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Néonicotinoïdes : Agriodor veut les remplacer par des parfums

Spécialisée dans les solutions de biocontrôles à partir de substances odorantes, l’entreprise française Agriodor vient d’annoncer une levée de fonds de 5 M€ pour développer notamment une alternative aux néonicotinoïdes. Horizon : 2023.

Néonicotinoïdes : Agriodor veut les remplacer par des parfums
L’entreprise Agriodor développe des solutions de biocontrôle composées de substances odorantes qui modifient le comportement des insectes ravageurs et permettent de réduire les dégâts causés sur les cultures. ©Agriodor

La jeune entreprise française Agriodor vient d’annoncer la clôture d’un tour de table de 5 millions d’euros (M€) mené auprès des institutions financières Capagro, Cap Horn, BNP Paribas développement, Swen Capital Partners et Breizh Up. Depuis 2019, l’entreprise rennaise développe des solutions de biocontrôle composées de substances odorantes – les kairomones (attractifs) et les allomones (répulsifs) – qui modifient le comportement des insectes ravageurs et permettent de réduire les dégâts causés sur les cultures. « Pour développer nos parfums, nous nous inspirons des relations naturelles entre les plantes et les insectes. L’olfaction est un sens très développé chez les insectes et les odeurs des plantes constituent des signaux essentiels dans leur cycle de vie. » Et d’ajouter que « dans un monde d’odeurs », les médiateurs chimiques constituent donc « une piste très prometteuse pour apporter des réponses efficaces aux agriculteurs dans la lutte contre les ravageurs ».

Une solution aux résultats avancés

Après avoir fait la preuve du concept de sa technologie sur la bruche de la féverole et des lentilles, l’entreprise souhaite notamment s’attaquer à deux cultures « majeures en Europe » avec cette levée de fonds : le colza et la betterave. La solution dont les résultats sont déjà « avancés » concerne les pucerons verts de la betterave sucrière. Depuis 2021, Agriodor est impliquée dans le Plan national de recherche et innovation (PNRI) mené par l’ITB (Institut technique de la betterave) et l’Inrae visant à trouver des solutions de remplacement aux néonicotinoïdes. Pour rappel, l’Union européenne avait interdit en 2018 l’usage de trois néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride), accusés d’accélérer le déclin massif des colonies d’abeilles. Dans un arrêt rendu le 19 janvier 2023, la Cour de justice de l’Union européenne a rappelé l’interdiction pour les États membres d’accorder des dérogations pour l’utilisation d’insecticides néonicotinoïdes « expressément interdites » au niveau européen. Afin de « contribuer à la sécurisation de la filière betterave en Europe », Agriodor développe un parfum perturbant l’installation des pucerons, diminuant « la dissémination des viroses et leurs dégâts sur la culture ». Cette solution devrait être finalisée en 2023, et sera déployable en Europe (où est cultivé 1,5 M ha de betteraves sucrières), selon l’entreprise rennaise. « Au-delà du puceron vert, la technologie Agriodor a un large rayon d’action et peut être utilisée sur toutes les cultures et toutes les familles d’insectes ravageurs », précise l’entreprise rennaise qui rêve déjà d’un « déploiement mondial ».

J.J

Après avoir fait la preuve du concept de sa technologie sur la bruche de la féverole et des lentilles, l’entreprise souhaite notamment s’attaquer au colza et à la betterave. ©Agriodor