SÉCHERESSE
Mesures de crise en Pyrénées-Orientales

Depuis le 10 mai, une grande partie du département des Pyrénées-Orientales est placée en situation de crise en raison de la sécheresse historique qui le frappe. De nombreuses interdictions de prélèvements, y compris agricoles, courent jusqu’au 13 juin.

Mesures de crise en Pyrénées-Orientales
La plus grande partie des Pyrénées-Orientales est classée en situation de crise. Il a plu un peu moins de 180 mm depuis septembre, alors qu’il aurait dû pleuvoir plus de de 450 mm. ©FDSEA66

La préfecture des Pyrénées-Orientales a annoncé, le 9 mai, le passage de la plus grande partie du département en situation de « crise », le plus haut niveau d’alerte, en raison de la sécheresse historique frappant ce territoire qui s’étend des Pyrénées à la côte méditerranéenne. Selon Hichem Tachrift, hydrogéologue au syndicat mixte des nappes de la plaine du Roussillon, la situation y est tout à fait inédite. « Il a plu un peu moins de 180 mm depuis septembre, alors qu’il aurait dû pleuvoir plus de de 450 mm. Ça se traduit par des niveaux historiquement bas pour les eaux souterraines et des débits extrêmement faibles pour les cours d’eau ». À l’issue de la réunion d’une cellule de crise rassemblant les services de l’État, les élus locaux, les pompiers et les forces de l’ordre, le préfet a annoncé des contrôles et des sanctions pour les particuliers et les entreprises qui dérogeront aux mesures d’économie d’eau « Des amendes pouvant aller jusqu’à 1 500 euros pour les particuliers, 7 500 euros pour les entreprises, sanctionneront les fraudeurs », a précisé le procureur de la République.

Une décision inéluctable 

Dans un communiqué de presse, la préfecture des Pyrénées-Orientales met l’accent sur un « juste partage de l’effort entre tous les usages : agriculture, autres activités économiques, vie quotidienne, débits dans les rivières » et « un effort collectif ». Les prélèvements non prioritaires, y compris à des fins agricoles, sont interdits. La préfecture souligne que la décision était « inéluctable ». Ordonnées pour l’heure jusqu’au 13 juin, les restrictions concernent les bassins versants de l’Agly et de la Têt, les deux principaux fleuves du Roussillon, où se concentre l’activité agricole, ainsi que les nappes des Aspres, une zone montagneuse, et la côte méditerranéenne, où se situent les stations balnéaires d’Argelès-sur-mer, Collioure ou Canet-en-Roussillon. Le département des Pyrénées-Orientales est le premier de France à passer presque entièrement en niveau « crise ». Avant cela, des territoires situés dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Var avaient été placés en alerte maximale ces dernières semaines. En tout, neuf départements sont concernés par une « alerte renforcée ». En visite le 6 mai dans les Pyrénées-Orientales, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a promis aux agriculteurs qu’ils seraient indemnisés dans un délai plus rapide qu’habituellement des pertes subies à cause de la sécheresse exceptionnelle qui frappe le département. « On couvrira la perte de récoltes ou la perte de fonds », a déclaré le ministre. « Il faut qu’on accélère le dispositif » pour que les indemnisations puissent être touchées plus rapidement que d’habitude, a-t-il ajouté. « On ne peut pas payer les agriculteurs en avril 2024. C’est une situation de crise comme la Covid. »

Débit agricole minimal 

Concernant la trésorerie des exploitations, les agriculteurs concernés par la sécheresse bénéficieront du « dégrèvement d’office de taxe sur le foncier non bâti » et d’un « report de cotisations sociales », a précisé le ministère. Par ailleurs, le ministre a précisé que de possibles restrictions d’irrigation ne pénaliseront pas les éventuels bénéficiaires de l’indemnisation dite de solidarité nationale (ISN), issue de la réforme de la gestion des risques. Le ministre a également « indiqué l’importance de prévoir un débit agricole minimal, à savoir le maintien d’un apport en eau qui permette de sauvegarder l’activité agricole sur le territoire et donc d’assurer notre souveraineté alimentaire ». Il souhaite ainsi permettre « la survie de la plante » et éviter « une perte pour l’exploitant sur plusieurs années ». 

J.J avec l’AFP