pour l’alimentation animale. In fine, seize coopératives régionales et sept partenaires techniques ont décidé de rejoindre le consortium régional et de collecter 70 000 tonnes de graines d’ici 4 ans.
Passer de 95 à 59 % de tourteaux de soja importées
Mais répondre à un tel objectif demande une ambitieuse structuration. Le premier axe de travail vise ainsi à réimplanter du soja et du tournesol en Auvergne-Rhône-Alpes, tout en prenant en compte le contexte pédoclimatique et agronomique de chaque territoire. L’objectif est ainsi d’atteindre 59 % d’importation de tourteaux de soja en accroissant la surface de soja (15 000 hectares) et de tournesol (4 000 hectares). Le second enjeu doit répondre à l’augmentation de l’autonomie alimentaire des élevages. Un réseau de 58 fermes pilotes en production laitière, bovine, ovine, porcine et caprine soutiendra cette démarche. Ce projet se heurte néanmoins à une question de taille. Les consommateurs seront-ils prêts à payer un produit fini plus cher, contre la certitude que le tourteau ait été produit localement et sans avoir participé à la déforestation ? Le consortium a prévu de réaliser des tests d’achats au sein de microfilières en viandes bovine, porcine et produits laitiers. Outre la consommation animale, le groupement compte également profiter des milliers de tonnes d’huile de colza et de tournesol transformées pour l’alimentation humaine. Sur 1 t de graines de soja, près de 20 % correspondent à de l’huile. Ce volume passe à 42 % pour 1 t de graines de tournesol.
À la suite de ces annonces, Sébastien Courtois, éleveur laitier et administrateur Sodiaal, a eu du mal à cacher son enthousiasme : « Nous venons de sortir des Journées laitières et les critères de zéro déforestation, de traçabilité des aliments consommés par les animaux et la prise en compte de l’impact carbone sont des demandes que nous avons reçues ». Si ces éléments sont autant d’arguments de taille à faire valoir auprès des consommateurs, les professionnels pointent un tout autre atout du programme Coopéara. Selon Jérémie Bosch, chef de projets à la Coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes, le recours aux légumineuses permettant de réduire l’utilisation d’engrais de synthèse impliquerait également une baisse de 10 544 t eqCO2/an.
Léa Rochon
Le projet Coopéara
· 3 usines de trituration au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes,
· 16 coopératives régionales,
· 70 000 t de graines oléoprotéagineuses collectées,
· 45 000 tonnes de tourteaux destinées aux usines d’alimentation animale des coopératives régionales,
· 20 millions de litres d’huile pour l’alimentation humaine destinés à l’industrie agroalimentaire.