EXCLU WEB / Alternatives Végétales : Un marché de niche prometteur ?

Le marché des alternatives végétales aux protéines animales est promis à un bel avenir. Reste encore quelques freins à son développement comme le prix de ces produits encore élevé, leur texture et leur goût.

EXCLU WEB / Alternatives Végétales : Un marché de niche prometteur ?

Après avoir enregistré une croissance à deux chiffres, les alternatives végétales aux protéines animales ont marqué un coup de frein en 2021. Le marché n’a progressé que de 3,4 %, à cause d’une érosion des ventes des boissons végétales essentiellement, les produits ultra frais et traiteurs végétaux restant, quant à eux, sur une dynamique de croissance. Néanmoins les alternatives végétales aux protéines animales ne représentent encore que 0,5 % du chiffre d’affaires alimentaire de la grande distribution, soit 502 millions d’euros l’an dernier.

Il n’en reste pas moins que le créneau suscite un intérêt croissant des grandes entreprises de l’agroalimentaire. Ainsi, Tereos qui extraie depuis longtemps des protéines du blé pour l’alimentation animale s’intéresse désormais à l’alimentation humaine. La coopérative investit dans une nouvelle unité d’extraction de protéines du blé qui vise la restauration hors foyer et le marché des États-Unis plus réceptifs aux produits exclusivement végétaux. « La protéine qui était le coproduit de l’extraction de l’amidon, devient le produit principal », a observé Anne Wagner, directrice de recherche et développement chez Tereos, lors d’un débat organisé par l’Association française des journalistes agricoles (Afja), sur l’avenir des alternatives végétales aux protéines animales, le 12 mai à Paris.

Développement durable

Chez Sojaxa, une association qui regroupe plusieurs industriels de l’agroalimentaire, il y a longtemps qu’on a perçu l’intérêt du soja. Certaines entreprises adhérentes, y compris des groupes laitiers, continuent d’investir dans les alternatives végétales aux protéines animales, notamment dans les boissons et desserts végétaux. Le groupe Avril n’est pas en reste. Le leader français de la filière oléagineuse vient de construire une nouvelle usine d’extraction de protéines de colza à Dieppe en Seine-Maritime pour l’alimentation humaine. Son bras financier, Sofiprotéol soutient les entreprises qui investissent dans les protéines végétales. « Avril veut être un leader de la transition agricole et alimentaire, dans une perspective de développement durable de la planète », déclare Paul-Jean Derian, directeur du développement durable et innovation chez Avril. Il est convaincu que les protéines animales issues de la viande ne seront pas en mesure de satisfaire les besoins d’une population mondiale qui continue de croître et dont le niveau de vie s’améliore. « La planète ne peut pas fournir des protéines animales pour deux milliards d’habitants supplémentaires. Les protéines végétales sont le moyen de contribuer à une meilleure alimentation de l’ensemble de l’humanité », souligne-t-il.

L’arbitrage du consommateur 

Et pour Anne Wagner, les protéines végétales issues des légumineuses présentent un autre avantage. Du point de vue agricole, elles sont intéressantes dans la rotation des cultures et « permettent d’échapper aux contraintes qu’impose la PAC, en matière d’engrais ou de produits phytosanitaires ». Reste la question de d’acceptabilité de ces nouveaux produits par les consommateurs en termes de prix, de texture et de goût. En raison des investissements nécessaires à réaliser et des processus de transformation, ils sont encore plus chers que les produits animaux concurrents. Quant au goût des produits à base de protéines végétales, il n’est pas toujours satisfaisant à moins d’ajouter des arômes de synthèse. À part une frange militante de végans convaincus, voire de flexivégétariens attentifs au sort de la planète, le pari des alternatives végétales n’est pas encore gagné. En attendant ces produits contribuent à enrichir l’offre alimentaire.