Circuits courts et Covid-19
Accélérateur de nouvelles pratiques ?

Françoise Thomas
-

Certes la fin du confinement est aussi souvent synonyme de baisse des ventes pour tout ce qui est circuits courts et ventes directes. Pourtant le Covid-19 pourrait aussi se révéler un bon accélérateur au niveau des projets des collectivités et des nouvelles habitudes de consommation et de travail.

Accélérateur de nouvelles pratiques ?

La période de confinement aura eu du bon : celui de faire connaitre auprès de très nombreux consommateurs le principe et les avantages des circuits courts et de la vente directe des producteurs locaux. « Pour beaucoup cela a même été l’occasion de rencontrer pour la première fois leur voisin agriculteur », souligne Clotilde Lacoste de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire.
Une étude montre ainsi que le niveau de vente directe est plus élevé en juin 2020 que ce qu’il était en juin 2019. Mais il y a aussi de la « déception »… car les consommateurs ont aussi retrouvé le chemin des distributeurs alimentaires habituels. Déception d’autant plus forte que la réactivité dont les producteurs ont fait preuve a nécessité « une grande surcharge de travail, pour réorganiser parfois entièrement la logistique, pour mettre en place des livraisons, un système de drive ou de vente sur place ». Cette période avait donc suscité « beaucoup d’espoir pour les agriculteurs, avec la mise en place aussi de nouveaux débouchés, mais beaucoup constatent une baisse du volume des ventes » depuis la phase déconfinement…

Mouvement de fond

Malgré tout quelques consommateurs resteront fidèles, car comme le fait remarquer Clotilde Lacoste, « les projets des collectivités le confirment : il y a un mouvement de fond vers la relocalisation de la consommation, vers une recherche de plue-value locale et de durabilité ». Ainsi cette crise sanitaire devrait ainsi se révéler comme un formidable accélérateur.
L’automne devrait être « une période intéressante où nous serons dans la reprise », permettant d’y voir un peu plus clair sur tout ce qu’aura finalement engendré le Covid-19.
« Les nouvelles équipes des communautés de communes seront en place et commenceront à réfléchir à leurs différents projets », estime Clotilde Lacoste, notamment « tous ces projets liés à des structurations alimentaires de proximité ». Avec dans cette dynamique les projets alimentaires de territoire. Ces PAT font déjà l’objet de premières réunions regroupant les différents secteurs du département travaillant dessus pour faciliter les partages d’expériences. Si ces projets étaient dans les tuyaux avant même le coronavirus, celui-ci n’a pu que démontrer leurs intérêts ! Le Département de Saône-et-Loire a par exemple voté - dans son plan Environnement - l'objectif de 65 % de produits locaux d'ici 2024 pour ses restaurants collectifs (collèges, Ehpad...), via l'amplification (BtoA) de la plateforme web Agrilocal.

Mutualisation

Ce qu’il faut aussi retenir de la crise « c’est que cela a incité et développé la coopération entre agriculteurs ». Il y a ainsi de nombreux exemples « de mutualisation d’espace de ventes ou de moyen de livraison ». Le moyen terme permettra de savoir ce qui va perdurer, mais le principe est intéressant.
Et les leçons à en tirer concernent tous les partenaires du secteur agricole « pour accompagner les agriculteurs notamment sur les questions logistiques pour alléger leur temps de travail ».
Si la deuxième vague de crise sanitaire, tant redoutée par certains, n’a finalement pas lieu, l’automne devrait ainsi être l’occasion de véritablement initier le monde d’après.